•Chapitre 77•
~Leïla~
Hichem: Alors, tu comptes dire quelque chose ?
J'ai soupiré.
- Laisse tomber, c'était une mauvaise idée.
J'étais assise sur des escaliers derrière mon bâtiment à l'écart de la cité avec mon cousin préféré depuis je ne sais pas trop combien de temps, mais c'était assez pour qu'il s'impatiente.
Hichem: Au contraire, c'est la meilleure idée que t'as pu avoir depuis longtemps.
Ce matin j'ai enfin eu le courage de chercher mon téléphone et le charger. Je ne l'avais pas vu depuis quelques semaines et la première chose que j'ai faite a été d'envoyer un message à Hichem pour se rejoindre ici.
- Je sais pas, j'y arrive pas. C'est... Je sais pas.
Hichem: Pourquoi tu m'as demandé de venir alors ?
- Parce que c'est mieux de parler à quelqu'un que de parler toute seule. Et... J'ai envie de parler mais je sais pas quoi dire.
Lui: Dis ce qui te passe par la tête.
- J'en ai marre de rien faire.
Lui: T'as fini ta dépression ?
J'aime pas ce mot.
- J'espère.
Lui: Comment tu te sens ?
- Pas vraiment bien.
Lui: Tu comptes uniquement répondre à mes questions ou tu comptes parler franchement comme tu le voulais à la base ?
Nouveau silence. C'est vrai que je lui ai demandé de venir pour avoir l'occasion de m'ouvrir un peu et me confier, en quelques sortes. Mais c'était à chaque fois un exercice compliqué.
Par où commencer ? Le début ? C'est quand ce début ? Jusqu'où remonter ? Et pour dire quoi exactement ? Que j'ai été abusée pendant des années par l'ex mari de ma mère ?
Je ne peux pas.
- Je veux plus continuer de broyer du noir, c'est tout.
Hichem: C'est déjà bien.
- Je me suis dis qu'il fallait que je sorte un peu.
Silence.
- Comment vont tes parents ?
J'avais envie de meubler la conversation. C'était l'occasion pour moi d'apprendre à parler aux autres et de cesser d'être dans mon mutisme constant. Apprendre à sociabiliser avec Hichem c'était mieux que d'apprendre avec des inconnus.
Non pas que je voulais sociabiliser avec des inconnus, hein. Mais j'avais besoin d'apprendre à sociabiliser, c'est tout.
Hichem: Ils vont bien. Ils sont partis au bled la semaine dernière. Ils sont tous là bas.
Tous à part nous.
- T'y es pas allé ?
Hichem: Je travaille, t'as oublié ?
- Ah, c'est vrai.
Il était caissier dans un kebab pas loin. Ça payait juste assez pour l'empêcher d'être dans le rouge à la fin du mois.
- T'as de leurs nouvelles aux autres ?
Une question déguisée pour avoir des nouvelles de ma sœur et de ma mère.
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𝕷𝖊𝖎𝖑𝖆: ℭ'𝔢𝔰𝔱 𝔩𝔢 𝔡𝔢𝔰𝔱𝔦𝔫
Non-FictionSelem aleïkoum. Je m'appelle Leïla, 19 ans, algérienne et je viens de Marseille. C'est mon histoire. Mon passé, mon présent et peut être un futur. Certains se reconnaîtrons peut-être, d'autres trouveront que j'abuse. Au fond je suis juste en train d...