Les braises de notre amour - Lewis Hamilton

6 - If the stars collide

Mercredi 29 octobre 2008, Indianapolis

Je demande au chauffeur de mes parents de m'attendre lorsque la voiture s'immobilise devant une petite boutique du centre-ville. La devanture n'a rien d'extravagant mais la douce odeur de fleur et la musique latine qui se dégagent du magasin donnent immédiatement envie de passer les portes de bois pour se perdre à l'intérieur. Je ne pense pas que je serais pourtant rentrée ici en temps normal, le quartier n'étant pas vraiment le genre que je fréquente d'habitude. Mais me voilà. La propriétaire des lieux m'a appelé en début de journée pour me dire qu'une commande avait été passée à mon nom et qu'elle avait eu pour consigne de me demander de venir la chercher. J'ai eu beau me creuser la tête depuis ce matin, je n'ai toujours pas réussi à trouver qui pouvait être le mandataire de cette demande. J'ai donc dû prendre mon mal en patience et attendre la fin de notre brunch familial pour venir récupérer cette fameuse surprise. Mon attente n'en finissait plus puisque le repas a exceptionnellement trainé en longueur aujourd'hui. Car en ce 29 octobre 2008, j'ai soufflé mes 20 bougies. J'ai officiellement 20 ans, âge de raison et de maturité selon mes parents, et je ne sais toujours pas quoi penser de ce cap. Oliver et sa famille étaient invités pour l'occasion et j'ai été à deux doigts de faire un malaise à chaque minute des dernières heures, croyant qu'Oliver allait saisir cette opportunité pour faire sa demande. Nous avons passé du temps ensemble au cours des derniers mois et je dois malgré tout avouer que c'est quelqu'un de bien. Il est respectueux, a de l'ambition et il a à cœur de me faire plaisir. Pourtant, j'ai toujours du mal à accepter l'idée de passer le reste de ma vie avec lui. L'amour n'est-il pas censé nous retourner l'estomac et nous donner envie de voler ? Ma mère a surement raison, j'ai lu trop de contes de fées dans mon enfance. Mais je préfèrerais qu'Oliver attende encore quelques semaines avant de vouloir officialiser les choses. Peut-être que ce laps de temps me permettra de ressentir ce petit truc en plus qui semble pour l'instant me manquer...

L'odeur des différentes fleurs embaume toute la boutique lorsque je passe la petite porte vitrée dont le montant de bois est peint en bleu et la cloche suspendue au-dessus de l'entrée résonne à mon passage. Des plantes et fleurs en tout genre envahissent les lieux, si bien que le temps de quelques secondes j'ai l'impression d'être passée à travers une faille spatio-temporelle pour me retrouver en pleine jungle. Une femme aux cheveux grisonnants arrive presque aussitôt depuis l'arrière du magasin et son sourire est si grand qu'il illumine à lui tout seul le petit espace.

- Bonjour, je peux vous aider ?

- Bonjour... oui, vous m'avez appelée ce matin pour que je récupère une commande à mon nom. Emerson Scott.

- Oui bien sûr !

Elle se retourne sans un mot de plus pour se diriger vers une seconde pièce derrière sa caisse. Ses cheveux virevoltent dans son mouvement avant qu'elle ne disparaisse de mon champ de vision. Elle réapparait quelques secondes plus tard avec l'un des plus beaux bouquets qu'il m'ait été donné de voir. Elle doit le tenir à deux mains pour ne pas l'échapper en raison de sa taille et me le tend avec un grand sourire. L'assortiment de fleurs reflète une telle harmonie que je reste un instant sans voix face à son travail. Différences nuances de bleu se mêlent avec du blanc et du lilas dans un parfait mélange qui semble adoucir mon âme.

- Il est magnifique.

- Merci. J'ai également ceci à vous remettre.

Elle me tend une enveloppe cartonnée assez épaisse mais voyant que mes mains sont déjà prises par l'immense bouquet, elle la glisse au milieu des fleurs.

- Est-ce que vous savez qui vous a demandé de préparer cette commande ?

- Je ne peux pas vous le dire désolée. Je pense que vous aurez votre réponse en ouvrant l'enveloppe.