Vers la lumière【KiriKami】

3. Main tendue

Chapitre 3 : Main tendue
Publication : 29/10/2024
Nombre de mots : 2002
Lemon : ❌

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Pdv Denki

Après avoir papillonné des yeux pendant quelques secondes, je me réveille lentement, enveloppé dans une chaleur réconfortante. Il me faut un instant pour réaliser où je suis. Les draps sont doux et propres, un luxe que je n'ai pas connu depuis bien trop longtemps. Pendant quelques secondes, je suis désorienté, oubliant que j'ai passé la nuit chez Eijiro, mon ancien ami de collège.

Le souvenir de la veille me revient progressivement : le revoir hier soir, le coiffeur, le repas au fast-food, et enfin, la douche agréable. Tout cela me semble presque irréel, comme si j'avais rêvé de ces moments de répit au milieu de mon cauchemar quotidien. C'est si étrange de ressentir tout ça à nouveau, logé, nourri et blanchi. J'ai l'impression de vivre dans la richesse.

Je ne peux m'empêcher de ressentir une profonde gratitude envers lui. Il m'a trouvé dans un état horrible, tellement horrible que personne n'ose me regarder dans la rue. On me passait souvent des pièces mais elles ne valaient même pas le prix d'une sucette. Et pourtant, il n'a pas hésité une seconde à m'aider en me voyant. À l'époque, nous étions juste deux adolescents sans souci, partageant des rêves et des rires. Jamais je n'aurais imaginé que l'un de nous se retrouverait dans une telle situation. Encore moins que ce soit moi.

Eijiro a toujours été quelqu'un de généreux et de loyal, mais voir ces qualités se manifester si puissamment après toutes ces années est bouleversant. Il aurait pu m'ignorer, me tourner le dos comme tant d'autres l'ont fait, mais au lieu de cela, il m'a offert sa main, sa maison, et surtout, son amitié renouvelée. Je n'ai jamais été aussi heureux de voir quelqu'un que je connaissais. D'habitude quand je les vois, j'essaye de me cacher un maximum, mais là j'ai été pris au dépourvu. Et heureusement d'ailleurs. Mais je ne peux pas m'empêcher de me sentir mal. L'idée que quelqu'un dépense autant d'argent pour moi...

Tandis que je reste allongé, savourant encore quelques instants la sécurité et la douceur des couvertures, je me permets de penser que peut-être, avec l'aide de personnes comme Eijiro, je pourrais vraiment m'en sortir. C'est un petit pas, mais chaque petit pas compte. Pour la première fois depuis longtemps, je me sens moins seul, moins accablé par le poids de mon existence. Je croyais que ça pouvait être la fin pour moi, que j'allais mourir de faim. Ou que si ce n'est pas la famine qui m'emporte, ça allait être le froid.

Je finis par me lever, hésitant un moment devant le miroir. J'ai vraiment meilleure mine contrairement à hier. Mes cernes sont moins grands, mes cheveux sont propres et courts, je me sens bien grâce au gel douche qui me donne une bonne odeur. C'est comme si je vivais de nouveau. Mais je suis toujours aussi mince. La peau sur les os. Et je déteste mon corps qui est si laid.

En sortant de la chambre, je suis attiré par l'odeur alléchante de nourriture. Je me dirige vers la cuisine, où je trouve Eijiro en train de préparer le petit-déjeuner. Il est debout devant la cuisinière, concentré sur ce qu'il fait. Il se retourne en entendant le plancher grincer et me sourit chaleureusement. Je ne peux m'empêcher de sourire timidement, le rouge me montant aux joues.

– Salut Denki. Bien dormi ?

Je hoche la tête, encore un peu gêné par cette situation inhabituelle. J'observe sa tenue et il est habillé décontracté. Sa veste en jean est longue, son t-shirt blanc a l'air confortable et il a un pantalon noir à trou avec des chaînes.

– Oui très bien. Merci pour tout encore une fois. Je ne sais pas comment te remercier...

– Tu n'as pas à me remercier. Dit-il en agitant une main, l'autre tenant la poêle où le bacon et les œufs cuisent. Je suis content de pouvoir t'aider. Assieds toi, le petit-déjeuner est presque prêt.