Chapitre 2.4 || PROPENSION

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- Nous avons finis par s'endormir et lorsque nous nous sommes réveillés, rien à changé.

Je joue nerveusement avec les mailles délicates de mon chandail, mes doigts glissant le long des coutures alors que mon esprit tourbillonne dans un océan d'émotions refoulées. Fixant le vide, je ne porte pas attention à son regard qui me scrute. Étrangement, je me sens libéré, comme si le simple fait de la savoir au courant m'avait délivré d'un fardeau que je portais depuis trop longtemps. Le poids sur mes épaules s'évapore dans l'air, laissant place à une légèreté que je n'avais pas ressentie depuis des années.

Quand nos regards finissent par se croiser, c'est comme si le temps lui-même ralentissait, suspendu dans l'espace entre nous. Son regard, profond et tendre, me capture, me tenant prisonnier de son étreinte invisible. Dans ses yeux, je lis une compréhension silencieuse, un écho de cette connexion que nous partageons. Et malgré la douleur de savoir qu'elle est liée à Dina, je ne peux m'empêcher de me noyer dans le vert de ses yeux, de me perdre dans la promesse muette de ce que pourrait être, si seulement les circonstances étaient différentes.

Je prends conscience de notre environnement alors que je regarde Ellie, réalisant que nos corps se sont étrangement rapprochés, laissant un espace étroit mais respectueux entre nous. Nos regards demeurent ancrés l'un dans l'autre, alors qu'elle se mord légèrement la lèvre inférieure, signe probable de nervosité, avant de détourner les yeux. C'est à ce moment que je réalise avec une clarté brutale que je suis tombée amoureuse d'elle, d'une manière à la fois terrible et délibérée. Et maintenant, je suis désemparée, ne sachant plus comment agir face à cette révélation. La conscience de notre lien commun ne fait qu'ajouter à l'attachement difficile à dissimuler, rendant chaque interaction chargée d'une tension insoutenable. Est-ce normal de tombé en amour si rapidement. ?

Pour détendre la tension et le malaise qui grandit entre nous, je décide de parler en premier.

- Et toi ? Comment c'est arrivé ?

Je détecte une tension croissante en elle, indiquant une douleur associée au sujet abordé. Ses sourcils se froncent tandis qu'elle fixe intensément le sol, ses coudes serrés contre ses jambes. Un soupir pesant s'échappe de sa poitrine, et elle passe sa main fatiguée contre son visage, cherchant peut-être un réconfort momentané.

- C'est..um..c'est arrivé lorsque j'avais 14 ans.

À l'instant où elle laisse échapper ses premiers mots, je ressens un profond soulagement, reconnaissant qu'elle ait enfin abaissé sa garde en ma présence. Dès que mes yeux se sont posés sur Ellie pour la première fois, j'ai immédiatement perçu la densité de la carapace qu'elle avait érigée autour d'elle, une barrière difficile à franchir. Son passé chargé semble peser lourdement sur ses épaules, mais l'élan de confiance qu'elle m'accorde est pour moi une source de réconfort profond. Je pense qu'elle ne m'aurait jamais raconté tout ça si les circonstances était différentes.

- J'étais avec une amie et on à décider de s'aventurer dans un centre commercial abandonné. On avait pas pensé qu'il y aurait des infectés, mais nous avions tort.

Elle se laisse aller, adossant son dos au canapé, libérant un soupir qui semble décharger le même fardeau qui pesait sur mes épaules. Ses doigts s'entrelacent nerveusement, mais elle maintient toujours son expression sérieuse, comme si elle ne voulait pas laisser transparaître toutes les émotions qui se bousculent en elle.

- Elle.. s'est transforée et.. pas moi.
- Putain.. murmurais-je à moi-même.
- Ouais..

Dans un élan soudain et irrésistible, je dépose ma main délicate sur la sienne, capturant son regard avec compassion. Ses yeux sondent une fois de plus les miens, tandis que je surprends ses prunelles effectuer des allers-retours entre mes lèvres et mes yeux. Mon cœur s'emballe, vibrant au rythme frénétique de l'attraction, tandis que mon regard explore chaque ligne, chaque nuance de son visage envoûtant qui m'a ensorcelé depuis notre première rencontre. Une force mystérieuse, invisible mais indéniable, semble nous pousser l'un vers l'autre, réduisant à néant l'espace ténu qui nous sépare. Pourtant, malgré le tourbillon d'émotions qui m'envahit, je demeure conscient que franchir le pas serait une marque d'irrespect envers sa relation existante. Je lutte vaillamment contre mes pulsions, mais sa présence même ne fait qu'attiser les flammes de désir qui brûlent en moi. Seul le doux murmure synchronisé de nos respirations haletantes vient rompre le silence de la pièce, témoignant de l'intensité de notre connexion naissante.

Ses mouvements se font plus proches, presque irrésistibles, comme si elle était ensorcelée par une force invisible. Son regard captivant reste fixé sur mes lèvres, pendant que les miens se perdent dans ses yeux verts étincelants. Le souffle de sa respiration, chaud et caressant, effleure délicatement mon visage, créant une sensation électrisante. L'espace entre nous se réduit à peine, à tel point que nos lèvres se frôlent à peine, comme une douce invitation à la tentation.

Mes yeux s'écarquillent lorsque je réalise quelque chose.

- La patrouille... dis-je surprise.

Ellie recule lentement, puis se raclant la gorge, elle réalise soudain l'ampleur de ses actes. Elle essuie nerveusement ses paumes moites contre son jean avant de se lever précipitamment du canapé.

- Putain..

Je me lève à mon tour, attrapant ma veste et mon sac à dos, tandis que je m'efforce de me convaincre que je n'étais pas sur le point d'embrasser Ellie.

- Dépêche toi, merde.
- Oui, oui.

Nous nous précipitons à l'extérieur et filons vers l'écurie. Ellie récupère Paillette tandis que je m'empare de nos armes et munitions. Dina et Jesse nous observent courir pour récupérer nos effets et échangent un regard suspicieux. Finalement, nous nous retrouvons tous les deux devant les portes principales, et Jesse ne peut s'empêcher de lâcher un commentaire.

- Un retardataire peut être excusé, mais si vous commencez à synchroniser vos retards, alors là...
- Ferme-là, nous sortons à l'unisson Ellie et moi.

Un bref regard est échangé mais pas plus. Dina enlace et embrasse Ellie et retorque.

- Vous êtes arrivés.. ensemble ?

Je m'apprêtais à parler, mais Ellie est plus rapidement.

- Non.. uh, on s'est croisé pendant qu'on courait pour venir ici.

Je la fixe du regard, fronçant les sourcils dans une tentative de comprendre son mensonge. Une partie de moi saisit la situation, mais l'autre reste perplexe quant à pourquoi elle n'a pas simplement choisi de dire qu'on discutait. Quoi que.. on était sur le point de s'embrasser.

Je retire ses pensées de mon esprit et me prépare à monter sur Paillette. Ellie me pointe le cheval et me dit :

- Monte.
- Je ne sais pas en faire.
- Je t'ai dis que j'allais te montrer.

Avec un sourire léger, je prends place sur le dos de Paillette. Ellie échange un tendre baiser avec Dina avant de rejoindre l'arrière, se positionnant à mes côtés, dans une proximité réconfortante.

- Tu peux prendre la corde et positionne bien tes pied sur les étriers.

Avec sa taille légèrement supérieure à la mienne, sa tête se trouve à la hauteur de la mienne, et elle me guide rapidement à travers les choses à retenir, juste avant que Maria ne nous rappelle à l'ordre, nous signalant que nous sommes déjà en retard. Les bras d'Ellie m'enlacent doucement, me faisant signe de partir sans plus tarder.

TWO OF US [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant