L'Institut (ou expression de fantasmes non complexés)

Chapitre 3 - Murielle

L'assistante coréenne déambulait dans les couloirs de l'Institut. Il était encore très tôt et il n'y avait encore aucune animation. Les maîtres dormaient et les réveilleuses n'étaient pas encore arrivées. Elle aimait par-dessus tout cet endroit. Elle y vivait quasiment à cent pour cent et elle retournait à son petit appartement qu'une fois par semaine, pour récupérer les factures et arroser ses plantes...celles qui n'avaient pas déjà séché. Célibataire, bisexuelle et heureuse d'être l'assistante attitrée d'un des membres fondateurs de ce paradis. Elle travaillait pour Bénédict depuis des années, quand il était encore à la tête d'une grosse entreprise d'eau minérale. Il l'avait engagée dès sa sortie de la fac, elle n'était alors qu'âgée de vingt-trois ans. Ils avaient tout de suite été attirés l'un par l'autre, mais sans jamais passer à l'acte. Quand il avait tout quitté à la suite d'un très gros coup en « Private Equity », il lui avait expliqué lors d'un dîner en tête à tête ce qu'il désirait créer avec d'autres personnes : l'Institut. Elle avait cru rêver. Sa vie sexuelle à cette époque était banale, sans ennui, mais sans excès. Elle était faite pour travailler et le sexe n'était qu'un moyen d'expulser son stress et sa tension. Quand elle eut assimilé ce que Bénédict lui demandait, elle avait dû se retenir de crier de joie. Cet Institut et ce poste dépassaient ce qu'elle pouvait même imaginer. Au fil du temps, son côté dominateur et/ou soumis avait ressurgi et elle avait en profité au maximum. Son attirance envers son patron avait également été assouvie.

Elle se dirigea vers la cafétéria, qui venait juste d'ouvrir. Les serveuses préparaient le petit-déjeuner et une douce odeur de pain et de café flottait dans l'air. Elle se fit servir rapidement, avala tranquillement ses toasts et but son thé. Elle fila ensuite vers les bureaux. Son travail impliquait également de surveiller le service comptabilité. C'est elle-même qui avait engagé les deux secrétaires-comptables. Deux filles ouvertes d'esprit pour travailler dans un tel endroit, mais peu ou pas intéressées à en faire vraiment partie. Chacun à son poste et tout ira bien.

— Bonjour mesdemoiselles, dit Murielle en entrant.

Une seule fille était là, en train d'enlever sa veste.

— Oh, bonjour, mademoiselle Murielle, j'arrive à l'instant.

Murielle consulta sa montre. Il était effectivement encore tôt.

— Bonjour, Sylvie. À quelle heure arrive Janine ?

— Dans trente ou quarante minutes, je pense.

— Bon alors, je vais l'attendre, il y a des choses que nous devons voir ensemble.

Sylvie acquiesça et s'assit à son bureau. Murielle la détailla. C'était une petite grosse de vingt-cinq ans, aux longs cheveux bruns et au joli visage. Elle travaillait pour eux depuis quatre mois environ.

Murielle eut soudain une envie perverse envers cette jolie petite grassouillette. Ce n'était pas la première fois, mais par contre, c'était la première fois qu'elle se retrouvait seule avec elle. Elle décida de passer à l'action.

— Tu vas bien, Sylvie ? Tu as un petit ami ?

Sylvie se retourna, l'air surpris. La sévère assistante ne lui parlait jamais.

— Euh, non, pas ces temps.

— À quand remonte le dernier ?

Sylvie rougit, embarrassée.

— Euh, en fait, le dernier...euh...il y a deux ans, dit-elle en baissant la tête.

Murielle sentit son bas-ventre la démanger. Elle venait de repérer une proie.

— Deux ans ? Une jolie fille comme toi ?

Sylvie avait un corps ingrat pour les standards actuels, mais un joli visage rond, au petit nez retroussé, une jolie bouche et de grands yeux verts.