Chapitre 1

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Merde, les clés. Merde le badge.

Cette fois, c'est vraiment la fin.


Il est précisément 8 heures 32 minutes et 54 secondes. 

Celle qui deviendra moi s'est levée tel un gracieux sanglier bourré il y a précisément 9 minutes (et 26 secondes) d'un lit bien trop douillet pour son propre bien. Du fait de l'intervalle de temps restreint entre la position dodo et la réalisation paniquée que mon traître de téléphone n'a pas daigné me réveiller un jour de partiel, j'ai enchaîné une morning routine par pur réflexe en sautant toutes les étapes que mon cerveau considérait alors comme dispensables.


Se faire confiance et croire en son instinct, c'est bien, mais une fois la porte de ma charmante boîte-à-étudiante-fauchée-louée-plein-pot-comme-appart claquée, force est de constater que le brouillard cérébral du matin avait peut être légèrement entamé mes capacités de réflexion.


Il est -était- bien sûr déjà trop tard.


On dénombrera en particulier l'absence de mes clés (chiant), de mes lunettes (d'hypermétrope) et de mon badge.


Badge ouvrant l'ascenseur.

L'ascenseur qui mène au garage.

Garage où se trouve ma voiture.

Voiture pour aller en cours, je vais m'arrêter dans la suite d'idées, vous avez saisi, moi aussi.


Une tentative d'appel paniquée (+1min22s) à mon propriétaire sans réponse plus tard, je dévale les escaliers en pleine possession de mes moyens lacrymaux quand je manque de m'encastrer dans le miroir du deuxième. Il me rassure quand à une chose : dans la panique du matin, j'ai tout de même pris le temps d'utiliser de l'eye liner waterproof -me permettant de laisser mes émotions me traverser comme dirait ma psy.


Le choix des couleurs de ma tenue, s'il est discutable, ne se démarque pas de mon habituel style "patchwork"ou"dégueuli d'enfant de 6 ans en art plastique" d'après Claudia . Seul bon point, le chaos ambiant semble avoir réussi à ma coupe, car on pourrait presque croire que je me suis coiffée "relâchée" consciemment.


Un rapide snif m'apprend toutefois que je me suis parfumée avec mon déo, mais en termes de gestion de crise, c'est bien le dernier truc qui m'occupe l'esprit à présent.


8h37min00s. L'appli régionale signale que les bus ne passent pas ou plus, vite autre chose.


8h42min23s. Pas de taxi, pas d'uber, pas de RIEN DE RIEN DE RIEN-


Un appel à la colloc d'à côté semble soudain m'offrir une lueur d'espoir, car cette fois-ci, on décroche. Je remonte quatre à quatre les escaliers. La porte s'ouvre. Le vieux de la coloc, Rodrigue, ne semble pas particulièrement réceptif à ma litanie larmoyante, baîlle, mais m'informe cependant qu'une aire de covoit, à 200 mètres de l'arrêt de bus, pourrait peut être me dépanner. Il n'a pas fini de parler que je m'envole vers mon salut, soudainement religieuse, implorant quiconque écoute de m'envoyer de l'aide, et d'invoquer quoique ce soit capable d'avancer sur cette aire salutaire.

Reverse Mafia BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant