Les braises de notre amour - Lewis Hamilton

4.1 - Reality check

Mardi 8 juillet 2008, Indianapolis

Le sourire aux lèvres je passe la double porte de la maison de mes parents. Ce week-end a été un véritable rêve éveillé et c'est avec des étoiles plein les yeux que je rentre en trainant ma valise à ma suite. Le chauffeur de mon père est venu me récupérer à l'aéroport et c'est presque en sautillant que je la dépose au pied de l'escalier en acajou qui monte jusqu'à l'étage. Je me retourne ensuite pour pénétrer dans le premier salon qui accueille souvent le diner du soir. Mes parents sont déjà installés autour de la table quand je rentre dans la pièce et je les salue avec entrain avant que mon sourire ne retombe en voyant l'expression de leurs visages.

-         Qu'est-ce qu'il se passe ?

-         Tu nous as menti Emerson.

La voix de ma mère résonne à travers la pièce, implacable. Ses yeux me transpercent et semblent voir à travers mes failles tout ce que je ne souhaite pas lui révéler. Mon père se contente d'écouter la conversation en continuant de boire son verre de vin et ce que je lis dans son regard ne m'annonce rien de bon pour la suite. J'ai souvent réussi à trouver en lui un allié lors des nombreux conflits qui m'opposent à ma mère mais j'ai l'impression que ce soir n'en fera pas partie. Je décide de jouer la carte de l'innocence même si l'arrivée de ce conflit après mon voyage me donne une petite idée de la raison de la colère de mes parents.

-         A propos de quoi ?

-         Tu n'étais pas en Europe avec Abigail. Et n'essaie pas de nier, nous avons croisé ses parents au country club ce week-end.

Son regard est froid et si je n'étais pas habituée à devoir affronter ses yeux de glace, je me serais déjà enfoncée dans le sol sous la lourdeur de sa déception qui envahie la pièce. Elle a raison, je lui ai menti et je ne peux plus le nier.

-         Ecoutez je sais que je n'aurais pas dû vous dire que j'étais avec elle mais vous n'auriez probablement pas approuvé ce voyage sinon...

-         Et c'était donc une raison pour nous mentir ?

Ma mère hausse un sourcil à mon attention, curieuse de la justification que je vais pouvoir trouver à ce mensonge. Comme souvent, je vois qu'elle cherche à me faire parler, à entendre ce que je vais bien pouvoir lui répondre pour démonter tous mes arguments un à un. Car, c'est un fait, aucun ne trouvera jamais grâce à ses yeux. Une fois que son avis est fait, rien ni personne ne peut lui faire changer d'avis et ce n'est que pure illusion de penser le contraire. Alors face à l'inutilité de ma défense, je passe à l'attaque.

-         J'aurais 20 ans dans quelques mois, je suis tout à fait capable de prendre mes propres décisions ! Vous ne pouvez plus contrôler le moindre de mes faits et gestes.

-         Et quelles décisions Emerson ! Dis-moi, quel était le but exact de cette virée en Europe ?

Cette question n'est qu'une formalité. Je peux voir dans leurs regards qu'ils savent déjà qui j'ai rejoint à Londres. Je ne serais même pas étonnée qu'ils soient au courant de mon planning précis pendant cette escapade de quelques jours.

-         J'ai passé du temps à Londres et j'ai assisté au Grand Prix de Silverstone.

-         Pour voir qui ?