Deux types

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Il existait toujours deux types de personnes. Les personnes honnêtes et malhonnêtes, les personnes bienveillantes et malveillantes, les personnes extraverties et introverties, les personnes grandes gueules et les timides. C'était un équilibre de vie, que certains dépassaient en étant l'équilibre même des deux extrémités. Pourtant, il y avait deux types de personnes entre lesquelles l'équilibre à trouver était très juste, voire impossible.

L'équilibre de la souffrance.

L'équilibre entre ceux qui se jetaient sur la scène avec leur souffrance, et ceux dont on ne remarquait pas les larmes.

Le premier cas était un cas que l'on trouvait détestable à la longue, lorsque l'on comprenait vraiment ce qu'il signifiait. "Je vais me suicider !", une grande parole, criée à un endroit que plusieurs personnes peuvent voir, peuvent entendre. Alors tout le monde accourt "non ne fais pas ça, ne fais pas ça !". Mais la personne continuait de prononcer son suicide. Alors on s'en occupait tous. Le plus ironique ? Cette personne ne se suicide jamais. Encore plus ironique ? Certaines personnes qui veulent vraiment mettre fin à leur vie aident ces "faux suicidaires" à voir la belle vie.

Cela faisait soupirer, parce qu'on avait beau savoir que jamais ils n'auraient le courage de passer à l'acte, on avait toujours ce doute, cette peur de les voir faire l'impensable. Alors on les aidait. Malgré tout. Parce que personne ne voulait vivre avec cette culpabilité.

Le souci ? C'était le deuxième cas qu'on oubliait. Dont on ignorait la souffrance jusqu'à qu'ils en aient parlé après avoir remonté la pente, seuls, sans aide, ou, dans le pire des cas, qu'on apprenne qu'ils avaient mis fin à leur guerre.

Et c'était ça qui le tuait le plus de l'intérieur. C'était de savoir qu'Elle était dans la première catégorie, lui dans la seconde. Elle, elle avait crié tant de fois une mort que tout le monde était près d'elle. Lui, il l'avait tant aidée qu'il avait tracé un trait de plus sur son bras.

"Egoïste".

Ce n'était certainement pas un adjectif qu'il avait besoin d'entendre à ce moment-là, alors qu'il donnait le reste de sa force pour la sauver au lieu de mourir.

Parfois, si cette bonne âme n'avait pas existé, il se demandait où il serait aujourd'hui, ce qu'il serait devenu, se sentirait-il de nouveau vivant ? Il ne savait pas, ne voulait pas savoir.

Il avait remonté la pente seul, avec une âme lointaine qui le faisait garder la tête hors de l'eau, il avait fait quelques bonnes rencontres qui l'avaient sauvé sans le voir, ni le savoir.

Mais il était seul. Alors qu'il avait besoin d'aide, alors qu'il mourrait à petits feux.

Tandis qu'Elle obtenait toute l'aide qu'il aurait aimé avoir, toute la chance qu'il n'avait pas.

Elle ne s'en rendait pas compte.

Et il commençait à la mépriser pour cela. Il lui en voulait, il s'en voulait de lui avoir donné toute sa force alors que si Elle avait pu, elle l'aurait abattu. Que pour Elle, il n'était que de la merde en boite. Une toxine à effacer, un monstre hautain. Il refusait de lui donner davantage de force, davantage de temps, davantage de respect qu'Elle ne méritait pas.

Il s'était reconstruit seul parce qu'il avait voulu se reconstruire putain !

Elle, elle ne voulait pas se sauver.

Alors qu'Elle ne se sauve pas. Si un jour lui en prendrait l'envie, grand bien lui fasse.

Lui, il avait voulu se sauver.

Il s'était sauvé.

Maintenant, il voulait sauver les âmes égarées comme lui.

Pas les âmes du spectacle comme Elle.


Hier, Aujourd'hui, DemainWhere stories live. Discover now