Chapitre 3: Un petit contre-temps

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Artémis

Los Angeles, États-Unis, 21h45

Mes talons noirs Louboutin claquaient contre les marches de l'escalier. J'avançais le long de ce couloir obscur, écartant la fumée à l'aide de mes longues jambes. La lumière rouge des projecteurs m'éblouissait tant que je plissai mes paupières. La musique faisait saigner mes oreilles avec son niveau affreusement élevé, mais tellement irrésistible que mes cordes vocales se joignaient à elle en fredonnant.

« I'm not the type to call you back tomorrow. »

Je pouvais me permettre ces quelques minutes de répit avant d'attaquer cette soirée qui s'annonçait longue et interminable.

Comme toutes les autres Artémis.

« But the way you wrapping' round me is a problem. Ain't nobody tryna save you, baby get that paper... »

Le passage de The weekend reste mon préféré.

Ma démarche s'ondulait en fonction de ce chef d'œuvre et mes cheveux bruns suivaient le mouvement de danse que ma tête exécutait.

Ring, ring, ring...

J'attrapais mon téléphone alors que la chanson tournait toujours.

-Allô ? dis-je d'un ton blasé, car la personne au bout du fil venait d'interrompre ma séance : « relaxation avant le travail ».

-Ouais, bosse, répondit la voix grave de Thélio. Mr Martinez m'a contacté pour te dire qu'il passera ce soir au night finalement.

-Il me prend vraiment pour une conne ce figlio de puttana ! C'est déjà la troisième fois qu'il déplace notre rendez-vous. Qu'est ce qu'il lui prend sérieux ? Il me sert juste à livrer MA marchandise que MES équipes produisent c'est pas compliqué non.

Ce cher vieux mec commençait grave à me taper sur le système.

Une lourde expiration s'échappa de ma bouche avant que je ne veuille poser une question à mon second et couper le silence qui s'était installé. Mais la musique me devança.

« ...Pussy so good... »

-Heuu...

-Roh c'est la chanson, idiot, ricanai-je. Je suis à l'heure au night moi au moins. D'ailleurs quand est-ce que tu arrives histoire d'accueillir les autres blaireaux ensemble ?

-Alors non tu es en avance et je te rappelle qu'aujourd'hui c'est Leïla qui se charge de l'ouverture, mais je serai là pour le fameux « accueil » qui je le sens, va être une vraie boucherie, énonça-t-il. Bon aller, je finis de me préparer et je grimpe dans ma voiture. À tout de suite chef.

-Ouais, pomponne-toi pas trop pour que tu ne sois pas malencontreusement en retard. Allez ciao.

Je raccrochais quand je me trouvai juste devant la porte de mon bureau. Je m'introduis dans la salle insonorisée, en espérant que mon mal de tête pourrait enfin s'apaiser. Je tirai les rideaux de la fenêtre puis me servit un verre de vin rouge. Le liquide couleur sang s'infiltrant dans ma bouche effleura mes papilles gustatives qui me remercièrent pour ce don du ciel. Rien ne pouvait rivaliser avec cette cruelle boisson.

Je m'affalai sur mon fauteuil en cuir brun et mis les pieds croisés sur mon bureau. Qu'est-ce que le silence était calme.

Logique un peu...

J'en profitais une dernière fois avant que cette interminable nuit ne commence. Quand soudain on toqua à ma porte.

Toc, toc, toc

Miroir D'âmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant