Chapitre 3

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J'ouvris doucement les yeux. Une douleur m'assailla la tempe alors que me relevai. Je me trouvais dans une petite chambre sombre, assise dans un lit. Une chaise était posée à mon chevet accompagnée d'une bassine d'eau trouble et de plusieurs serviettes tachées jonchant le sol. L'odeur métallique qui flottait dans l'air m'indiquait que ce qui troublait l'eau et tachait les serviettes était du sang. Je portais délicatement mes doigts à mon front, une plaie longue de deux phalanges s'y trouvait. En regardant mes doigts, je compris que la plaie ne saignait plus. Combien de temps étais-je restée inconsciente?

Soudain des bruits de pas se firent entendre, plusieurs personnes approchaient. Je me levai et me plaquai contre le mur juste derrière la porte. A ce mouvement, une envie de vomir me prit tant la douleur était vive. Je fermais les yeux et respirais le plus doucement possible, je devais sortir d'ici et vite. La porte s'ouvrit accompagnée d'un silence lourd.

"Où elle est passée, cria un homme."

J'entendis le parquet grincer alors qu'il s'avança dans la pièce. Si il se retournait s'en était fini de moi. Je priais tous les dieux pour que ça n'arrive pas. Deux autres hommes entrèrent et à cet instant je compris. Ils refermèrent la porte et je croisais son regard. Son regard doré, Estephan.

Un long frisson me parcourut l'échine. Il fallait que je sorte. Ils avaient assez reculé pour que je puisse tenter de sortir. Je me précipitai vers la poignée mais fut agrippée par la taille avant de ne serait-ce que pouvoir la tourner. On me jeta sur le lit et malgré la douceur avec laquelle on l'avait fait je senti le monde tourner d'avantage autour de moi. Mais je me rassis tout de même, le dos plaqué contre le mur. Et enfin j'apperçu les deux autres hommes. L'homme blond que j'avais croisé au bal et avant d'être attaquée se tenait devant moi, le regard emplit d'inquiétude et de tendresse. A côté de lui se tenait le jeune homme qui avait déboulé sur le balcon lors de notre rencontre. Et au bord du lit, assis silencieusement, me fixait le bras droit du roi, Estephan. Il tendit me tendit un mouchoir d'un air désolée.

"Pour votre tempe, la plaie s'est rouverte."

Je me contentais de le regarder avec mépris.

"Où suis-je, demandai-je froidement.

-Dans un chalet à la frontière Est de la ville, répondit le blond."

Je ne pris même pas la peine de me tourner vers lui et continuais à soutenir le regard du traître.

"Pourquoi suis-je là?"

Estephan secoua la tête et déposa le mouchoir, qu'il avait gardé tendu vers moi, à mes pieds avant de se lever pour se poster devant moi.

"Avant de vous expliquer ceci j'aimerais vous présenter mes compagnons. Voici Amric, mon bras droit, n'hésitez pas à lui faire savoir si vous avez besoin de quoique ce soit, fit-il en désignant le blond. Et voici Erove, mon chef des armées, nous savons tous nous battre mais si vous avez besoin de protections c'est à lui qu'il faut vous adresser."

Il parlait comme s' il était sûr et certain que je resterai avec eux sans broncher. Il s'assit juste devant moi.

"Pourquoi avez vous besoin d'un bras droit? Vous êtes chevalier et puis quelles armées il dirige, demandai-je en désignant le dénommé Erove.

-Justement j'y venait, soupira-t-il. Nous sommes tous trois membres de la rébellion. Si vous voulez rentrer dans les détails, je suis l'un de ses dirigeants. Nous vous avons amené ici pour vous demandez votre aide et..., il s'arrêta, pour que vous nous rejoignez."

Je ne pu contenir mon rire.

"Vous voulez ma mort, soufflai-je entre deux éclats de rire."

Les trois hommes se regardèrent entre eux, confus.

"Non justement, on veut vous sortir de là, dit Erove.

-Vous savez combien de preux chevaliers comme vous m'ont sorti ça. Je n'ai pas besoin d'être sauvé, je survis là bas depuis des années, seule. Alors ramenez-moi au palais maintenant, ordonnai-je.

-On ne te veut aucun mal, dit timidement Amric. On veut simplement te sortir de cet enfer."

Je me tournais vers lui.

"Ne me faites pas croire que vous voulez me libérer par pur charité. Vous voulez mon aide, vous venez de le dire. Et même si par miracle la rébellion gagne, que deviendrai-je? Que ferez vous de moi, hein? Qu'adviendra-t-il de la putain du roi, hurlai-je."

Amric poussa Estephan et vint poser sa main sur mon épaule.

"Vous rentrerez chez vous."

Cette réponse me prit de court. Rentrer chez moi? J'en avais rêvé des centaines de fois mais je n'avais jamais envisagé sérieusement que cela se produise. Un silence se fit, dans la salle tout comme dans mon esprit. J'appuyai mon dos contre le mur, perdu dans ma réflexion. Est ce que j'étais prête à prendre un tel risque pour espérer rentrer chez moi? Si Alistor me récupérait, il ne me tuerai pas mais trouverait quelque chose de pire à me faire subir. Mais en même temps, la simple idée de retrouver ma maison me remplissait d'espoir.

Estephan s'éclaircit la gorge.

"Vous avez encore quelque temps pour réfléchir pour l'instant, vous devez vous reposer. Il y a des vêtements dans la commode, fit-il en désignant le meuble. La salle de bain est juste en face, prenez le temps qu'il vous faut et rejoignez-nous en bas quand vous aurez fini d'accord?"

J'hochais doucement la tête en les regardant se lever et partir. Quand Erove fut à la porte il se retourna et me dit avec un grand sourir.

"Désolé de vous avoir frappée."

Puis reparti joyeusement. Je me levais exténuée et attrapais de quoi m'habiller. La baignoire était déjà pleine et je me glissai dedans heureuse d'être enfin seule.

Au Prix De La LibertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant