𝐈.

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«  𝐂𝐨𝐦𝐞 𝐚𝐬 𝐲𝐨𝐮 𝐚𝐫𝐞, 𝐚𝐬 𝐚 𝐤𝐧𝐨𝐰𝐧 𝐞𝐧𝐞𝐦𝐲 »

Come as you are - Nirvana

Emily

L'automne s'est doucement glissé dans les rues de Los Angeles, en emportant tout sur son passage. Les arbres autrefois fort et vaillant se sont retrouvés à la fois sec et suintant par l'humidité qu'avaient semé les légères pluies en ce mois de septembre. Dû aux températures habituellement chaudes en Californie, le froid ne se ressent pas autant que si je serais présente en Angleterre, par exemple. Le sol est recouvert de quelques feuilles qui commencent à perdre leurs éclats, presque toutes teintées d'une couleur auburn se reluisent désormais des gouttes de pluie qui ont encombré les bouches d'égouts ainsi que les autoroutes.


Les Etats Unis changent énormément du Vietnam, les gens attendent impatiemment Halloween tandis que les enfants sautent de joie dans les flaques d'eau éparpillées un peu partout. Malgré l'humeur maussade de ce mois, l'air garde sa fraîcheur due à la brume marine qui houle depuis les côtes maritimes. J'aimerais me retrouver devant l'océan, sur une montagne où je pourrais tout voir d'en haut ; un endroit où seules mes pensées peuvent m'atteindre, mais à la place, je me retrouve ici, au quartier Westwood. Là où les rues sont animées et les soirées bondées par les étudiants tous optimistes en quête de nouvelles rencontres pour cette nouvelle année scolaire.

Je ne m'y sens pas enjaillé, bien au contraire, je ne sais même pas ce que je fous ici honnêtement. Le destin en a sûrement décidé ainsi, et je n'ai pas eu le cran de protester. Cela m'importe peu de savoir où je finirai demain, je me laisserai toujours porter là où le vent me mène.


Et rien qu'en ce moment, je le laissais me transporter jusqu'à la cafétéria qui semblait saturée de monde, grâce aux nuances épicées qui ouvraient mon appétit. J'ignorais quel jour on était, mais cela devrait sûrement faire quelques semaines que les cours avaient commencé. Entre les journées d'intégration et les diverses soirées organisées par les troisièmes années, je n'étais pas loin de mes surprises en découvrant les vraies fêtes américaines, celles du fameux LA dont on m'a toujours parlé plus jeune. La débauche et la luxure en fait son charme, certes beaucoup moins enfantin qu'à l'époque, sur les grands écrans plats du cinéma, mais, toujours plaisant. L'ombre de mes désirs s'y trouvait, alors j'y étais toujours comblé.


C'était comme si, peu importe ce que je pouvais faire ou dire, mes actions me ramènent toujours vers eux ; je suis presque peiné d'admettre que je m'y sens confortable. Je ne devrais pas, c'est vrai, mais le seul plaisir dont j'ai eu connaissance n'était autre que ces pauvres feuilles séchées, ces foutues miettes de poussière qui aspiraient mon âme tant que j'en consommais. Et rien qu'en ce moment, je ressens ce manque creuser l'intérieur de mon estomac.

Est ce le manque, ou la faim ? Le silence règne toujours, parce que c'est la seule réponse que je puisse m'offrir.

Après avoir fait la queue durant je ne saurais combien de minutes, je suis enfin arrivée face aux plateaux dispersés sur une petite étagère ; j'en prends un ainsi que quelques couverts et une assiette avant de m'approcher des cantinières qui ne semblent pas aussi joyeuses que la majorité des élèves ici.

Mon attention se fait surtout attirée par les plats présents face à moi : purée de pommes de terre, légumes et un pauvre steak desséché. Cool ça, c'est un régime ou une future intoxication alimentaire ? Je m'en passerais volontiers. Alors que je m'apprêtais à avancer, l'une des cantinières fit retentir sa cuillère contre le contenant de purée face à moi, faisant sursauter le peu de personnes autour de moi.

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