Je fouille dans chaque placard, à la recherche de bons ingrédients, et est surprise quand je découvre toutes sortes d'aliments frais.
— Alors... je me murmure à moi-même. Des fruits... Des légumes... Du pain... Et bien, j'imagine que si je suis détenue, autant profiter de la bonne nourriture !
Je me frotte les mains et me mets au travail. J'observais toujours Maman cuisiner, j'adorais ça.
Je prends des concombres dans le placard et les coupe en tranches, avant de faire pareil avec les tomates et de les mettre dans un grand bol. Je fais cuire du riz et trouve du thon et du maïs, que je jette dans le bol aussi. Quand le riz est cuit, je le mélange avec le reste et le fais refroidir.
Je vais dans le salon et demande :
— Il est quelle heure, Aodhan ?
— Il y a une horloge au-dessus de la cheminée, répond-elle sans interrompre sa lecture.
Je tourne la tête et voit l'horloge en question. Elle affiche dix-huit heures.
— T'as faim ?
— Non. Mais c'est moi qui vais faire à manger, t'embête pas.
— J'ai pas envie de me faire empoisonner, merci, je réplique sèchement.
— Moi non plus, rétorque-t-elle en tournant la page.
— Sauf que moi, j'ai pas de poison à disposition si j'en réclame.
Elle hausse les épaules, admettant que je n'ai pas tort, mais me lance quand même une pique :
— Bon, fais à manger si ça te chante, mais je vais me préparer autre chose, parce que j'ai envie de manger quelque chose de bon, tu vois.
Je lève les yeux au ciel et retourne dans la cuisine. Je prends quelques fruits que je mélange pour faire une salade de fruits. Puis je mets la table, et m'assois sur une chaise en regardant par la fenêtre.
Il n'y a plus que quelques personnes qui passent devant le chalet et qui jettent un coup d'œil curieux. Les deux gardes sont toujours là, droits comme des piquets. Au moins, leur armée est disciplinée. Un petit sourire se dessine sur mes lèvres. Je suis prise en otage mais je me permets quand même d'évaluer leurs soldats.
Je pose les mains sur mes yeux et rejette la tête en arrière, souriant à pleines dents. Je suis irrécupérable.
Puis, je lâche un râle, pose les pieds sur la table et croise les bras sur ma poitrine. Puis je regarde par la fenêtre, observant le ciel rouge et violet du coucher du soleil. Une mèche verte de cheveux me retombe sur les yeux, et je la repousse en soufflant dessus.
— Pff... Quelle gamine. T'as vingt-cinq ans, pas cinq, grommelle Aodhan en entrant dans la pièce.
— J'ai dû avoir quarante ans dans la tête quand mon corps en avait quinze pour faire face aux horreurs que j'ai vu, j'ai le droit de divaguer de temps en temps, je rétorque.
— C'est pas faux, hausse-t-elle les épaules.
Elle s'assoit sur la chaise en face de moi et observe le bol.
— C'est quoi ?
— De la salade de riz.
— Ah ! J'aime bien ça. T'as de la vinaigrette ?
Les yeux brillants et le bout de la langue qui dépassait de ses lèvres, cette femme à l'aura sauvage affiche une expression assez... mignonne. Je pouffe, puis me lève et la sers, en disant :
— Je sais pas si il y a de la vinaigrette, regarde dans le placard.
Elle se lève et fouille un peu avant de trouver un petit flacon rempli de sauce, et en renverse dans son assiette, puis me le tend. Je le prends et fais pareil.
Puis nous mangeons.
— Et toi, t'as quel âge ? je demande.
— Vingt-sept ans, réplique-t-elle.
J'hoche la tête.
Après manger, nous allons à l'étage. Elle me montre ma chambre, et en voyant le tout petit lit, je regrette la grande chambre du palais d'Achlys. Elle me laisse et je me laisse tomber sur le lit, puis je ferme les yeux.
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La Guerrière d'Evergreen
FantasíaDix ans. Dix ans de guerre contre un empire qui l'a laissée fatiguée, blessée, et traumatisée, mais victorieuse. Eowyn, la Générale des Armées, est revenue après cette décennie de combats, à la capitale du royaume d'Evergreen, accompagnée de son ar...