Chapitre 2 : Orage lointain

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Dans le camp de fortune, au sein des ruines de la grande ville, Lila avance prudemment dans les couloirs d'un des étages. le plancher grince sous ses pas. Au bas de son dos, accroché à sa ceinture, un long foulard violet flotte doucement. Son cœur bat calmement, et le son du vent s'engouffrant entre les vitres brisées fait frémir ses oreilles sensibles, tandis que la fraîcheur du matin la fait frissonner.

Soudain, un grincement la fait se figer. Se retournant d'un mouvement vif, elle esquive au dernier moment un enfant qui, dans son élan, frôle du bout des doigts le morceau de tissu. D'un geste rapide, Lila le rattrape, ses bras s'enroulant autour de son torse, le collant contre elle et le chatouillant, lui arrachant des rires sonores.

Attirés par le bruit, d'autres bambins sortent des pièces adjacentes, certains se lançant à l'assaut pour s'emparer du foulard. Lila les esquive avec agilité, attrapant l'un d'entre eux pour le chatouiller. En quelques secondes, tous les enfants se retrouvent à terre, épuisés par la redoutable technique de la féline.

Avec les enfants, Lila retrouve Louka et Albert qui s'entraînent dans la cour. Elle s'occupe des plus jeunes tout en jetant un œil à son camarade renard, qui subit une légère raclée. à ses yeux, celle-ci est largement méritée pour son escapade.

Le jeune renard esquive un coup de lance de l'adulte, la pointe en bois frôlant son visage. Il répond avec une attaque rapide mais maladroite, trahissant son manque d'expérience comparé à celle du grand loup, qui pare avec une facilité déconcertante. Les deux se regardent. Louka reprend son souffle, les muscles de ses bras tirant douloureusement. Albert, sentant que son élève atteint ses limites, décide d'en finir pour cette leçon d'un mouvement de tête discret.

Le jeune homme rejoint Lila, qui, toujours avec un petit dans les bras, lui sourit tendrement.

- Tu t'es encore fait botter les fesses, lance-t-elle avec humour à son camarade.

Le jeune homme renard sent le poil de sa fourrure se dresser légèrement sous ses vêtements et laisse un grognement sortir de sa gorge,

- Ce n'est pas toi qui dois subir ces entraînements. Crois-moi, je serais mieux à explorer des ruines et à découvrir des choses, murmure-t-il, l'air boudeur.

- Tu comptes sortir encore ? demande Lila, curieuse mais aussi inquiète, sa voix trahissant un léger stress.

Louka regarde le ciel et réfléchit à ses mots durant une demi-seconde.

- Je pense que oui. Avec le générateur qui fonctionne à nouveau, je voudrais m'attaquer à la radio que j'ai achetée à l'une des caravanes de marchands la dernière fois.

- À quoi servirait une radio ? demande la jeune féline, occupée à brosser la fourrure de la queue d'une petite louve assise sur ses genoux.

- On pourrait communiquer plus facilement avec les caravanes, on pourrait connaître leur stock avant de se déplacer. Ça aiderait pour trouver des médicaments et d'autres objets du quotidien.

Les oreilles de Lila se dressent sur sa tête et sa queue s'agite de droite à gauche. L'idée de pouvoir connaître les médicaments à l'avance serait tellement plus pratique et l'aiderait dans son travail. Cependant, les sorties solitaires de Louka la tracassent. Elle et le renard se connaissent depuis qu'ils sont capables de marcher. Le duo a grandi ensemble, fait des bêtises de leur âge ensemble, et a fui leur village dévoré par les flammes, ensemble...

À ce souvenir, un frisson lui hérisse les poils. Louka remarque le visage crispé de sa camarade et, délicatement posant sa main sur le haut de sa tête et la tapotant, Lila ne peut empêcher un sourire heureux à ce geste gentil de la part de son ami d'enfance. Une voix fluette interrompt ce moment. Les oreilles de la jeune féline se dressent sur sa tête, qui se tourne vers le bruit.

Les Chroniques d'un Petit RenardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant