•Chapitre 21•
~Fares~
Je passais une journée de merde.
J'avais pas dormi de la nuit. Ou plutôt j'ai pas réussi fermé l'œil. J'enchaînais les joints depuis l'aube. Je crois que j'en étais à mon sixième.
J'avais rien fait de la journée. J'avais envie de voir personne. Mais j'avais pas envie de rester chez moi. J'étais allé sur le balcon pour ne pas voir l'appartement. J'étais assis sur une chaise, les yeux rivés sur le ciel. Ça m'empêchait aussi de voir cette cité.
Ça faisait exactement quatres mois. Le vingt août.
Le ciel était couvert car il avait neigé dans la nuit. J'avais légèrement froid, malgré ma veste.
Je me demandais ce qu'il pouvait être en train de faire au même moment. S'il était dans le même état que moi ou si la haine avait tout anesthésié chez lui. D'après les dernières nouvelles, il donnait plus signe de vie.
C'était mauvais signe.
Je me rappelle de ses mots comme si c'était hier. Ils me quitteront jamais. En fait je me rappelle exactement de tout. Du moment où j'ai quitté la voiture, jusqu'à celui où j'ai annoncé la nouvelle à sa mère.
Qu'es ce qu'il aurait pensé de moi s'il me voyais comme ça ? Ou plutôt, qu'es ce qu'il pense de moi, après ça.
La vie ne tient qu'à un fil. Je l'ai appris avec le temps. Et ce fil est beaucoup trop fragile.
Je ressentais de la culpabilité. C'est pour ça que j'étais dans cet état. Et même le septième joint que j'avais commencé ne réussissait pas à m'embrouiller les idées.
J'aurais aimé avoir une vie banale. Simple. Où personne ne serait mort et où personne ne voudrait ma mort.
J'en demandais pas beaucoup. Une vie normale, c'est tout ce que je voulais. Mais Dieu en a décidé autrement.
Numéro inconnu :
T'as du sang sur les mains et je vais le venger. L'oublie jamais sale pute.
Voilà. Quand je dis "personne ne voudrait ma mort", je parle de ça.
J'ai pas pris la peine d'y répondre. Ça servait à rien. Et je le méritais, largement.
J'avais l'impression que le fardeau que je portais était encore plus lourd ce jour là. C'était sûrement la façon que Dieu avait choisi pour me punir. Mais j'arrivais pas à le supporter. J'aurais préféré tout, mais pas ça.
Rends-le moi. Rends-le nous. Je T'en prie.
J'entendais des cris venant d'en bas. C'était des gosses qui jouaient dehors. Je suis rentré pour pas continuer à les entendre.
C'était pas que j'aimais pas les enfants. Mais j'avais envie de voir personne, et voir des enfants innocents jouer ça me donnait à la fois envie de peter un plomb, et ça me donnait envie de les regarder.Je préférais donc partir. Et quelqu'un allait finir par me voir si je restais dehors. J'avais pas envie que le monde entier sache où j'étais. Le blabla ça circule trop vite. Et je commençais à avoir vraiment froid.
En fait j'avais juste envie d'être coupé du monde un moment. Je me sentais mort de l'intérieur. Mort avec lui. Je comprenais pas pourquoi j'étais toujours en vie, alors que de nous deux c'était lui le meilleur. J'avais l'impression de lui avoir volé sa vie.
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𝕷𝖊𝖎𝖑𝖆: ℭ'𝔢𝔰𝔱 𝔩𝔢 𝔡𝔢𝔰𝔱𝔦𝔫
No FicciónSelem aleïkoum. Je m'appelle Leïla, 19 ans, algérienne et je viens de Marseille. C'est mon histoire. Mon passé, mon présent et peut être un futur. Certains se reconnaîtrons peut-être, d'autres trouveront que j'abuse. Au fond je suis juste en train d...