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Chapitre 2

Chapitre 2

Camélia se prit le visage entre les mains, un soupir affligé s'échappant de ses lèvres. Une montagne de papiers jonchait sur son bureau dans un désordre chaotique, ne laissant même pas entrapercevoir la couleur du meuble métallique sous les documents. À sa gauche son pc ronronnait quant-à-lui doucement dans un coin, dangereusement près du bord, une fenêtre ouverte affichant des commentaires et des remarques importantes sur ses patients.

Lentement, elle retira ses lunettes avant de masser ses yeux fatigués. Son crâne battait à un rythme répétitif et douloureux, caractéristique des migraines qu'elle contractait maintenant de plus en plus souvent et qui transformaient sa matière grise en une bouillie affreuse...

Avec une volonté surhumaine, elle passa outre le bourdonnement de son crâne et se saisit de nouveau du dossier qu'elle connaissait par cœur mais qu'elle continuait tout de même d'étudier inlassablement, cherchant le moindre indice, la moindre inconsistance qui aurait pu échapper à son œil attentif. Et comme d'habitude, après une énième lecture attentive, elle ne trouva absolument rien. Camélia soupira de nouveau en s'enfonçant dans son fauteuil, son regard se posant bien malgré elle sur la petite photo du dossier de Dionor Verde.

Le geste ne fit que faire resurgir toute sa culpabilité et sa colère, rancœur qu'elle éprouvait contre elle-même. Elle se sentait tellement incapable, tellement impuissante face à la détresse du garçon. Chaque fois qu'une thérapie échouait, qu'elle croisait son regard paniqué devant ses peurs, son incompétence lui revenait de plein fouet à la figure...

Elle ne voulait pas s'avouer vaincue, ne pas se dire qu'elle avait tout essayé car cela reviendrai à dire qu'elle aurait abandonné tout espoir de le soigner un jour. Et il était hors de question de laisser tomber Dionor.

Mais les faits étaient là : depuis onze ans toutes ses tentatives de traitement et ses thérapies avaient été un échec total. La dernière en liste, une thérapie "choc" à laquelle elle n'avait même pas été informée à l'avance et à laquelle elle avait ensuite protesté avec véhémence, s'étant finit particulièrement mal. Dionor était entré en pleine crise de panique avant de vider la totalité du contenu de son estomac sur le sol écarlate de l'hôpital. Le Dr.Greene rougit de colère en y repensant.

Malgré le pouvoir décisionnel qu'elle savait détenir dans cet hôpital, elle ne pouvait s'opposer systématiquement aux décisions d'en-haut. Ses patrons corrompus jusqu'à la moelle n'arrêtaient pas de lui assigner de soi-disant "experts en psychologie" pour l'assister, qu'importe ses protestations. Et, ignares tous autant qu'ils étaient, ils n'avaient rien trouvés de mieux cette fois-ci que de confronter le garçon à sa phobie en espérant qu'un foutu miracle se passe !

La rage au ventre, Camélia serra les dents et frappa violemment son poing contre son bureau, activant accidentellement l'HS™, Holographic Screen™ ou écran holographique, tandis qu'une pile particulièrement haute de documents s'échouait lamentablement sur le sol dans le bruit caractéristique du froissement de papiers, des centaines de papiers...

N'y tenant plus, la femme laissa échapper toute sa frustration dans un cri animal, faisant sursauter soudainement sa secrétaire qui venait d'ouvrir la porte de son bureau.

Camélia observa la femme d'un certain âge tout juste en face d'elle hausser les sourcils de surprise devant le champs de bataille qu'était devenu la pièce, des cadavres de feuilles parsemant le sol un peu partout jusqu'à l'entrée, avant de voir ses yeux légèrement ridés se plisser en la regardant, prêts à la réprimander.

-Camélia vous... mais que s'est-il passé ici ? l'interrogea-t-elle en balayant la salle des yeux.

C'est la mine exténuée du docteur qui lui répondit, la femme se contentant de plonger son visage dans ses bras accoudés au bureau en grognant faiblement.