Rééducation Sentimentale

3 • Je suis fatiguée, mon cœur est balafré et mes yeux sont cernés

Je me réveille en sursaut, le cœur battant à tout rompre, le souffle court. Un frisson glacé parcourt mon échine alors que les images du cauchemar se dissipent lentement. Ce n'est pas la première fois que ce souvenir d'enfance hante mes nuits, mais chaque fois, il me laisse dans un état de panique absolue.

Vichy 6 ans

Je ferme les yeux et me retrouve dans les couloirs de mon école primaire, âgée de six ans. Je marche vers les toilettes, ayant quitté mes copines de récréation. Une sensation de malaise m'envahit, et je regrette immédiatement d'être venue seule.

Soudain, je sens une main agripper violemment mes cheveux. Je suis tirée en arrière et, avant de pouvoir crier, un coup violent me frappe les genoux, me déstabilisant. Je tombe lourdement au sol, et deux garçons se jettent sur moi, me plaquant fermement me griffant la peau.

— Bah alors, petite plume, tu m'attendais, hein ? On va bien s'amuser aujourd'hui, susurre Matteo, le leader de ce trio infernal.

Je n'ai pas le temps de réagir qu'il fourre sa chaussure dans ma bouche. Un goût de saleté et de caoutchouc envahit ma langue, et je commence à pleurer de douleur et de terreur. Le dégoût m'envahit, j'ai la nausée et je ferme les yeux essayant de garder le peu de calme qu'il me reste... Les deux autres garçons me retiennent fermement au sol, leurs mains serrant mes bras avec une force brutale.

— Comme je suis un garçon généreux et très important, je te fais l'honneur d'apposer ma signature, dit Matteo avec un sourire malsain, sortant une paire de ciseaux de sa poche.

Mes yeux s'écarquillent de peur, des larmes coulant sur mes joues. Pourquoi ? Qu'ai-je fait pour mériter cela ? Je suis une gentille fille, je n'ai jamais fait de mal à personne. A chaque altercation le niveau de cruauté et de perversité monte d'un cran. Matteo soulève mon tee-shirt, exposant mon flanc gauche, et commence à lacérer ma peau avec les ciseaux. La douleur est insupportable, le sang coule sur ma peau, et je me tords de douleur, criant aussi fort que la chaussure dans ma bouche me le permet.

Il trace sur ma peau en lettres majuscules : "SALE".

Une fois terminé, il retire la chaussure de ma bouche et la remet comme si de rien n'était. Puis, il agrippe ma mâchoire aussi fort qu'il le peut, me faisant encore plus mal.

— Si tu parles, je te jure que je te ferai pire que ça, petite plume.

Je hurle dans mon sommeil, gesticulant violemment. Luna me secoue, essayant de me réveiller.

— Vichy, réveille-toi ! C'est juste un cauchemar, murmure-t-elle d'une voix douce mais inquiète.

J'ouvre les yeux, tremblante, en sueur, et respirant difficilement. Luna m'attire dans ses bras, me berçant doucement pour me calmer.

— Ça va aller, je suis là, tout va bien, dit-elle en caressant mes cheveux. Qu'est-ce que tu as vu dans ton rêve ?

Je respire profondément, essayant de reprendre le contrôle de mes émotions. Les souvenirs sont toujours aussi vivaces, toujours aussi douloureux. Je ferme les yeux et murmure :

— La plume.

Luna soupire, comprenant immédiatement ce que cela signifie. Elle sait à quel point ces souvenirs me hantent, même si je ne lui ai jamais raconté toute l'histoire en détail. Elle continue de me réconforter, murmurant des mots apaisants jusqu'à ce que je me calme enfin.

— Héeee Vic' c'est finis. Tu as survécu à ça, et tu peux surmonter tout le reste. Ne laisse pas ce cauchemar te briser, dit-elle doucement.

Je hoche la tête, reconnaissante de l'avoir à mes côtés. Peu importe combien ces souvenirs sont terrifiants, je sais que je ne suis pas seule. Luna est là pour moi, toujours prête à m'aider à traverser les moments difficiles.
Je me rendors difficilement dans ses bras, bercée par la douce odeur de rose.