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Chapitre 3

Chapitre 3

Dionor bougea inconfortablement sur son fauteuil, n'arrivant décidément pas à se concentrer sur le livre entre ses mains. Cela faisait exactement trois jours que Camélia lui avait annoncé la grande nouvelle de sa thérapie et son docteur n'avait absolument rien voulu daigner lui révéler à ce sujet, et ce malgré ses nombreuses questions, souhaitant apparemment lui faire la surprise le moment venu.

Il voulait bien comprendre qu'il devait mettre son mal en patience et il y serait très bien arrivé si la femme n'avait pas constamment mentionné le sujet ces derniers jours. Apparemment, tous les moyens étaient bons pour le lui rappeler, que se soit lors de leurs conversations quotidiennes ou bien lorsqu'il retrouvait de petits mots à la place de ses marques-pages. Dionor se demandait d'ailleurs comment Camélia parvenait à remplacer ses derniers sans qu'il ne s'en rende compte. Après tout il était toujours dans sa chambre, docteur présent ou non.

Enfin, jusqu'à ce qu'il y avait à peu près une demi-heure.

La femme était arrivée une nouvelle fois de façon grandiose dans la pièce, un sourire gigantesque aux lèvres. Avant même de le saluer en ce début de matinée pluvieux, elle lui avait fait remarquer, avec ce qu'il avait cru être une once de déception dissimulée dans les yeux, qu'il n'avait pas sursauté en bondissant jusqu'au plafond cette fois-ci. Sur le coup il était resté silencieux mais Dionor la soupçonnait d'avoit fais exprès, le regard innocent qu'elle lui avait lancé ensuite avait été des plus suspects lorsqu'il y repensait.

Camélia n'avait pas perdu une seconde après sa remarque, s'emparant vivement d'un de ses livres au hasard avant de l'entraîner en dehors de sa chambre par le bras, le guidant avec autorité et empressement entre les couloirs unis de l'hôpital. Dionor avait été tellement choqué par sa réaction qu'il n'émergea de sa transe que lorsque son docteur quitta la salle en lui annonçant qu'il devait rester ici jusqu'à ce qu'elle revienne. Le garçon ne se rappelait même pas être rentré avec la femme dans la pièce et voilà qu'elle repartait déjà pour aller il ne savait où.

Et lui était là, assis sur le même fauteuil noir avec le même livre qu'elle avait gracieusement pensé à prendre afin de lui éviter de se mourir d'ennui en patientant sagement pour une raison qui lui était encore absolument inconnue. Il était là, son livre toujours ouvert à la même page, en train de se poser mille et unes questions, la première et surement la plus importante d'entre elles étant incontestablement : pourquoi diable Camélia l'avait-elle chassé de sa propre chambre ?

Il ne lui avait fallu que quelques secondes pour comprendre que la femme l'avait emmené l'attendre dans... sa salle d'attente. Et, bien qu'il l'aimait sincèrement, il commençait sérieusement à remettre en cause son humour douteux et ses décisions parfois un peut trop impulsives. Alors qu'il se remémorait la fois où elle lui apprenait à viser correctement la tête des gens en crachant par la fenêtre, il vit dans les vitres qui donnaient sur le couloir que Camélia était revenue. La femme l'aperçu et lui offrit un sourire éclatant avant de lui enjoindre de la suivre en lui faisant de grands gestes. Dionor hocha la tête, quittant prestement son siège avec son livre à la main.

-Ça n'a pas été trop long ? lui demanda-t-elle tandis qu'il s'approchait.

Sa seule réponse fut son regard lourd de reproches.

-Oh, apparemment si, constata-t-elle en l'observant. Pourtant j'ai trouvé que j'avais fais vite.
-J'ai passé le plus clair de mon temps à me demander pourquoi tu m'avais fais fuir ma chambre, Camélia. Normal que j'ai trouvé le temps long, déclara-t-il en haussant les épaules.
-Mais j'ai une bonne excuse ! s'exclama le docteur.
-Qui est... ? demanda le garçon en levant un sourcil, sceptique.
-Ça c'est une sur-prise, chantonna-t-elle en agitant son index sous ses yeux. Mais ne t'inquiètes pas, tu sauras très bientôt laquelle.
-Quand ? ne pu-t-il s'empêcher de demander, sans vouloir paraître trop impatient non plus.
-Maintenant.