La douleur.
C'était la seule chose qu'il était capable de ressentir à ce moment précis.
Ses mains dénouèrent sa cravate d'un geste brusque tandis qu'il referma la porte derrière lui, s'enfermant dans la pièce sombre.
Et alors, seulement à ce moment-là, il s'autorisa à lâcher prise. Il envoya sa cravate valser dans un coin de la pièce, sa veste de costume ne tardant pas à la rejoindre. Il tomba à genoux, sa respiration s'accélérant.
Il avait l'impression que quelqu'un venait d'écraser son cœur à main nues.
Ses yeux se remplissaient de larmes, qui ne tardèrent pas à couler le long de ses joues, impossibles à stopper.
Il se détestait.
Il posa la paume de sa main gauche à plat sur le sol dans une tentative de soutenir son corps tremblant, ses sanglots redoublant d'intensité.
Il était sûr que n'importe qui passant devant la pièce pourrait entendre son mal-être, mais il n'en avait rien à faire. Il ne pouvait y penser, parce que son cœur, son esprit, et tout son être n'étaient concentrés que sur une seule chose : la douleur qu'il ressentait.
Les remords l'assaillaient, l'ampleur de sa trahison faisant enfin sens dans son esprit.
Quand bien même qu'il savait ne pas avoir d'autre choix, son cœur saignait.
Il avait l'impression de ne plus pouvoir respirer, son souffle aussi rapide que s'il venait de courir un marathon, ses mains tremblantes peinant désespérément à défaire les boutons de sa chemise.
Toutes ses pensées étaient dirigées vers l'homme envers qui il avait le plus d'estime, celui pour qui son cœur battait si fort. Celui qu'il venait de trahir.
Parce que finalement, l'amour n'était que douleur.
Je suis tellement désolé, Gabriel.
***
Gabriel ne pouvait se résoudre à le regarder dans les yeux, incapable de prendre pleinement conscience de ce qui était en train de se passer.
Comment ose-t-il se pointer devant moi comme si de rien n'était ?
Ses mains tremblaient légèrement, la colère se mêlant à sa confusion. Il prit une grosse gorgée de champagne, finissant presque son verre dans la foulée, pour contourner Jordan sans lui lancer un seul regard.
Il ne voulait pas lui parler, mais l'homme ne semblait pas décidé à laisser Gabriel lui filer entre les doigts.
Il sentit la chaleur de sa main traverser le tissu de sa chemise avant même d'en ressentir la prise autour de son bras, une sensation qui, si elle avait été synonyme de réconfort huit mois plus tôt, lui fit maintenant l'effet d'une décharge électrique, tout son corps se crispant.À son plus grand désarroi, ce seul contact fut suffisant pour lui rappeler tout ce qu'il s'était efforcé d'oublier : cette manière spécifique que seul Jordan avait de le toucher, ses gestes si délicats envers lui, la douceur de ses lèvres sur son corps.
"Gabriel, je.."
Entendre son prénom sortir de sa bouche fit l'effet d'un nouvel électrochoc à Gabriel, qui retira son bras de la poigne de Jordan d'un coup sec, reculant d'un pas pour le regarder finalement dans les yeux pour la première fois depuis longtemps.
Dans les pupilles de l'autre, fixées sur lui, il ne pouvait saisir que quelques émotions parmi la multitude qui y figuraient : joie, colère et même..de la douleur ?
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Le poids du monde (TOME 2)
Romancede l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas, ou qu'une seule phrase. Je rappelle, que cette fiction aborde des sujet extrêmement sensibles. Ne lisez que si vous êtes certains de pouvoir supporter l'obscurité de certains sujets.