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La soirée était vraiment très agréable, la remise des cadeaux avait été faites. Gabriel avait eu un t-shirt plutôt sympa, des livres qu'ils voulaient acheter mais il n'avait jamais eu le temps de se les procurer, mais il reçu aussi quelques décorations pour son appartement. Ça lui suffisait amplement.
Quelques membres de la familles commencèrent à partir, mais Gabriel, lui, continua sa soirée avec ses sœurs, buvant quelques verre de vins. Trop de verres de vins, si bien que Gabriel commença à en ressentir les effets. Sa tête commençait à tourner et son esprit s'embrumer, mais ça ne lui déplaisait pas, il aimait cette sensation qu'il avait depuis longtemps oublié. Il arrivait enfin à se confier sur sa vie en tant qu'homme politique, sur sa vie privée, sur ses craintes et ses angoisses. L'alcool avait été l'unique solution pour qu'il puisse parler, en temps normal, il n'aurait en aucun cas voulu déranger sa famille avec ses problèmes.
Ce soir là était le soir où il avait envie de lâcher tout ce qu'il avait sur le cœur, sa frustration, son travail acharné, son manque de sommeil, et surtout sa rupture qui était encore douloureuse.

« - Il est parti d'un coup. Sans même me laisser une chance de me rattraper, je sais que j'ai fais passer beaucoup de chose avant lui, mais je l'aimais tellement, et je l'aime encore aujourd'hui. »

Sa voix commençait à trembler, il se frotta les yeux afin de ne pas laisser des larmes couler sur ses joues.

« - Il me parlait beaucoup de projets sérieux qu'il voulait réaliser avec moi, mais... Je n'étais pas prêt. J'avais envie de consacrer plus de temps pour lui, mais... Ma carrière, c'est absolument toute ma vie. Je ne peux pas abandonner maintenant, pas pour un homme. »

Sa sœur le regarda attentivement, découvrant une nouvelle facette de son grand frère, il n'avait jamais vraiment été du genre à se dévoiler, même pas à sa famille, pourtant il leur faisait confiance comme personne, mais ce soir là était différent, la pression qu'il ressentait était beaucoup trop grande, être un homme politique lui en demandait beaucoup et il sentait qu'il était en train de perdre le contrôle de lui même. Les messages de Jordan n'arrangeait pas la situation également, il jouait de plus en plus avec ses nerfs, le provocant, le déstabilisant, et il y arrivait parfaitement.

« - Et puis Bardella, je ne sais pas quoi dire de lui, je l'ai rencontré quelques fois, c'est un type gentil mais ses idées ne volent pas haut et puis il m'énerve avec son ton arrogant et son air supérieur. Il a 27 ans et il pense pouvoir prendre le dessus sur moi? Dans ses rêves. »

Sa sœur laisse échapper un léger ricanement avant de boire une gorgée de son verre.

« - Et si tu arrêtais de penser à tout ça Gaby? Tu traverses une période difficile et tu t'infliges d'autres soucis dont tu peux te passer. Ce Bardella, tu n'as qu'à bloquer son numéro. Stéphane tu le met dans un coins de ta tête, il ne doit pas diriger ta vie, si il ne peux pas comprendre le fait que ta carrière soit plus qu'importante à tes yeux, alors c'est que ce n'était pas le bon. Tout simplement. »

Gabriel aurait aimé que ça soit si simple, oublier Stephane n'était pas une mince affaire, sachant qu'ils étaient collègues de travail au sein du même parti politique. Bloquer Jordan Bardella ? Il n'en avait pas envie, car malgré le fait que ses messages l'exaspère au plus haut point, il aimait l'idée que Jordan pense à lui envoyer. Il se confortait dans l'idée que quelqu'un puisse lui envoyer un message à lui, ne concernant pas la politique.

« - C'est trop compliqué pour l'instant, répondit Gabriel. Je n'arriverais pas à le mettre dans un coins de ma tête. »

5 Janvier 2023, Paris, France

De retour à Paris, sous les nuages gris et le froid glacial. Gabriel n'appréciait pas vraiment son retour sur la capitale. Le début d'année était assez calme, le temps que tout le monde revienne de leur vacances, Gabriel en profita pour s'occuper de lui, il essaya de se remettre au sport, de lire le plus possible.
Ce matin là il décida d'aller courir, il aimait courir depuis qu'il était adolescent, il enfila un jogging, une veste ainsi qu'un bonnet, il prit ensuite ses écouteurs et les mit à ses oreilles, il démarra sa musique et sortit de chez lui. Il commença à courir dans les rues de sa commune. Il ne lâcha rien malgré le froid qui lui brûlait le visage.
Au bout de quelques kilomètres, il s'arrêta dans un parc et s'assit sur un banc, beaucoup de jogger venaient courir ici, il les observa durant leur courses et sourit légèrement, il avait gardé une bonne condition physique et il en était ravi.
Un homme assez grand, aux épaules larges et au pas assuré, s'avança près de lui. Gabriel, le nez dans son téléphone n'eut pas le temps de lever les yeux vers cet homme que ce dernier l'interpella.

« - Bonjour, Mr. Attal. »

Sa voix lui glaça le sang, et ses yeux remontèrent machinalement vers la silhouette paraissant gigantesque du jeune homme se tenant devant lui. Pourquoi était-il là à cette heure ci du matin?

« - Mr. Bardella, que me vaut ce plaisir?, demanda Gabriel, retirant ses écouteurs de ses oreilles. »

Jordan esquissa un léger sourire avant de s'assoir auprès de Gabriel.

« - Je passais dans le coin pour affaires, et je me suis dit que passer par le parc serait une bonne idée, et je ne m'étais pas trompé. Je ne savais pas que vous couriez. Vous le faites souvent ?

-Pas vraiment, je viens juste de reprendre, j'y vais tranquillement, répondit Gabriel, légèrement embarrassé par la situation actuelle. Je... Je vais vous laisser aller à votre rendez-vous. »

Jordan ricana légèrement et le regarda, il remarqua les mimiques de son aîné, il savait qu'il était gêné et ça ne lui déplaisait pas.

« - Mon rendez-vous est terminé, je peux vous inviter à boire un café ? Où est-ce trop direct pour vous ? »

Gabriel dégluti difficilement, il n'arrivait pas vraiment à réfléchir sur le coup, et il essayait réellement de comprendre ce qui était en train de se passer.

« - Euh... Oui bien sûr. Seulement... Je ne suis pas vraiment âpreté pour sortir boire un café.

- Si vous voulez nous pouvons le prendre chez vous ? »

Gabriel s'étouffa presque avec sa salive en entendant sa proposition. Quel culot, pensa Gabriel, mais il ne pu s'empêcher de répondre par un hochement de tête.

« - Eh bien, si vous voulez. »

Et voilà que les deux hommes commencèrent à marcher vers la voiture du plus jeune, il n'osait pas vraiment monter, était-ce réellement une bonne idée ? Et si des journalistes les observaient ?

« - Vous montez ?, demanda Jordan, qui avait déjà allumé le contact. »

Gabriel sortit de ses pensées et monta directement à l'intérieur, il lui indiqua le chemin jusqu'à chez lui et Jordan se gara à quelques mètres. L'atmosphère était moins bizarre qu'il imaginait. Mais il restait quand même sur ses gardes, il avait un peu peur de ce qu'il pouvait se passer.
Gabriel sortit de la voiture et attrapa ses clés, il se dirigea vers on immeuble, suivit de Jordan. Il emprunta l'ascenseur et appuya sur le bouton six. Le silence régnait toujours, mais une fois encore ce n'était pas aussi bizarre que ça, une tension se fit sentir entre les deux hommes, mais aucun des deux n'osait briser ce silence. Arrivé au sixième étage, Gabriel se dirigea vers sa porte et la déverrouilla, il entra à l'intérieur et posa ses clés dans le petit pot à l'entrée. Jordan le suivit et regarda autour de lui, retirant son long manteau noir, il le posa sur une chaise et fit le tour du salon.

« - J'aime bien votre décoration, vous avez bon goût. »

Gabriel ne pu empêcher d'afficher un léger sourire, il retira sa veste et se gratta légèrement la tête.

« - Merci. Je vais me changer, j'en ai pour quelques minutes. Vous pouvez vous installer sur le canapé en attendant. »

Jordan hocha la tête et se tourna vers lui avec un sourire au coin de ses lèvres. Il s'approcha de son aîné et lui tapota l'épaule doucement.

« - Et si on se tutoyait, Gabriel? »

Cent FoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant