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La soirée fut très longue pour Gabriel, il dû se forcer à sourire, alors qu'il n'en avait pas envie. Il était ravi de voir sa famille, bien sûr, mais son anxiété prenait le dessus. Ses pensées n'étaient tournées que vers Jordan, les pires scénarios se produisaient dans sa tête, l'humiliation, la honte qu'il pourrait ressentir.
Il ne pensait plus qu'à ça, il ne pensait qu'au pire, et c'est ce qu'il avait fait depuis toujours, depuis qu'il est ado, il souffre, mais il ne dit rien. Il se contente d'arborer un masque devant son entourage, un masque résistant mais qui menace de se briser au fil des années. Il n'était plus aussi résistant, ses épaules commençaient à trembler sous le poids de ses angoisses, ses craintes. Il avait pourtant essayé de se soigner, mais il n'avait pas réussi, les psychologues lui avait dit la même chose, vous travaillez trop monsieur Attal.
C'était là, l'unique raison de son mal être, Gabriel n'y croyait pas, il voulait savoir ce qu'il le terrorisait à ce point. En se pacsant avec Stéphane, il pensait que ça aurait pu arranger la situation, mais pas du tout. Ça n'a fait qu'empirer.

Il ne pu s'empêcher de sortir dans le jardin afin de prendre l'air, de se calmer, de fumer un peu. Une larme coula sur sa joue sans qu'il ne puisse la contrôler. Il l'essuya rapidement et fit les cents pas dans le jardin, ressassant sa journée qui semblait pourtant magique, et qui fut gâchée par ses proposes émotions. Il se détestait, la seule chose à laquelle il pensait était de se punir, mais il ne pouvait pas, pas chez sa mère, pas devant ses sœurs et son frère. Gabriel se devait de rester fort pour eux, après tout il était l'aîné. Il continua de marcher, d'orienter ses pensées vers autre chose, mais rien n'y faisait, il était bloqué, il ne voyait qu'une seule solution: confronter directement Jordan pour faire taire cette angoisse.
Mais que penserait-il, si Gabriel débarquait, lui demandant ce que ce baiser signifiait ? Il aurait sans doute l'air idiot, Jordan se moquerait sûrement de lui, et c'était la dernière chose qu'il souhaitait. Son cerveau resta bloqué sur cette éventuelle solution, il prit quand même de longues minutes de réflexion, afin de ne pas regretter cette décision le lendemain matin.

À la fin de la soirée, lorsque tout les membres de la famille s'en allèrent, Gabriel se dirigea vers sa chambre, il s'allongea sur le lit et fixa le plafond, pendant plusieurs minutes. Lorsqu'il n'entendît plus aucun bruit dans la maison, il se leva, attrapa les clés et une veste avant de sortir discrètement. Il avait besoin de réponses. Il marcha, pendant au moins une demi-heure, ce qu'il lui permit de préparer ce qu'il allait pouvoir bien dire à Jordan.
Arrivé devant la maison qu'il avait connue pour la première quelques heures plus tôt, il s'avança vers la porte et hésita quelques secondes avant de toquer. Il se sentit d'un coup stupide, il était probablement en train de dormir, et lui, il venait le déranger. Il tourna les talons et s'apprêta à partir quand il entendit la porte s'ouvrir derrière lui, il n'osa pas se retourner, il avait honte de s'être présenté à cette heure ci.

« - Gabriel ?, demanda Jordan. »

Gabriel sentit son sang se glacer, il n'avait plus le choix, il devait lui faire face, assumer la raison pour laquelle il était là au beau milieu de la nuit. Il se tourna doucement, regardant l'homme devant lui, vêtu d'un short de pyjama, et d'une veste bleue marine, ce qu'il remarqua, c'est qu'il ne portait rien en dessous de cette veste, ce qui le fit rougir.

« - Qu'est ce que tu fais là à... Deux heure vingt, du matin ?, demanda Jordan en regardant sa montre.

- Je... N'arrivais pas à dormir, répondit Gabriel, trouvant son excuse complètement idiote. »

Jordan fronça légèrement les sourcils mais il laissa échapper un léger ricanement.

« - Ça t'arrive souvent de venir sonner chez les gens quand tu n'arrive pas à dormir ?, ricana une fois de plus Jordan.

- Je suis désolé, c'est complètement idiot d'être venu ici, je ne voulais pas te déranger. Excuse moi. »

Gabriel s'apprêta de nouveau à faire demi-tour avant que la main de Jordan ne se pose sur son poignet, l'obligeant à tourner le regarde vers ce dernier.

« - Aller, entre. Tu trouvera peut-être le sommeil ici. »

Gabriel acquiesça directement et suivi Jordan à l'intérieur, seule la lumière de l'étage était allumée, Jordan prit la main de Gabriel et monta les marches avec lui jusqu'à à sa chambre. Une chambre spacieuse, avec une grande baie-vitrée, donnant sur la mer, le lit était un grand lit, pouvant au moins logé trois à quatre personnes, en face de celui-ci, se trouvait un grand miroir, posé à côté de la commode où reposaient les affaires de Jordan. Gabriel remarqua chaque détails de cette chambre, il s'immisçait peu à peu dans l'intimité de Jordan, et ça ne lui déplaisait pas.
Jordan s'assit sur le lit et regarda Gabriel, avec le même sourire qu'il abordait tout les jours.

« - Alors ? Qu'est ce qui te tracasse au point de venir chez moi à cette heure ci ? »

Gabriel sentit son cœur battre de plus en plus vite, il savait qu'il devait parler, qu'il devait exprimer ce qu'il ressentait, il avait peur, ses mains commencèrent à trembler légèrement. Il soupira et le regarda, essayant de paraître le plus naturel possible.

« - J'ai besoin de réponses, de réponses claires, je t'en pris, Jordan. Cette journée que nous avons passé, que signifie-t-elle pour toi ? Est ce que tu as fait ça dans le but de te moquer de moi, de pouvoir m'humilier, de pouvoir me descendre publiquement ? Dis moi réellement ce que tu cherches ? »

Jordan ne quitta pas Gabriel des yeux, pas une seule seconde, il essaya de rassembler ses esprits dans sa tête, pour pouvoir réponse le plus rapidement possible à Gabriel, mais ce dernier l'avait prit de court. Il se contenta de se lever, il s'approcha de Gabriel, posant ses deux mains sur ses joues avant de poser un baiser délicat sur les lèvres de ce dernier. Il prit ensuite ses mains et sourit légèrement.

« - Pense-tu réellement que je t'aurais suivi jusqu'ici si c'était seulement dans le but de me moquer de toi ? Gabriel, cette journée était plus que merveilleuse, et je n'ai certainement pas envie de gâcher tout ça. Ça fait plusieurs mois que j'en ai envie, j'ai envie de te serrer dans mes bras, j'ai envie de t'embrasser, j'ai envie de te montrer que je ne suis pas comme tu penses que je suis. Tu me vois simplement à travers mon engagement politique, mais je suis aussi un homme avec des sentiments, des désirs. »

Gabriel baissa les yeux, fixant ses pieds, ne voulant plus croiser le regard de Jordan, la honte était bien trop présente pour lui. Il se sentait seul, et Jordan l'avait probablement bien remarqué, c'est pour cela qu'il souhaitait le rassurer, lui assurer que rien de tout cela n'était un jeu. Il ressentait quelque chose de bien plus fort pour Gabriel, et il avait envie de pouvoir l'exprimer à plus de monde. Mais pour l'instant cela semblait impossible.

« - Je suis désolé Jordan...

- Arrête de t'excuser. Tu as le droit de te poser des questions, et c'est tout à fait normal, tu peux avoir peur. Mais je veux que tu saches que rien de tout ça n'est calculé, et... Je ne sais pas comment faire pour te le prouver, mais si ça signifie te rassurer tout les jours, alors je le ferais. »

Gabriel leva finalement les yeux vers lui, il sentit une vague de chaleur remplir son corps entier, les mains de Jordan toujours sur ses joues lui provoquant comme des électrochocs, mais rien n'était désagréable. Il se sentait apaisé et rassuré, Jordan avait trouvé les mots justes.

« - Merci Jordan. Mais qu'est ce que ça fait de nous exactement ?

- Juste deux hommes qui s'apprécient, voir même qui s'apprécient beaucoup, répondit Jordan le sourire aux lèvres. »

Gabriel sourit également et reposa sa tête contre le torse de Jordan, fermant les yeux, se laissant bercer par les battements de son cœur, une mélodie douce et rassurante. Jordan se dirigea vers le lit et s'y allongea, tirant Gabriel avec lui, l'enroulant de ses bras, il n'avait certainement pas besoin de couverture, Jordan l'était, et ce rôle lui convenait parfaitement. Les deux hommes fermèrent les yeux, se laissant doucement guider dans les bras de morphée.

Pour la première fois depuis plusieurs mois, Gabriel parvenait à dormir une nuit complète.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 17 ⏰

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