CHAPITRE 3

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« N'oubliez pas que vous êtes ce que vous êtes et personne ne pourra vous les reprocher » Missky.

Amy

Les semaines ont filé en une grisaille monotone, chaque jour se confondant dans une succession d'heures interminables. Allongée dans mon lit, le monde extérieur me semblait aussi distant que les étoiles. Depuis la dispute avec Caleb, je n'avais pas mis un pied au lycée.

La chambre est vaste, presque démesurée pour moi seule. Les murs blancs et nus accentuent la sensation de vide qui m'enserre. Malgré l'espace, tout semble étriqué et dénué de chaleur, chaque coin de la pièce me renvoyant un écho de ma propre solitude. Les fenêtres sont souvent fermées, laissant entrer à peine les rayons du soleil, et l'obscurité me donne une excuse supplémentaire pour rester recroquevillée sous mes couvertures.

Les mots de Caleb résonnent encore dans ma tête, tranchants et blessant. Comment ai-je pu croire que notre amitié était important pour lui, que sa loyauté était inébranlable ? Ses accusations de malhonnêteté et de duplicité me hantent, répétées en boucle comme une mélodie lugubre. La cruauté de ses paroles a creusé un gouffre dans ma poitrine, un vide que rien ne semble capable de remplir.

Trois semaines maintenant, pendant lesquelles je suis restée cloîtrée dans ma chambre, le silence pesant sur moi comme une couverture oppressante. Mon téléphone n'a cessé de vibrer, chaque notification une piqûre constante de rappels de mes amis, mais je l'ai ignoré. Les appels et les messages s'accumulent, mais je n'ai ni la force ni l'envie de leur accorder la moindre importance.

Chaque jour, je ressens une haine grandissante envers Caleb. La solitude m'envahit, une compagne silencieuse qui m'étreint et me dévore de l'intérieur. Je regarde le plafond de ma chambre, mon esprit tourbillonnant avec des pensées noires et désespérées. Je veux hurler, pleurer, briser quelque chose pour me libérer de ce tourbillon de rage et de désespoir, mais la seule réponse que j'obtiens est le murmure sourd du vent qui s'engouffre sous la porte.

Une légère pression sur la poignée de la porte me fait relever les yeux, et je vois Elijah se glisser dans la chambre. Sa grande silhouette se découpe dans l'ombre qui s'étire derrière lui. Il avance vers le lit et s'y installe avec une aisance tranquille, un contraste frappant avec l'inquiétude qui me serre le cœur.

Je me crispe instantanément, une boule d'anxiété se formant dans mon estomac. Je m'efforce de sourire, une tentative pitoyable de paraître normale alors que mes ongles se sont enfoncés dans ma peau jusqu'au sang sous la couette, un réflexe nerveux que je ne peux pas contrôler. La douleur physique est une distraction bienvenue par rapport à la douleur émotionnelle.

Elijah, avec son regard neutre mais perçant, me fixe. Son sourire, pourtant habituel, semble avoir une touche d'amertume ce soir-là.

— Ma sœur, qu'est-ce qui t'arrive ? Je n'aime pas te voir comme ça, dit-il, sa voix empreinte d'une douceur qui tranche avec l'intensité de son regard.

— Non, je vais bien, mon frère, je réponds, ma voix tremblante malgré moi.

Je me persuade que son attention et sa douceur sont un réconfort bienvenu, même si je sais que c'est la seule constance qui reste dans ma vie dévastée.

Le déni...

— Tu es sûre ? Tu n'as pas quitté ton lit depuis plusieurs semaines, ça m'inquiète, poursuit-il, son ton laissant transparaître une inquiétude que je n'ai pas l'habitude de voir chez lui.

— Je vais bien, ne t'inquiète pas, je lui assure.

L'atmosphère se charge de quelque chose d'indéfinissable, une menace sous-jacente que je commence à redouter.

EMPTY DOLLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant