Pardonne-moi, car j'ai péché.

Pluie Battante

Je n'ai qu'une envie, courir loin, très loin. Je ne devrais pas en faire tout un plat, mais mon cerveau refuse de la considérer comme quelqu'un de lambda qui ne me fait rien ressentir, alors que c'est tout le contraire, et c'est bien la seule.

Je préfère ne rien répondre, de peur qu'elle ne découvre ce petit tiraillement dans ma voix qui lui donnerait toutes les raisons de penser qu'elle est l'objet de mes désirs les plus interdits. Je me mets à fixer un point dans la pièce, me répétant que cet instant allait vite passer et qu'elle partirait aussi rapidement qu'elle est venue. Que nenni.

— Eve, tu m'entends ?

Une main se mit à bouger devant ma vision plantée à l'horizon, m'extirpant par la même occasion de ma rêverie et de mes pensées en arborescences.

— Qu... quoi ? balbutiai-je face à sa proximité soudaine.

— Tes cheveux sont pleins de boue, laisse-moi te les laver avant qu'elle ne sèche davantage et te fasse des dreadlocks.

Je ne peux m'empêcher de sourire face à sa référence sortie de nulle part. Mon corps se tourne sur lui-même afin qu'elle puisse accéder à ma chevelure brune, tirant légèrement sur le noir, lui laissant la liberté d'en faire ce que bon lui semble.

Ses mains viennent se poser délicatement sur le haut de mon crâne et commencent à masser mon cuir chevelu, ce qui a pour effet de détendre instantanément mes muscles. C'est divin. Je me laisse totalement faire et relâche mon corps de plus en plus, sombrant presque dans le bain sans m'en rendre compte. Par totale inadvertance et sans réfléchir une seule seconde à mon geste, mon dos se colle à sa poitrine dénudée, créant une friction entre nos peaux et une nuée de papillons dans mon bas ventre.

Mon cerveau doit prendre un millième de seconde pour se rendre compte de l'ordre qu'il vient d'envoyer à mon corps, faisant par la même occasion pomper mon cœur à toute vitesse, avant de redresser mes muscles vivement. J'allais m'excuser, mais les mots sont bloqués dans ma gorge, ainsi que toutes les sensations et les frissons que je venais de ressentir. Il vaut mieux pour moi que je ne dise rien, ne relevant aucune réaction de sa part, ce qui me rassure légèrement. Il y en a qui ont de la chance ici.

Son chemin se terminant à la pointe de mes cheveux, celle-ci pose ses mains de part et d'autre de ma colonne vertébrale à ma plus grande surprise, me faisant aspirer l'air chaud de la pièce d'une traite. Je sens ses pouces appuyer doucement tout en remontant vers ma nuque, le bout de ses doigts laissant leur trace contre ma peau humide et frissonnante. Elle ramène tendrement ses mains sur mes épaules en les massant avec légèreté, comme si elle pouvait sentir que mon corps entier était tendu comme un fil de fer, essayant tant bien que mal de le détendre à nouveau.

— Tout à l'heure dans la forêt, tu as parlé d'une chose qui ne serait bonne pour aucune de nous, j'aimerais savoir ce que tu voulais dire par là.

Sa voix est d'une douceur inégalée, frôlant le chuchotement pour ne pas casser cette ambiance reposante du bain et nous sortir de ce confort absolu. Pour ma part, je ne réponds pas à sa question, prétextant chercher mes mots alors que je sais pertinemment que jamais je ne lui donnerai de réponse.

Je ne sais pas si elle me taquine ou si elle veut absolument savoir, mais ses gestes contre ma peau font bouillir mes joues totalement rouges à présent. Les paumes de ses mains glissent avec dextérité vers mes hanches, les attrapant pour que je ne puisse m'enfuir à nouveau, tandis que son souffle vient caresser ma nuque à l'air libre.