Chap 11 : Les larmes qui coulent à l'intérieur sont les plus dures à sécher

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TW : Violences psychologique, tentative d'agression sexuelle (explicite), insultes

Iris

septembre 2028

~ 19h

J'ajoute un trait d'eye-liner sur ma paupière gauche et commence à chercher une robe pour ce soir. Aujourd'hui, pour fêter ma rentrée en M2, je sors ! Pas besoin de copines, je suis une grande fille indépendante et qui sait se défendre ! Je n'ai quand même pas d'ordre à recevoir d'Ava, alias la-fille-qui-ne-fait-jamais-ce-qu'on-lui-demande. Elle a insisté pour que je demande à quelqu'un de venir, mais je n'ai pas envie. Je voulais qu'elle se propose, mais elle était d'humeur massacrante. Je suppose que son premier jour de cours s'est mal passé. L'année dernière c'était à la limite du harcèlement moral, mais elle aime faire l'aveugle. Elle veut prouver qu'elle est aussi forte qu'Arthur. Moi, je ne le vois pas de cet œil, elle a déjà assez à endurer. Je jure que le prochain qui la regarde mal devant moi va passer par la fenêtre. Marre des clowns.

Je tourne en rond dans ma chambre et réfléchis à des tas de choses, mais ça ne m'aide pas à décider de quelle robe porter pour le resto et la boîte de ce soir. Qu'est-ce que j'ai dans ce placard ? Une robe rose pâle, toute simple, mignonne, mais rien de sensationnel. J'en trouve une autre, rouge, trop voyante. Je fouille dans mon placard, et me plonge dans cette montagne de vêtement à la recherche d'une véritable pépite, j'accumule les défaites :

— Pas ça... C'est pas celle-là non plus... Peut-être celle-ci ? Non, trop...fluo. Je désespère, mais mon regard tombe enfin dessus. Je l'ai ! C'est celle-ci qu'il me faut !

La robe que je viens d'attraper est juste parfaite. D'un joli blanc, elle est sublimée par un ornement de fleurs bleues. Ses magnifiques manches bouffantes lui donnent tout son charme ! Mon choix est fait, il n'y a aucun doute, ce sera celle-ci. On est au mois de septembre, mais il continue de faire très chaud, alors ça devrait aller.

Je me dépêche maintenant de sauter dans le premier bus qui passe devant mon appart. Je vais manger avec des amies dans le centre avant d'aller en boîte, et, fun fact, je suis déjà en retard. J'arrive rapidement à mon arrêt et marche au moins trois cents mètres. Rappelez-moi pourquoi j'ai mis des talons ? La soirée a à peine commencé que j'ai déjà mal aux pieds. Arrivée au restaurant, je fais de grands gestes et cris à mes amies déjà assises :

— Salut à touuuutes, je suis trop heureuse de vous voir !!

Tout le restaurant se retourne vers moi et on me lance des regards de travers. Depuis quand c'est un crime d'être joyeux ? Sûrement depuis qu'Ava est née, haha. Bref, je n'hésite pas une seconde et exagère un max un regard méchant pour le retourner à tout ceux qui m'observent, mauvais. Lorsqu'ils croisent mon regard, ils se détournent, gênés. Évidemment, il n'y a aucune honte à être impoli jusqu'au moment où on vous le fait remarquer. Guignols.

Je salue chacune d'entre elles et le repas se passe normalement, Alicia est toujours aussi bavarde, Nora toujours aussi élégante, Agathe toujours aussi gentille et moi toujours aussi joyeuse ! Ce tableau est parfait, cette soirée est même presque parfaite. Il manque juste Ava notre aigrie préférée pour que ce soit complet. Je ne comprends pas pourquoi elle refuse de rencontrer mes amies, elles n'ont pourtant pas une tête à faire peur à la grande Ava ! Les discussions fusent, chacune de nous raconte un petit bout de sa vie, Nora a enfin un copain, Agathe passe joueuse professionnelle d'échec, Alicia vient de terminer son 1er roman et moi bah... Je n'ai rien à leur dire.

Qu'est-ce que j'ai à leur annoncer, au juste ? Que j'ai rayé ma mère de ma vie ? Que Ava est toujours autant obsédée par son petit frère malgré mes efforts ? Que j'ai peur de ne pas valider ma M2 éthologie et de voir mon rêve s'envoler ? Ou encore que je n'ai plus le mental de ne rien faire à part sortir ? Chacune d'entre elles nous annonce de bonnes nouvelles, nous vivons toutes ce moment dans les rires et les joies. Je n'ai pas le droit de tout gâcher encore une fois. Elles méritent d'être heureuses, ce n'est pas mon cas. Moi, je ne suis là que pour satisfaire les autres. Quel que soit mon état, je garde un grand sourire au visage, peu importe si on ne peut pas m'aider. Plutôt que de donner une fin à ma piètre existence, je préfère aider les autres dans leur quête du bonheur. À quoi je servirai sinon ?

Là où les cœurs devraient guérirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant