Chapitre 6

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Le bras gauche attaché derrière le dos, je tiens en face de moi une longue épée en bois. Je me tiens debout au milieu de l'allée principale du village, une longue route de terre dure, pratique pour se battre, et un attroupement de rebelles s'est formé autour de moi et de mon opposant. Une petite brise fraîche atténue la chaleur insupportable du soleil à son zénith.

J'ai appris que le géant se nommait Armand. Imbu de lui-même, il a proposé de se faire attacher son bras le moins fort. J'ai donc accepté, si je pouvais faire de même.

On m'a donné des petites bottes d'équitation noires, car je n'ai toujours pas le droit d'avoir les miennes, pointues, dangereuses, mais confortables.

J'affiche une expression assurée, car je ne doute pas de mes capacités. Cependant, je garde quand même une certaine réserve. L'homme en face de moi a visiblement beaucoup de force, et il pourrait m'étonner avec ses techniques. Il ne faut pas que je le sous-estime.

Un silence de mort pèse sur la rue lorsque j'avance d'un pas, prête à l'attaquer. Mon adversaire dégaine son épée, elle aussi en bois, prêt à croiser le fer, enfin le bois, avec moi. Je secoue la tête. Ce n'est pas le moment de faire des blagues nulles, il faut que je me concentre. Pour lui donner une bonne leçon.

Soudain, il fonce tête baissée vers moi, lame en avant.

Mauvaise idée, je ricane intérieurement.

Au moment où il s'apprête à me pourfendre, je pare l'attaque et saute en l'air en esquissant un salto avant de prendre appui sur ses épaules et de sauter à nouveau pour atterrir élégamment derrière lui.

Des acclamations se font entendre. Armand se retourne violemment pour donner un puissant coup d'épée que je bloque aussitôt. Toujours concentrée, je lui murmure :

— Tu ne devrais pas compter sur ta force brute uniquement.

Furieux, il m'attaque avec encore plus d'acharnement, enchaînant coup sur coup que j'esquive aussitôt.

Je porte un coup sur son épaule. Il l'évite juste à temps.

— Mais j'ai quand même d'autres talents, sourit-il méchamment.

Je ne dis rien, mais je pouffe légèrement, amusée. Cet homme a beaucoup de confiance en lui-même, un peu trop, même.

Il positionne l'épée en face de lui, et a un moment de pause pendant lequel je le contourne en courant pour frapper ses mollets violemment. Ses jambes vacillent mais il tient bon. Il se retourne vivement pour contrer le coup que je m'apprêtai à lui asséner sur le crâne.

— Ne lâche jamais ton adversaire et ne lui donne jamais de répit ! je m'exclame en sautant en arrière, prête à revenir à la charge.

Il peste, furieux, et nous échangeons encore quelques coups dans un ballet gracieux de lames en bois.

Je donne un violent coup de pied dans son estomac, et il se plie en deux de douleur. J'en profite pour reprendre un peu mon souffle. De la sueur coulent sur nos fronts.

Il se relève et fonce vers moi. Je détourne son épée. Les applaudissements continuent pendant que je tente de lui faire lâcher. Il tient bon, cependant. Alors, je recule. Et je baisse ma garde.

Il tombe aussitôt dans le piège. Il vise ma gorge. Je baisse la tête. Puis je donne un coup dans sa hanche. Il grogne de douleur. Mais il ne s'arrête pas.

Il cible mon épaule droite. D'un coup, je fais voler son épée. Elle tournoie dans les airs avant d'atterrir quelques mètres plus loin. Il la regarde, puis croise mon regard. Je souris. Puis, je pose mon épée sur sa nuque et dis simplement :

La Guerrière d'EvergreenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant