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La première fois que j'ai ressenti le besoin d'écrire, c'était parce que j'avais l'impression que personne ne me comprenait vraiment. Cette sensation d'incompréhension a commencé à me peser de plus en plus au fil du temps. Peut-être que je n'étais pas assez ouverte aux autres, peut-être que je n'étais pas assez claire dans mes paroles ou mes actions, mais le fait est que je me sentais isolée, seule avec mes pensées et mes émotions.

Je me souviens d'un jour précis, un après-midi gris et pluvieux. J'étais assise dans ma chambre, regardant par la fenêtre les gouttes de pluie qui ruisselaient sur les vitres. Cette scène, bien que banale, résonnait en moi comme un reflet de mon état intérieur. Les gouttes de pluie me semblaient être des larmes invisibles, des larmes que je ne pouvais pas verser parce que je ne savais pas vraiment pourquoi je me sentais si triste et incomprise.

À ce moment-là, j'ai pris un vieux carnet qui traînait sur mon bureau et j'ai commencé à écrire. Les premiers mots étaient hésitants, maladroits. Je ne savais pas vraiment par où commencer ni ce que je voulais dire. Mais au fur et à mesure que les mots s'alignaient sur le papier, je sentais une sorte de soulagement, une libération. C'était comme si en écrivant, je pouvais enfin donner une forme et une voix à tout ce qui bouillonnait en moi.

Cette habitude d'écrire est devenue une partie intégrante de ma vie. À chaque fois que je me sentais perdue, incomprise ou simplement débordée par mes émotions, je me tournais vers mon carnet. C'était mon refuge, mon espace de liberté où je pouvais être entièrement moi-même sans avoir à craindre le jugement des autres.

Mais au-delà de ce besoin de m'exprimer, il y avait une question qui me hantait : étais-je une bonne personne ? Cette question m'accompagnait partout, comme une ombre inséparable. Je me demandais constamment si j'étais la cause des distances avec ma famille. Pourquoi est-ce que je ne me sentais jamais vraiment proche d'eux ? Était-ce ma faute ? Avais-je fait quelque chose de mal ?

Les relations avec ma famille étaient compliquées. Il y avait des moments de tendresse, des éclats de rires partagés, mais aussi des silences lourds, des incompréhensions et des disputes. Ces tensions me laissaient souvent avec un sentiment de culpabilité. Je me demandais si j'avais dit quelque chose de blessant sans m'en rendre compte, ou si mon comportement avait contribué à créer ces distances.

Cependant, malgré tous mes efforts pour comprendre et améliorer la situation, je n'ai jamais vraiment obtenu de réponses claires. Peut-être parce que je n'avais pas envie de découvrir la vérité. La vérité peut être douloureuse et je n'étais pas sûre de pouvoir l'affronter. Savoir ce que les autres ressentent réellement à mon égard, ce qu'ils pensent de moi, pourrait être trop difficile à accepter. Il y a une part de moi qui préfère l'incertitude à la douleur de savoir que je pourrais être mal perçue ou que j'ai causé de la peine sans le vouloir. Peut-être que, quelque part, je sais déjà qu'ils ne me comprendront pas, qu'ils ne saisiront pas la complexité de mes sentiments et de mes pensées. Est-ce de la lâcheté ? Je ne sais pas.

Cette introspection, ce besoin de comprendre les origines de mes sentiments et de mes relations, m'a toujours accompagnée. Écrire est devenu pour moi un moyen de tracer ce chemin, de démêler les fils de mon histoire personnelle. À travers mes mots, je tente de trouver un sens, de comprendre les événements qui ont façonné ma vie et mes interactions avec les autres.

Les premiers temps, je me sentais souvent submergée par un flot de pensées confuses. Les mots se bousculaient dans ma tête et il était difficile de les ordonner. Mais avec le temps, j'ai appris à structurer mes idées, à poser mes émotions de manière plus claire. L'écriture est devenue une sorte de thérapie, un moyen de mettre de l'ordre dans le chaos intérieur. Chaque phrase écrite, chaque paragraphe complété, me donnait un sentiment de contrôle, comme si en écrivant, je pouvais apprivoiser mes démons intérieurs.

Au fil des pages, j'ai commencé à explorer des souvenirs enfouis, des moments de ma vie que j'avais presque oubliés. Les bons comme les mauvais. Les souvenirs d'enfance, les premières amitiés, les déceptions, les joies simples. Ces souvenirs, souvent accompagnés d'émotions fortes, ont trouvé leur place dans mon journal. Chaque ligne écrite était une façon de me reconnecter avec mon passé, de comprendre comment ces expériences avaient façonné la personne que je suis aujourd'hui.

Une des questions qui revenaient souvent dans mon journal était celle de la compréhension. Pourquoi est-ce que je me sentais si incomprise ? Pourquoi est-ce que les autres ne semblaient pas saisir ce que je ressentais vraiment ? J'ai longtemps cherché à trouver une explication. Peut-être que je n'étais pas assez claire dans mes expressions, peut-être que je gardais trop de choses pour moi. Mais au fond, je savais que ce n'était pas seulement de ma faute. Les relations humaines sont complexes et il est parfois difficile de vraiment comprendre quelqu'un, même quand on s'efforce de le faire.

En écrivant, j'ai découvert que c'était souvent moi-même que je ne comprenais pas. Les pages de mon journal sont devenues un miroir, reflétant mes pensées et mes émotions avec une clarté que je n'avais jamais connue auparavant. J'ai commencé à voir mes propres contradictions, mes peurs cachées, mes désirs inavoués. C'était à la fois effrayant et libérateur. Effrayant parce que cela me confrontait à des aspects de moi-même que je préférais ignorer. Libérateur parce que cela me permettait de mieux me connaître et, par conséquent, de mieux comprendre mes relations avec les autres.

Un autre aspect important de mon écriture était l'exploration des distances avec ma famille. Ces distances, bien que parfois subtiles, étaient toujours présentes. Elles se manifestaient dans les silences prolongés, les conversations superficielles, les moments où l'on se parlait sans vraiment communiquer. Ces distances m'ont souvent fait douter de moi-même. Est-ce que j'étais trop différente d'eux ? Est-ce que j'attendais trop de notre relation ?

Au fur et à mesure que j'écrivais, j'ai commencé à comprendre que ces distances n'étaient pas uniquement de mon fait. Elles étaient le résultat de nombreuses années de malentendus, de non-dits, de blessures non guéries. Chaque membre de ma famille avait ses propres luttes, ses propres démons à affronter. Nous étions tous, à notre manière, des individus essayant de naviguer dans le labyrinthe des relations familiales.

Malgré cette compréhension, il restait une part de moi qui se demandait si je n'étais pas la cause principale de ces distances. Cette question, bien qu'elle me tourmente, me pousse aussi à chercher des réponses, à comprendre les dynamiques familiales avec plus de profondeur. Peut-être que je ne trouverai jamais toutes les réponses, mais l'acte d'écrire m'aide à apaiser cette quête incessante.

Au-delà de ces réflexions personnelles, mon journal est aussi devenu un espace où je peux rêver, imaginer et créer. Il n'est pas seulement le reflet de mes pensées et de mes émotions, mais aussi un terrain de jeu pour mon imagination. J'y écris des histoires, des fragments de fiction qui me permettent d'explorer des mondes nouveaux, de m'évader de la réalité. Ces moments d'écriture créative sont précieux pour moi. Ils me rappellent que, malgré les défis et les difficultés, il y a toujours de la beauté et de la magie à trouver dans les mots.

Avec le temps, mon journal est devenu bien plus qu'un simple recueil de pensées. C'est un compagnon fidèle, un confident silencieux. Il est le témoin de mon voyage intérieur, de mes luttes, de mes découvertes et de mes rêves. Il me rappelle que, même si personne ne me comprend parfaitement, je peux toujours me comprendre moi-même.

Et c'est peut-être là la plus grande leçon que j'ai apprise en écrivant : la compréhension commence par soi-même. En apprenant à me connaître, à accepter mes imperfections et à embrasser mes émotions, je peux mieux comprendre les autres et améliorer mes relations. Mon journal est un outil précieux dans cette quête de connaissance de soi. Il est le reflet de mon âme, un miroir où je peux voir mon véritable visage.

Ainsi, chaque page que j'écris est une tentative de comprendre, d'accepter et de grandir. Peut-être que je ne partagerai jamais ces pensées avec ceux qui m'entourent. Mais en écrivant, je trouve une forme de liberté et de réconfort. Mon journal est le témoin de mon voyage intérieur, de mes luttes et de mes découvertes, et il me rappelle que, même si personne ne me comprend parfaitement, je peux toujours me comprendre moi-même.

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