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Être adolescent, on nous dit souvent que cela rime avec liberté, sorties, amitiés, et découvertes. Mais personne ne parle de la douleur que c'est de vivre au quotidien au milieu de nos semblables. Ces regards qui se posent lourdement sur mon dos, qui transpirent le jugement tandis ce que des rires malins retentissent. Ces doigts pointés sur mon corps, lourds de critiques et de différence, puisque je ne rentre pas dans le moule. 

Ces jeunes perdus qui ne veulent que vivre comme des adultes alors que l'innocence brille encore dans leurs yeux, fatigués par la réalité de la vie. Les connaissances qu'on pense être des amis, mais qui partiront à la moindre occasion, laissant seul cette coquille vide qui me sers de corps. 

Alors, du matin au soir, je déambule dans réel but, suivant une routine des plus agaçantes, un casque glué sur mes oreilles pour ne pas entendre ces petites voix dans ma tête, pour échapper à cette période si difficile. Puis, à l'heure de dormir, la fatigue s'en va, et je reste là, a fixer le plafond et espérer me réveiller dans un monde moins incertain le lendemain. 

Cette souffrance constante, l'impression que tout va mal en allant bien, l'impression de ne pas être légitime de se sentir mal, puisque j'ai tout ce dont je pourrais avoir besoin, me pèse à longueur de temps. Réveil difficile, car je sais que dans la journée je ne ferais rien de réellement productif. Dormir est difficile, car je sais qu'après, on recommencera exactement comme hier, et comme tous les autres jours de ma piètre vie. 

Je veux fuir. M'échapper, trouver un endroit où je pourrais faire ce que j'aime, sans contraintes d'être jugée, mal regardée ou même insultée. Un lieu où je pourrais être moi même, aimer qui je veux, m'habiller comme je le souhaite. 

Tous ces complexes viennent bien de quelque part, n'est ce pas? Pourquoi nier l'évidence que se comparer à la majorité me détruit petit à petit ? Le reflet du miroir devient de plus en plus dur à regarder, où à accepter. Ces jolies filles, qui se permettent de critiquer car elles savent qu'elles sont magnifique, que tout le monde les envie. Mais au fond, est ce que je veux vraiment devenir comme elles? Une chevelure blonde, longue et soignée, un visage très, ou trop bien maquillé, des ongles magnifiquement réalisés, long et hypnotisants comme une baguette magique, des habits courts, pour montrer a quel point elles sont magnifiques. Elles ont l'air de se sentir tellement bien dans leur peau. 

Mais au fond, à quoi je veux ressembler, moi ? Qui suis-je ?

J'aime mes cheveux courts, un peu à la garçonne, mais aussi en carré aux épaules. J'aime me maquiller, mais juste assez pour qu'on ne le voit pas. J'adore acheter des vêtements, mais lorsque qu'il sont trop moulants, révélateurs, où jugés vulgaires, je m'y sens mal. J'aime les gros pantalons cargo, les hoddies masculins, les converses customisées, les sacs en bandoulière remplis de pins plus absurdes les uns des autres, les bonnets mignons en crochet... 

Pourquoi est-ce si difficile de rentrer dans le moule ? De faire comme tout le monde ?

Parfois j'imagine ma vie, si je n'étais pas qui je suis aujourd'hui. Aurais-je été plus heureuse ? Je n'aurais pas rencontré ces amis merveilleux, je n'aurais pas eu cette expériences amoureuses, qu'elles soient hétéronormées, ou non, mes parents seraient peut être plus fiers de moi. 

En attendant, je reste cette ado, mal dans sa peau, incapable de l'expliquer avec des mots, qui reste dans son coin à écrire des textes que personne ne lira puisque c'est ringard d'extérioriser ses émotions. Je reste l'amie bizarre, la fille étrange, l'enfant différent, face à une société qui n'accepte plus les gens trop différents. Peu être qu'un jour je trouverais ma place, dans ce monde si vaste qui pourtant semble être encore trop petit. Peut être qu'un jour je saurais m'assumer telle que je suis, pour ce que je veux refléter, et ce que je veux devenir.

Recueil de textesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant