Chapitre 5

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Il me guide vers une petite maison reculée du village, dans laquelle nous entrons. Au milieu de la pièce dans laquelle nous sommes entrés trône une table rectangulaire couverte d'une grande carte d'Evergreen. Nous grimpons des petits escaliers, il ouvre une trappe et nous arrivons sur un toit plat. Je l'observe, confuse, mais il ignore mon regard. Il s'assoit par terre, ce qui me surprend fortement. Puis il me fait signe de le rejoindre, mais je me méfie, et me met simplement debout derrière lui.

— Je ne vais rien te faire si tu t'assois à côté de moi, tu as ma parole, promet Helori.

— Ta parole de traître, je n'en veux pas, je réplique du tac au tac, avant de tout de même m'asseoir près de lui.

Il soupire, puis lève les yeux vers le ciel, m'intimant à faire pareil.

— Dans très peu de temps, tu le verras, Cataclysme, affirme-t-il.

Je regarde le ciel. Il est encore orangé à cause du soleil qui se lève. Quelques nuages le parsèment, mais je ne peux remarquer rien d'anormal.

— D'un instant à l'autre... Il passe tous les matins à l'aube et le soir au crépuscule, vers là-bas, dit-il en pointant du doigt plus loin dans le ciel.

Qu'est-ce que ce Cataclysme ? Un orage puissant ? C'est une chose volante, parce que c'est dans le ciel... Mais quoi ?

J'attends quelques minutes, lorsque soudain, je sursaute.

Un long rugissement puissant est parvenu jusqu'à mes oreilles. Et puis, d'un coup, dans un battement d'ailes monstrueux, un énorme dragon violet apparaît dans mon champ de vision.

Il est assez éloigné, mais il est tellement grand que je peux voir avec détail ses ailes dont la membrane lavande est trouée ci et là. Deux immenses cornes d'un violet foncé se collent à son front et dévalent le long de sa nuque jusqu'à ses épaules. Ses quatre grandes pattes sont plaquées sur son torse pendant qu'il vole au-dessus de la forêt. Une petite corne est posée sur son museau orné d'écailles violettes, et de ses narines s'échappe un léger filet de fumée. Il est magnifique et majestueux, mais dégage, même de loin, une aura effrayante et meurtrière.

Horrifiée mais fascinée, je me fige, incapable de bouger ni de détourner mon regard, et Helori pose sa main sur mon épaule, se voulant rassurant, même si ça ne marche pas vraiment.

— Ne t'inquiète pas, il ne va pas s'approcher. Pas aujourd'hui, en tout cas.

— Comment peux-tu en être sûre ? je siffle, frissonnante.

— Cataclysme fonctionne par cycles, m'explique-t-il. Il nous attaque une fois par mois, enlève quelques-uns de mes hommes, environ deux ou trois, puis nous laisse tranquille le mois suivant. Il devrait revenir d'ici une semaine. Je compte sur toi pour nous sauver à ce moment-là.

Il se tourne vers moi, un petit sourire triste aux lèvres, pendant que le dragon disparaît dans la forêt, faisant s'incliner les arbres à son passage, comme si eux aussi pouvaient ressentir sa puissance.

En voyant son expression, de la compassion commence à s'introduire dans mon cœur, mais je la repousse aussitôt. Ce vieillard est un serpent, et je ne dois, en aucun cas, ressentir un sentiment empathique envers lui, si je ne veux pas qu'il me ronge petit à petit, puis me brise.

— Je pensais que les dragons n'existaient que dans les légendes, je murmure.

— Eh bien, ils l'étaient. Jusqu'à ce que celui-ci sorte de sa grotte en clamant – enfin, en rugissant – qu'il avait faim. Je ne sais pas d'où il vient, ni comment ça se fait qu'il existe, mais il est là, et là est le problème principal.

La Guerrière d'EvergreenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant