Entre douleur et devoir

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Depuis sa chute, Buck avait réussi à éviter le prince, un choix qu'il avait fait pour protéger son propre cœur brisé. Hen avait immobilisé son bras, une nécessité médicale qui, paradoxalement, l'emprisonnait davantage dans ses souvenirs. Chaque mouvement, aussi infime soit-il, ravivait la douleur de son membre blessé, mais c'était une douleur dérisoire comparée à celle qui consumait son âme. Les nuits passées avec Eddie, remplies de passion, de proximité et de plaisir, refaisaient surface à chaque geste maladroit.

Ces souvenirs étaient devenus des rappels cruels de ce qu'il avait dû abandonner.

Le lien intime qu'il partageait avec Eddie était brisé, non pas par manque de désir, mais par la cruelle réalité d'un amour non partagé. Buck se retrouvait maintenant à lutter non seulement contre la douleur physique, mais aussi contre la blessure bien plus profonde de son cœur, un cœur qui devait désormais guérir d'une perte encore plus amère que l'amour lui-même.

Il avait tenté, désespérément, de convaincre le prince de s'ouvrir à lui, de le laisser l'aimer avec toute la force de ses sentiments. Mais nuit après nuit, alors qu'il s'efforçait de briser les murailles autour du cœur d'Eddie, Buck ressentait de plus en plus l'amertume de ses efforts vains. C'était comme s'il vendait son âme, sacrifiant son propre bien-être pour une cause perdue d'avance. Comment un prince, si lointain et inatteignable, pourrait-il éprouver le moindre sentiment pour lui ? Un simple homme, dont même les parents s'étaient débarrassés, comme s'il n'avait jamais compté.

Le poids de cette réalité l'écrasait, le remplissant de regrets et d'une profonde tristesse.

Chaque tentative de rapprochement ne faisait qu'accentuer la distance qui les séparait. Eddie ne l'aimerait jamais comme il en rêvait, et cette vérité, aussi déchirante soit-elle, ne pouvait plus être ignorée. Continuer à lutter pour un amour qui ne serait jamais réciproque était devenu un fardeau insupportable. Buck avait compris alors qu'il devait mettre un terme à leur relation, non par manque d'affection, mais par instinct de survie. C'était la seule manière de protéger ce qu'il restait de son cœur meurtri, un cœur qui saignait encore des blessures de son passé. Mais la décision, bien que nécessaire, le laissait avec un goût amer d'échec, celui d'avoir tenté l'impossible pour se heurter à l'inéluctable.

Buck soupira profondément, perdu dans ses pensées mélancoliques.

Le poids écrasant de son amour non partagé pesait lourdement sur lui, comme un fardeau insupportable. Il se maudissait intérieurement pour avoir nourri de telles illusions, sachant pertinemment qu'il était naïf d'avoir espéré autre chose.

Eddie, après tout, était un prince, baigné dans la lumière et le privilège, tandis que lui n'était qu'un orphelin, un être marginal et insignifiant en comparaison. La disparité entre leurs statuts sociaux était non seulement évidente mais semblait aussi totalement insurmontable.

Buck se sentait stupide, comme s'il avait tenté de vaincre une armée entière avec une simple épée en bois, en croyant naïvement que ses sentiments pouvaient surmonter les barrières imposées par la naissance et le rang. Cette prise de conscience douloureuse ne faisait qu'accentuer la déchirure dans son cœur, chaque battement semblant rappeler son échec cuisant et son incapacité à changer une réalité immuable.

Alors, quand on lui avait proposé de s'occuper des chevaux, il avait sauté sur l'occasion.

Travailler aux écuries lui offrait une évasion bienvenue, un répit de la douleur lancinante de son cœur brisé. Le bruit des sabots sur le sol, le parfum des chevaux et le labeur physique étaient autant de distractions qui lui permettaient d'oublier, ne serait-ce qu'un instant, l'amertume de ses sentiments non partagés.

9-1-1 - Pour l'amour d'un prince (AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant