Chapitre 3.5 || ENSEMBLE - partie 2

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Isaac a toujours du mal à mettre un pied devant l'autre tandis que James nous surveille, son arme braquée sur nous. Mon cœur bat la chamade, contrairement à mes pensées qui restent... claires. Ellie fixe le sol depuis que nous avons quitté Tommy, Joel et Abby. Je n'arrive pas à prononcer un mot. Je serre sa main à nouveau, ne voulant pas penser à ce qui nous attend. Son regard est affreusement destructeur. Elle n'a absolument aucune envie de mourir, et je peux comprendre. J'avais imaginé un avenir si différent à ses côtés. Un avenir beaucoup plus prometteur que celui-ci.

— Ici, souffle Isaac, à bout de souffle.

Nous tournons vers un long couloir qui nous mène à une immense salle abandonnée, mais en partie restaurée pour effectuer des recherches, des examens, et autres. J'inspire le peu d'air que j'arrive à respirer puis entre la première, scrutant les alentours. Des gardes sont présents, armés et absolument pas amicaux, assistés de trois médecins. Il y a trois lits d'hôpital situé au centre de la pièce avec l'équipement nécessaire pour leur travail.

— Deux ?, questionne le chirurgien.
— Elle dit qu'elle est aussi immunisée.
— On ne peut pas opérer si nous ne sommes pas certains qu'elle...

— Je le suis, donc ferme-la et fais ce que tu as à faire, lance Ellie d'un ton stoïque.

Il y a un silence pesant pendant un bref moment, avant que le chirurgien nous lance deux chemises d'hôpital.

— Peu importe, occupe-toi de mon cas en premier, réplique Isaac en sortant de la pièce avec le chirurgien. Les autres sortent et James ricane légèrement en nous scrutant attentivement.

— Vous auriez dû courir plus vite, dit-il en sortant.

Je prends la chemise d'hôpital fermement entre mes doigts, une sensation de froid traversant mes doigts lorsque je touche le tissu fin et usé. Ellie me regarde, ses yeux reflétant à la fois détermination et peur. Je sais qu'elle n'aime pas cette situation, mais elle garde son visage impassible, serrant la chemise entre ses mains.

Nous sommes seules dans la salle, et je dépose la chemise sur le lit. Un long soupir s'échappe de mes lèvres et je sens la main rassurante d'Ellie se poser sur mon épaule.

— Est-ce que c'est le bon choix ? dis-je.
— Je crois qu'on n'a plus vraiment le temps de changer d'avis.
— Je sais, mais seulement...

Une larme coule sur ma joue tandis que j'essaie de contenir mes émotions.

— Je n'ai pas envie de te perdre, Ellie.
— C'est justement pour ça que je le fais avec toi, Lilianna. Je ne pourrais jamais continuer sans toi.

Je lui prends la main et l'enlace vigoureusement, ne voulant pas lâcher prise. Elle niche sa tête dans le creux de mon cou et je peux sentir sa respiration devenir plus lente. Plus je repense à ma décision, plus l'angoisse monte en moi. J'ai l'impression que nous sommes dans cette position depuis une éternité. Ce moment est brisé par la porte qui s'ouvre, laissant entrer l'homme en charge qui nous observe d'un air agacé.

— Vous n'êtes pas encore changées ?

Je l'ignore autant que possible et me déplace nonchalamment vers un coin plus reculé de la pièce, espérant y trouver un semblant de refuge. Mes mains tremblantes enfilent rapidement la chemise. Je prends une grande inspiration, tentant de calmer la tempête qui fait rage dans mon esprit, mais l'air semble se coincer dans ma gorge, me laissant suffoquer sous le poids de mes propres pensées. Elles tourbillonnent, une avalanche de peur et de frustration, me submergeant à chaque instant. Chaque fibre de mon être crie de me retourner, de saisir Ellie par la main et de fuir, de nous éloigner de tout cela, loin de cette réalité oppressante. Mais une voix intérieure me rappelle que ce n'est pas aussi simple. Il faut que je le fasse, que j'affronte ce qui m'attend.

Ellie, comme si elle lisait dans mes pensées, pose une main douce sur mon épaule, son toucher aussi léger qu'une plume. Ce simple contact suffit à me ramener à la réalité, à m'ancrer et à empêcher mon esprit de sombrer dans l'angoisse. Lentement, je tourne la tête vers elle, cherchant désespérément dans ses yeux une lueur de réconfort, une assurance muette que tout ira bien, que nous surmonterons cela ensemble. Elle approche son front du mien, et je me laisse guider, nos corps se rejoignant dans une fusion silencieuse. Le monde autour de nous s'efface, remplacé par la cadence douce de sa respiration qui emplit mes oreilles, et par les battements affolés de mon cœur qui résonnent dans ma poitrine. Ellie ferme les yeux, et nous restons là, immobiles. Mes émotions menacent de me trahir, de déborder, mais je m'accroche à cet instant, à elle, comme à une bouée de sauvetage dans une mer déchaînée.

— Merci.
— Pour quoi ?
— Pour m'avoir montré que... je n'étais pas seule...
— Ellie...

La larme que je retenais finit par couler le long de ma joue, se mêlant à notre étreinte. Je presse mes lèvres contre les siennes avec une intensité désespérée, sentant nos larmes se fondre dans la chaleur de notre baiser. À cet instant précis, il me semble que le temps lui-même s'est arrêté, suspendu entre nos souffles mêlés. Ellie resserre encore davantage nos corps, comme pour effacer toute distance entre nous, transformant ce moment en une éruption de passion et de tendresse. Pour une brève seconde, je parviens à oublier tout le reste : notre situation, notre avenir. Il n'y a plus qu'elle, elle seule, qui compte.

Nous finissons par nous lâcher, et le médecin nous ordonne de nous allonger sur les deux tables d'opération. Je regarde Ellie, et elle me fixe en retour. Nos regards ne se quittent pas. Le chirurgien parle et nous installe, mais je n'écoute pas vraiment, perdue dans mes pensées. Des millions de souvenirs défilent dans ma tête, et je ne peux m'empêcher de sourire en me rappelant notre première rencontre. À quel point j'étais incapable de la regarder dans les yeux, et maintenant... je ne peux plus détacher mon regard d'elle. Les assistantes nous placent les masques d'anesthésie et se préparent pour l'intervention.

— Je vais vous demander de compter de 10 à 0.
— 10, 9, 8...

Pour une dernière fois, je tends ma main vers Ellie alors que le décompte commence. Elle attrape ma main avec force, ses doigts se refermant autour des miens comme un ancrage. Malgré la situation, elle parvient à me sourire, bien que son sourire soit teinté de tristesse et de douleur.

— 6...5...

Nos mains peinent à rester unies, nos doigts glissant sous la pression, mais je puise dans chaque parcelle de force qu'il me reste pour ne pas la lâcher. Lutter contre l'élan qui cherche à nous séparer devient une bataille silencieuse.

— 3... 2...

Ellie lutte pour ne pas fermer les yeux, et je me bats moi aussi, mais c'est plus fort que moi. Je parviens à serrer la main d'Ellie une dernière fois, sentant la chaleur de ses doigts contre les miens, puis mes paupières se ferment malgré moi. Une vague de noirceur m'envahit, emportant avec elle la lumière et me plongeant dans l'obscurité.

— Je t'aime..., murmure Ellie avant de fermer les yeux à son tour, laissant tomber sa main dans le vide.

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fin

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TWO OF US [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant