𝐈𝐈.

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« 𝐉'𝐞́𝐭𝐚𝐢𝐬 𝐛𝐢𝐞𝐧 𝐠𝐮𝐞́𝐫𝐢, 𝐞𝐧 𝐞́𝐜𝐫𝐚𝐬𝐚𝐧𝐭 𝐥𝐞 𝐩𝐚𝐩𝐢𝐥𝐥𝐨𝐧. »

Society - Pathetic

Emily


Plusieurs jours se sont écoulés depuis mes retrouvailles avec Milo. Le temps s'est assombri, la pluie nous chasse des rues et cette température qui me glace les pieds me pousse à me glisser sous ma couette et à y demeurer, autant que possible ; jusqu'à ce que morphée me prenne dans ses bras.

Mais mon inquiétude continue de demeurer dans mes pensées, elle les domine jusqu'à en faire mes ongles s'attarder sur mes mèches durant toute la nuit, le regard perché au-dessus de son épaule pour m'assurer qu'il dorme bien, qu'il ne tremble pas de froid et ne suffoque pas dans son sommeil comme à chaque fois où il avait le malheur de faire des cauchemars. Ses propres démons s'enivrent de la douleur qu'il s'infligeait, se délectant de chacun de ses souffles étouffés qui l'ont amené à faire de l'apnée du sommeil.


Je n'ai même pas assez d'argent pour lui acheter un appareil digne de ce nom afin qu'il dorme mieux, je ne sais même pas comment je devrais réagir s'il s'avérait faire une crise juste en face de moi, là maintenant. Je n'ai jamais su quoi faire. Peut-être que les voisins m'entendraient pleurer et crier à l'aide, peut-être qu'ils seraient venus nous secourir ; mais rien que songer à cette hypothèse me rappelle que personne n'aide les gens comme nous, les âmes égarées comme lui, les âmes pures.


Celles qui méritent plus que l'amour d'une sœur, mais celui du monde entier, celui d'un père et d'une mère, et non celui d'un enfant abandonné à lui-même bien trop tôt, bien trop violemment et qui n'a jamais pu être considéré tel qu'il le méritait.


J'aimerais lui offrir plus, mais je sais que j'en suis incapable, car tout ce que je donne sont des signes d'infection, tel une maladie rare qui se propage en vous d'une lenteur plus que douloureuse afin que vous sentiez ces agrumes s'y percher et s'y agripper jusqu'à ce que vous n'ayez plus qu'un goût amer dans votre œsophage, un dégoût qui vous donnerait des démangeaisons grotesques jusqu'à s'en arracher la peau.



Mais je ne veux pas lui arracher le cœur, à lui non plus. Il ne mérite pas ça.


Le seul verre brisé, qui ne peut être recollé, ce doit être moi et personne d'autre.


Un léger sourire étire mes lèvres lorsque je me rendis compte qu'il tenait dans ses bras une peluche en forme de chiot, ce fameux chien qui était un personnage à part entière dans les mystères de Tintin, Milou. D'un côté, il lui ressemblait beaucoup grâce à sa maladresse et son attitude pour autant sensible ; sa bienveillance est comme une bouffée d'air frais, qui ne cesse de me ramener à ces journées réchauffées sous le soleil d'Asie.


Mon pays me manque, mais les traumatismes que j'ai enterrés là-bas se doivent de rester sous terre, si un jour, ils déambulent jusqu'ici, je ne tiendrais sûrement pas jusqu'à la fin de l'année ; mais surtout, Milo s'effondra, lui aussi.

Son âme s'est déjà fait consumer par ces flammes, par le feu ardent d'une malédiction qui ne bénéficie d'aucun remède, aucun mirage qui ne puisse réparer les pots cassés. Je crois que j'en voudrais toute ma vie l'univers pour m'empêcher de trouver une solution à tout ça. C'est une certitude.


Je soupire lourdement en me redressant du matelas, un lit d'une place où nous nous écrasons mutuellement en quête d'une position confortable afin de trouver un moyen de dormir correctement. Si j'avais su que les chambres étudiantes étaient aussi peu confortables, j'aurais cherché un autre appartement avant son arrivée pour l'accueillir dignement.


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