Song : What Was I Made For ? - Billie Eilish
Gabriel n'arrivait pas à dormir.
Il remuait sans cesse, ses pensées le tenant éveillé : bien qu'il en avait l'habitude, il n'en était pas moins énervé.
Il ne dormait plus bien, moins bien qu'avant encore, et ce depuis des mois.
Les élections étaient passées, son parti n'avait pas atteint les résultats escomptés ; la gauche avait fini par l'emporter, au grand étonnement de tous.
Les médias s'étaient affolés, tout comme le parti qui était arrivé en troisième position.
Sans surprise, le Rassemblement national n'avait pas tardé à décrier des "alliances du déshonneur", prenant soin de traîner dans la boue le parti présidentiel.
Gabriel n'avait pas réagi : il n'en avait pas la force.
Il n'était même plus certain d'encore vouloir faire de la politique, quand bien même c'était sa destinée depuis toujours.
Les derniers mois avaient été rudes, et Gabriel n'avait fait que s'effacer.
Il s'était d'abord concentré sur les Jeux olympiques, se faisant un point d'honneur à être présent au plus grand nombre de représentations possibles.
Mais en ce qui concernait la politique, les débats, et les interviews, il avait tout simplement fait profil bas.
Parce qu'il ne se sentait pas capable d'affronter cela. Il ne se sentait pas capable de l'affronter.
L'idée de le croiser, de devoir lui parler, tout cela lui était tout bonnement inimaginable.
Il n'avait pas réussi à se remettre de la trahison qu'il avait vécue, et ce, quand bien même presque sept mois s'étaient écoulés depuis : il n'arrivait tout simplement pas à passer au-dessus.
Heureusement, il n'était pas seul.
Elena l'avait énormément soutenu, quand il avait fini par lui expliquer ce qu'il n'allait pas.
Il s'en rappelait très bien : à vrai dire, il n'avait pas vraiment eu le choix de lui expliquer.
Lorsqu'elle l'avait trouvé évanoui sur le sol de sa cuisine après qu'il eut sauté des repas pendant plusieurs jours consécutifs, elle ne lui avait pas donné le choix, et il lui parla de tout.
Il lui avait expliqué le commencement, la confiance qui s'était peu à peu installée entre lui et l'homme qui hantait ses pensées.
Il lui avait parlé de ce qu'ils avaient vécu ensemble, jusqu'au moment de la trahison.
À ce moment où Gabriel avait eu l'impression de prendre un poignard en plein cœur, à ce moment où il s'était juré, de ne plus jamais, sous aucune circonstance, accorder sa confiance à l'homme. Ce moment où il s'était tellement détesté, presque autant qu'il avait détesté Jordan.
Comment avait-il pu être assez stupide pour se laisser avoir ?
Et pourtant..
Pourtant, tous les moments partagés, toutes les choses qu'il lui avait confiées.
Tout avait semblé si réel, alors à quel moment Gabriel avait-il pu se faire berner à ce point ?
Un bruit sur sa gauche lui fit tourner la tête, ses yeux tombant directement sur l'homme étendu à ses côtés, sur le lit.
Sa main reposait sur la taille de Gabriel dans un geste qui, même dans son sommeil, montrait sa possessivité.
Il jeta un coup d'œil à ses propres poignets, les traces bleues les entourant commençant à virer au violet.
Gabriel soupira, se redressant avant de retirer doucement la main de l'homme de son corps avant de se lever, quittant la chambre pour se diriger vers la cuisinette qu'il commençait à connaître comme sa poche, l'hôtel dans lequel ils se retrouvaient étant toujours le même.
En passant devant le four, il ne put s'empêcher de regarder son reflet dans la vitre, grimaçant légèrement à la vue de son visage éreinté ; ses cernes étaient plus prononcées que jamais, donnant l'image d'un homme qui n'avait pas dormi depuis des mois.
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Le poids du monde (TOME 2)
Romancede l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas, ou qu'une seule phrase. Je rappelle, que cette fiction aborde des sujet extrêmement sensibles. Ne lisez que si vous êtes certains de pouvoir supporter l'obscurité de certains sujets.