Leandro

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Leandro
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Je n'ai jamais été fan des supermarchés. Trop de monde, trop de bruit, et ce sentiment désagréable de perdre son temps à travers les rayons sans fin.

Ayant Nina pour le week-end, ce soir-là, j'avais besoin de quelques courses de dernières minutes. Je vagabondais dans les allées, le panier à moitié rempli, quand en tournant au coin d'un rayon je me retrouvai face à elle.

Elle était là, à quelques mètres de moi, les yeux rivés sur une boîte de céréales. Le temps sembla s'arrêter et les souvenirs refaisaient surface. C'était bien elle, son visage à la fois familier et étranger. Mon cœur se serra, surpris de la revoir après tant d'années.

J'aurais pu faire marche arrière, faire semblant de ne pas l'avoir vue, mais non, mes pieds restèrent ancrés au sol, comme s'ils refusaient de bouger.

Elle releva la tête et nos regards se croisèrent. Son expression passa de la surprise à un mélange complexe de sentiments que je ne parvenais pas à déchiffrer.

Leandro : Celia ?

Elle esquissa un sourire, plus par réflexe que par envie.

Celia : Quelle surprise ! Leandro Garcia !

Nous restâmes immobiles, comme si se rapprocher aurait brisé un équilibre fragile. C'était étrange de la voir ici, dans un contexte aussi banal, alors que notre dernière rencontre avait été chargé d'émotions, d'une discussion sérieuse et surtout d'un adieu lourd de conséquences.

Celia : Ça fait... longtemps...

Leandro : Oui, une éternité, confirmais-je, incapable de trouver autre chose à dire.

Je remarqua qu'elle tenait la boîte de céréales comme un bouclier, face à sa poitrine, sûrement pour éviter de trahir son trouble.

Leandro : Comment tu-vas ? De retour à Miami ?

Elle hocha la tête.

Celia : Bien. Ma mère est souffrante donc je fais des allers retours entre ici et New-York, où je me suis installée mais ce n'est que temporaire. Et toi ?

Leandro : J'espère rien de grave... Moi ça va, on fait aller. La vie suit son cours.

Celia : J'ai eu vent que tu avais arrêté le X...

S'il n'y avait que ça ! Elle ne connaît qu'une partie de l'iceberg.

Leandro : Oui, ça va faire bientôt quatre ans. Et ce n'est pas tout. Je suis également un heureux papa.

Surprise, dans un premier temps, elle se reprit en me félicitant, sans pour autant chercher à en savoir plus.

Nous continuâmes à échanger quelques banalités, des mots creux pour combler ce silence malaisant qui s'installait.

Je n'avais jamais imaginé la revoir un jour, surtout ici, mais c'est comme si le destin s'était amusé à la remettre sur mon chemin.

Leandro : C'est bizarre, non ? De se croiser ici, comme ça, après tout ce temps.

Celia : Oui, très étrange, répéta-t-elle, en faisant un écho involontaire de mon propre trouble.

Nos yeux ancrés, en un instant, mon cerveau me renvoya les images de notre passé commun. Ce n'était pas un moment de regret, mais plutôt une reconnaissance insonore que nous avions vécu quelque chose de fort. Il faut dire qu'avec elle, j'ai connu les prémices de ce qu'était le sentiment d'être amoureux, avant de le découvrir pleinement avec Rose.

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