Le rugissement de ma moto résonne dans les rues désertes, et le vent qui fouette mon visage me donne cette sensation de liberté brute. C'est comme si, à chaque virage serré, à chaque accélération, je pouvais laisser derrière moi tout ce qui me tourmente. Mais ce soir, même la vitesse ne parvient pas à chasser les pensées qui tourbillonnent dans ma tête. Je pousse la machine à ses limites, mais rien n'y fait.
Quand j'arrive à l'appartement d'André, je me sens encore tendu. Mes mains se crispent sur le guidon alors que je coupe le moteur. La porte s'ouvre avant même que je n'aie eu le temps de poser un pied à terre. André est là, planté dans l'encadrement, un sourire moqueur plaqué sur son visage.
— Alors, monsieur le kiné, tu la joues romantique maintenant ? lance-t-il, visiblement amusé.
Je roule des yeux en signe d'exaspération, mais je ne peux pas m'empêcher de sourire.
— Épargne-moi tes conneries, André. C'était juste une soirée entre amis, rien de plus.
André arque un sourcil, toujours aussi taquin.
— Entre amis, hein ? Avec la façon dont tu regardais Vichy, on dirait que c'était plus qu'amical.
Je me défends par réflexe, en haussant les épaules.
— Bah, je ne peux pas m'empêcher d'être un gentleman. C'est dans ma nature.
André éclate de rire, secouant la tête.
— Un gentleman ? Tu te fous de moi ? On dirait surtout que tu t'apprêtes à faire une connerie avec elle.
Je sens la chaleur de la gêne me monter au visage, mais je joue la carte de l'indifférence.
— Détends-toi, André. Vichy, c'est juste ma patiente. Et puis c'est toi qui voulais que je sois plus sympa avec « tes nouvelles voisines ». Je mime les guillemets avec mes doigts pour l'imiter, ce qui lui arrache un sourire.
Son sourire disparaît cependant, laissant place à une expression plus grave.
— Je te connais, Jonas. Ne lui fais pas de faux espoirs. Cette fille a déjà assez de problèmes avec sa blessure. Elle n'a pas besoin que tu viennes foutre le bordel dans sa tête.
Les mots d'André m'énervent plus que je ne l'aurais imaginé. Qui est-il pour me dire comment je dois me comporter avec elle ? Pour m'imposer des limites ?
— Tu crois vraiment que j'ai besoin de tes conseils pour savoir comment gérer mes relations ? dis-je, ma voix plus dure qu'à l'accoutumée. Et entre nous, je ne m'intéresse pas aux étudiantes. Elle a 20 ans, mec, c'est une gamine. Je la connais depuis trois jours. Ça me passe au-dessus de la tête.
André me regarde, ses yeux cherchant une faille dans mon masque d'indifférence.
— Je te connais trop bien pour croire à cette connerie. Et honnêtement, je préférerais que tu te barres que de la voir souffrir à cause de toi. T'es un mec bien, Jonas, mais t'as des tendances autodestructrices qui font des dégâts. Et si tu merdes, cette fois, ce sera une putain de catastrophe.
Je sens mes poings se serrer malgré moi, la colère grondant en moi. Je me force à sourire, refusant de montrer à André qu'il a touché une corde sensible.
— Ne t'inquiète pas. Je la toucherai même pas avec un bâton. Je sais rester pro. Règle numéro un : on touche pas aux patientes.
— Mmm mmm, et la secrétaire, alors ? Pas de problème là, hein ? réplique-t-il, les yeux plissés, un sourire en coin.
Je m'étouffe à moitié en réalisant qu'il a touché juste, encore une fois. Je lâche un soupir, baissant les armes.
— D'accord, je l'admets, tu marques un point. Mais c'est elle qui en redemande, qu'est-ce que je peux y faire ?
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Rééducation Sentimentale
RomansaVichy Saunders, 20 ans, est une étudiante brillante et une championne de boxe, habituée à triompher sur le ring autant qu'en classe. Mais tout bascule lorsqu'une blessure met fin brutalement à sa carrière de boxeuse. Déterminée à se remettre sur pie...