Chapitre 5

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OLIVIA

        Le réveil sonne brusquement. Je me lève, fais mon lit, ouvre les volets. Le soleil ne s’est même pas encore levé. Je répète tous ces gestes mécaniquement, la routine matinale. J’attrape mon thermostat de café, laisse un mot à Maya avant de partir vers mon lieu de torture, le travail. Je prends le bus et enfile mes écouteurs. J’observe le lever du soleil à travers la fenêtre.

À force d’exécuter ce train-train quotidien je n’ai plus aucune mesure du temps, je ne sais plus si mon travail me plaît ou si c’est l’environnement qui m’étouffe. Je rêve de pouvoir me réveiller de bonne humeur, d’aller au travail par envie, non par obligation. Mes mains sont dans un état lamentable à force de m’enfoncer involontairement des épines.

        Je pousse la porte de la boutique et dépose mes affaires dans l’arrière pièce. Le Monstre m’attend déjà. Les mains posées sur ses hanches, ma patronne me dicte la liste de choses à faire et me prévient qu’elle sera absente pour des raisons personnelles.

La journée se passe tranquillement. Je fais abstraction du déjeuner pour pouvoir m’occuper pleinement d’une commande pour un mariage. Je prépare une cinquantaine de compositions et le bouquet de la mariée pendant toute l’après-midi.

Mes pensées sont toutes dirigées vers un seul sujet : le mariage de Cameron.

      Vers 17h, un mal de crâne s’installe à mon plus grand désespoir. Je fais une pause et consulte mes messages.

Toujours rien. Aucun message si ce n’est de la publicité pour des volets ou des arnaques.

     Ma patronne entre brusquement dans la boutique, elle m’enlève mon portable de mes mains et me demande si tout a été fait.

— J’ai préparé la commande pour Madame Collins, fait l’inventaire de notre stock, nettoyé, commandé de nouvelles fleurs et je me suis occupée de quelques clientes.

Elle hoche la tête et tourne les talons pour s’en aller mais je la rattrape.

— Excusez-moi Madame Johnson, j’aimerais poser deux jours de congés.

Elle se retourne, comme horrifiée par ma demande.

- Je vous ai toujours dit de prévenir à l’avance Madame Lin, ce n’est pas la première fois que ce genre d’affaires arrive. N’oubliez pas votre place. Vous n’êtes qu’une simple employée.

— Mais quel est le rapport ? Je fais tout toute seule ici !

— Enfin, ne faîtes pas l’innocente, regardez-moi ça.

Elle prend brutalement mes mains et les retourne.

— Elles ne sont pas assez abîmées, vous êtes sûre que vous travaillez aussi durement que vous ne le prétendez ?

    C’en est assez, je me tais depuis trop longtemps pour laisser cette vieille peau critiquer ma façon de travailler.

— Si vous mettiez à ma disposition de bons outils, je pourrais mieux faire mon job. Mais vous êtes trop occupée à prendre le thé avec vos amies sur votre temps de travail !

Elle dirige le sécateur vers ma main droite et m’écorche avec.

— Mais vous êtes folle ! Débrouillez-vous maintenant !

Je lui balance un cahier pris au hasard et me dirige vers l’arrière-boutique. Je l’entends murmurer toutes sortes de noms d’oiseaux à mon égard.

— Vous n’êtes encore qu’une gamine !

— Et vous, une patronne irresponsable, je réplique, en retenant les larmes qui menacent de couler.

COMPANY │Lee Know - Stray KidsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant