Au Prix De La Liberté

Chapitre 15

Des doigts effleurèrent ma tempes alors que j'émergeais lentement du sommeil. Je me retournais en m'étirant. Quand mes paupières se décidèrent à s'ouvrirent, j'entrevis Estephan. Ses iris dorés me contemplaient avec douceur alors qu'un sourire béat apparut sur son visage.

"Bonjour ma douce, comment te sens-tu?"

Son ton doux me réchauffa la poitrine.

"Je vais bien même si un mal de crâne se profile."

Il pouffa en jouant avec mes cheveux, ses doigts frôlant ma tempe me firent frissonner. Il me fallut quelque instant pour me concentrer et me rappeler la nuit dernière. J'avais été insupportable, en plus de m'être noyée dans l'alcool, j'avais batifolé avec tous les jeunes hommes de la soirée. Soudain, une image me revint en tête, Estephan et moi se serrant l'un contre l'autre avant de rentrer. Mes joues se mirent à me brûler alors que j'observais l'homme penché au-dessus de moi. J'enfouis rapidement mon visage dans mes mains pour cacher mon embarras. Comment avais-je pu faire cela. Son rire résonna dans mes tympans et me donna envie de revivre cette soirée encore et encore. Il saisit délicatement mes poignets pour les écarter de ma figure.

"Tout va bien princesse?"

Je donnais un cou dans son épaule en m'enfouissant sous les couvertures. Il explosa de rire pendant quelques minutes avant de se pencher vers moi.

"Ne t'en fais pas princesse, j'attendrai aussi longtemps qu'il le faille pour qu'on puisse discuter d'hier, fit-il en caressant mon dos."

Puis je le sentis se lever et sortir dans un silence léger. Mon cœur battait si vite dans ma poitrine que je cru qu'il allait exploser. Une sensation étrange me réchauffait la poitrine et enlaçait mes peurs. Quand on toqua à la porte, je cru un instant qu'Estephan était revenu et une pointe de déception me parcourut quand j'entrevis Amric. Il se tenait là, appuyé dans l'encadrement, avec un sourire rempli de sincérité.

"Il y a un jeune homme qui t'attend dans le salon. Tu devrais te dépêcher, il est en train de prévoir votre mariage."

Je me relevais d'une traite.

"Pardon?

-Je ne plaisante pas, pouffa-t-il. Habille toi et descend avant que Vanivi ne le traîne dehors."

Sur ces mots il repartit observer le spectacle qui se déroulait en bas. J'attrapais la robe que Trisna m'avait donnée et dévalais les escaliers. Des éclats de voix commençaient à percer le calme de la maison. Quand j'entrais j'aperçus mes amis en train de cacher leur rires dans leurs mains tandis que Vanivi et un homme se disputaient. L'homme faisait de grands signes avec ses mains en prenant Vanivi de haut. Ses cheveux roux lui tombaient sur le front alors que ses yeux noisette se posaient sur moi.

"La voilà, s'exclama-t-il. Elle va vous le dire elle."

Il se rua sur moi et m'attrapa par les épaules, son regard était rempli d'une suffisance plus qu'agaçante.

"Je m'excuse de vous demander cela mais qui êtes-vous?"

Ses mains se resserrèrent sur mes épaules.

"Maintenant que c'est dit, sors de là, lança froidement Vanivi.

-Pas sans ma promise, il se baissa à ma hauteur. Je suis sûr que dès que tu auras repris tes esprits, tu sauras très bien qui je suis ma puce."

Son souffle sur ma peau, son regard pleins de frustration, ses ongles plantés dans ma peau, tout chez cet homme me rappelait le palais. Mon corps voulait s'enfuir en courant mais mon esprit me hurlait de faire front. Que trop d'hommes m'avaient touchés ainsi pour que cela m'effraie encore. Sans même réfléchir à ma décision, je plaquais mes deux mains sur son torse et le repoussai avec brutalité. Il me regarda incrédule et indigné puis une colère primitive plissa ses traits. Il leva la main comme pour me gifler mais Vanivi s'interposa. Mes amis avaient cessé de rire, tous étaient sur leur gardes.