Vers la lumière【KiriKami】

5. Etranges sentiments

Chapitre 5 : Etranges sentiments
Publication : 12/11/2024
Nombre de mots : 1438
Lemon : ❌

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Pdv Eijiro

Aujourd'hui, on revient tout juste du centre commercial après avoir passé la matinée à acheter des vêtements pour Denki. Alors qu'on marche vers la voiture, les sacs à la main, je ne peux m'empêcher de remarquer l'expression de Denki. Il semble à la fois épuisé et content, un sourire timide flottant sur ses lèvres.

En entrant dans le centre commercial, j'ai vu ses yeux s'illuminer à chaque rayon qu'on traversait. Au début, il était hésitant, touchant les tissus avec une prudence presque timide, comme s'il avait peur de se donner le droit de se faire plaisir. Mais à mesure qu'on choisissait ensemble des vêtements, il a commencé à se détendre. Ses sourcils se sont légèrement froncés de concentration quand il trouvait quelque chose qu'il aimait, et il ne pouvait s'empêcher de faire quelques tours dans les cabines d'essayage.

Quand on a quitté le magasin avec les sacs, il semblait plus léger, ses épaules un peu moins tendues. Je l'ai observé ajuster les sacs à ses mains, débordé d'avoir autant d'affaires à tenir. Il avait l'air en galère et je l'ai aidé en lui en prenant quelques uns, bien que moi aussi j'étais chargé. Parce que oui, j'ai décidé de refaire ma garde robe sur un coup de tête. À chaque fois que je jetais un coup d'œil vers lui, je voyais ses yeux briller. Il a également montré un certain soulagement, son visage étant marqué par une expression plus détendue qu'au début de la journée. Ses mouvements étaient plus fluides et assurés, une différence nette par rapport à l'hésitation que j'avais remarquée au début.

Il jetait des coups d'œil rapides aux sacs en marchant, parfois en touchant délicatement le tissu des vêtements qui dépassaient. Il était heureux d'avoir pris ces décisions pour lui-même, et je pouvais lire dans ses gestes une certaine fierté d'avoir pu en choisir comme il veut.

Avant notre sortie au centre commercial, j'avais eu une étrange réaction en voyant Denki porter l'une de mes anciennes vestes. Ce n'était pas la première fois qu'il enfilait des vêtements qui avaient été à moi, mais cette fois-ci, quelque chose m'a particulièrement marqué. Parce que c'était un haut que je portais au collège. En le voyant avec, un morceau de tissu simple mais confortable que je lui avais donné pour qu'il se sente à l'aise, j'ai ressenti un mélange d'émotions surprenantes. Il y avait une forme de plaisir dans le fait de le voir porter quelque chose qui m'appartenait autrefois.

Et étrangement, j'ai senti mon cœur battre à toute vitesse, il se compressait aussi sur lui-même et je ne saurais dire si c'était agréable ou inconfortable. C'était si bizarre, je n'avais jamais senti ça en voyant quelqu'un porter mes affaires. Pourtant c'est tellement banal. En le voyant ainsi, je me demande pourquoi ces sensations reviennent si intensément. Il est évident que j'éprouve quelque chose de plus complexe que seulement de l'amitié. Les émotions qui surgissent en moi ne se limitent pas à la nostalgie. Elles sont d'une profondeur qui vont bien au-delà de ce que je m'étais imaginé.

Je me rappelle que j'avais eu une petite amourette pour lui au collège, une attraction passagère que j'avais considéré comme un caprice de jeunesse. Je veux dire... qui ne tombe pas amoureux de la personne avec qui tu passes le plus de temps ? Mais ce n'était qu'une phase parce qu'après qu'il ait changé d'établissement, ça ne m'avait fait ni chaud ni froid. Enfin, je crois...

Pourtant, en regardant Denki dans mes vêtements, et en observant la joie et la satisfaction qu'il dégage, je ressens quelque chose de plus profond que ce que j'avais senti en 3ème. Un sentiment de bien-être, de chaleur intense que je n'avais jamais anticipé jusqu'à maintenant. C'est vrai quoi, je me suis toujours dit que l'amour ça serait fini pour moi depuis mon ex. Mais peut-être que je ressens juste une certaine empathie ? Ou un mélange d'émotions à cause de ces derniers événements ?

Je continue à me répéter que tout cela n'est qu'une réaction à notre réconciliation, que c'est le simple fait de retrouver une vieille amitié, et même un ancien béguin, qui provoque ces émotions. Mais au fond, je sais qu'il y a quelque chose de plus significatif, une part de moi qui ne veut pas accepter que les sentiments du passé puissent encore être vivants et pertinents aujourd'hui.

Le problème est que maintenant je me retrouve à essayer de comprendre comment et pourquoi je suis enfermé dans ce tourbillon émotionnel. Tout en sachant évidemment qu'une partie de moi se questionne quand même. Est-ce que ces sentiments se sont réellement éteints ou s'ils n'étaient qu'en simple sommeil profond ?

En observant Denki s'occuper de ses nouveaux vêtements et s'installer confortablement, une question persistante me traverse l'esprit : est-ce que ces sentiments que je ressens sont réellement aussi résolus que je veux le croire ? Je ressens un mélange d'affection, de tendresse et même de désir qui va au-delà d'une simple amitié.

Néanmoins, je n'ai pas l'intention de parler de ces émotions à Denki. La peur de le faire fuir, de compliquer davantage notre relation ou de mettre en péril la stabilité que nous avons reconstruite ensemble, est trop grande. Je préfère garder ces sentiments pour moi, ne pas les exposer et ne pas risquer de gâcher la belle amitié que nous avons retrouvée. Je ne veux pas non plus qu'il se retrouve encore dans une situation comme il était à cause de mes doutes et de mon incapacité à me comprendre moi-même. Je dois m'efforcer à maintenir une façade normale, amicale, et complice envers lui.

Sauf que plus les jours avancent maintenant, plus ça devient horrible d'enfouir tout en moi. Mes sentiments pour lui deviennent de plus en plus difficiles à gérer. J'en fais carrément n'importe quoi. Mon comportement devient étrange à ses yeux. Par exemple, en faisant la cuisine, j'étais beaucoup trop occupé à regarder ses mains, à les imaginer si douces, posées sur mon visage, alors qu'il était juste en train de casser des œufs. Et j'ai laissé brûler la viande ! Heureusement que je m'en suis rendu compte dès que l'odeur m'a paru anormale. Ou alors, quand il m'a appelé car il avait oublié une serviette après être allé se doucher, j'ai fixé son torse qui dépassait du rideau de douche pendant genre... Cinq minutes !? Il a même crû que j'avais de la fièvre et que j'hallucinais.

Ça devient de plus en plus insurmontable et je peine à croire que mes sentiments amoureux sont bien réels.

Denki, de son côté, semble être de plus en plus conscient de cette étrange atmosphère. Ses regards inquiets et ses silences prolongés deviennent plus fréquents, et il me semble qu'il capte cette nervosité que j'essaie de cacher. Je le soupçonne même parfois de me taquiner justement pour provoquer ces réactions que je ne contrôle pas. Comme l'autre jour où il est sorti avec juste une serviette autour de ses hanches, qu'il est venu derrière le canapé pour enrouler ses bras autour de mes épaules et me demander ce que je faisais. À ce moment-là, j'ai tellement rougit que même mes cheveux ont l'air moins rouge à côté.

Maintenant il se comporte de manière plus réservée, c'est comme si on était retourné à la case départ. Deux personnes presque inconnues qui habitent ensemble. Je le surprends par moment à me jeter des regards inquiets, pensifs ou silencieux. Il réfléchit souvent aussi. J'ai l'impression que cette étape va ruiner notre amitié. Et franchement j'espère pas.

Un soir, on a passé encore une bonne heure à jouer à un nouveau jeu que j'ai acheté. Encore une fois j'ai fait le boulet. Quand il m'a tendu la manette pour me la donner, effleurer ses doigts m'a fait tellement paniquer que je l'ai fait tomber. Heureusement qu'elle n'a rien de cassé sinon j'aurais dû en racheter une. Mais il m'a regardé avec un air étrange, en haussant un sourcil et les épaules. Finalement, il brise le silence après que j'éteins la télé.

Son regard est plus sérieux que d'habitude, plus dur, et ça me fait légèrement peur. Ça me fait comprendre qu'il a quelque chose d'important à me dire, mais c'est de la colère qu'il ressent ? Je pense qu'il a compris que je l'évite ces derniers jours. La tension entre nous atteint un point où il ne peut plus rester silencieux. Son désir de parler sérieusement se fait sentir, et je sais que nous ne pourrons pas éviter cette conversation plus longtemps. Le poids de la situation devient trop lourd pour qu'il puisse continuer à l'ignorer, et il est clair qu'il est prêt à aborder ce sujet de manière directe.

~ 𝙰 𝚜𝚞𝚒𝚟𝚛𝚎 ~