Gabriel soupirait, la tête trop pleine d'informations. Il était venu au bureau plus tôt pour travailler dans le calme : enfin, c'était également pour éviter de se retrouver face aux désirs d'Emmanuel.
L'homme était assez brutal avec lui lors de leurs ébats, et, bien que Gabriel ne soit plus en capacité de réfléchir correctement, il savait pourtant qu'il n'appréciait pas ces élans de violences.
Ainsi, il préférait se plonger dans le travail plutôt que de traîner au lit avec celui qui partageait sa vie depuis plusieurs mois.
Cela ne s'arrêtera donc jamais.
La pile de dossiers en face de lui semblait doubler de volume chaque matin, quand bien même Gabriel restait parfois toute la journée ainsi qu'une partie de la soirée dans son bureau.
Il était toujours premier ministre : bien que la gauche avait proposé un nom, celui-ci avait été refusé par le président.
Gabriel avait été considéré comme ministre démissionnaire pendant presque deux mois, puisque ce ne fut qu'au courant du mois de septembre qu'Emmanuel annonça qu'il refusait de mettre en poste un premier ministre de gauche.
Évidemment, les réactions n'avaient pas tardé. Encore aujourd'hui, Renaissance et les partis de gauche se livraient une guerre sans nom.
Gabriel n'était même plus sûr de ce qu'il se passait en ce moment, n'étant plus que l'ombre de lui-même : sur les photos éditoriales, il affichait un sourire parfait. Il était complètement ailleurs, comme s'il n'avait plus de raison de se battre
"Bonjour, Monsieur le Premier Ministre."
Gabriel faillit sursauter en entendant une voix lui parler. Il leva la tête, son regard tombant dans celui d'un homme qu'il commençait à connaître.
"J'ai toqué, mais vous ne m'avez pas répondu. Vous m'excuserez de m'être permis d'entrer, on se connaît à force."
L'homme rit, s'approchant du bureau de Gabriel, qui lui offrit un sourire poli.
"Bonjour, j'étais perdu dans mes pensées, désolé. Comme d'habitude, je suppose."
"Effectivement, vous avez vraiment un partenaire très loyal, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi rigoureux."
Il lui tendit une longue boîte rectangulaire, que Gabriel saisit en souriant doucement.
"Effectivement, il l'est. Merci beaucoup."
"Ne me remerciez pas, c'est mon travail. Passez une bonne journée, monsieur."
Gabriel sourit, hochant la tête.
"Merci, passez une bonne journée également."
Il entendit l'homme quitter son bureau, mais ne le vit pas : son regard était fixé sur la boîte qu'il tenait entre ses doigts. La même boîte qu'il recevait chaque premier jour du mois.
Elle était toujours accompagnée d'une petite carte, où le même message figurait toujours :
"Je suis fou de toi, mon amour."
Gabriel savait pertinemment de qui venait ce cadeau régulier. Ses doigts défirent lentement le ruban de soie qui entourait la boîte, l'ouvrant délicatement pour en révéler le contenu.
Il prit une seconde pour observer l'unique rose qui reposait dans l'étui. Ses pétales étaient d'un rouge éclatant, comme si son émissaire avait pris le soin de choisir la plus belle d'entre toutes. On pouvait presque la considérer comme une œuvre d'art, la perfection de la fleur relevant presque de l'irréel.
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Le poids du monde (TOME 2)
Romancede l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas, ou qu'une seule phrase. Je rappelle, que cette fiction aborde des sujet extrêmement sensibles. Ne lisez que si vous êtes certains de pouvoir supporter l'obscurité de certains sujets.