Chapitre 9 : la silhouette

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Dans la pénombre qui nous enveloppait, la voix de la Bête s'éleva une nouvelle fois, grave et presque solennelle. Je m'étais habituée à sa présence, à ce murmure qui semblait résonner quelque part au fond de mon esprit, mais cette fois, c'était différent. Il y avait dans son ton une profondeur inédite, une gravité que je n'avais jamais perçue auparavant.

« Ton ancêtre, » commença-t-elle, ses paroles résonnant en moi comme une lame tranchant l'obscurité. « C'était un homme hors du commun, dont l'âme était marquée par des ténèbres que peu pouvaient comprendre. »

Un frisson parcourut ma colonne vertébrale.

« Il possédait un pouvoir rare, un lien mystérieux avec ma mère. Ce lien n'était pas une simple relation de domination par des mots ou des ordres. C'était plutôt instinctif. Il comprenait ce qu'elle était, ce qu'elle représentait. Ils partageaient quelque chose qui allait au-delà du contrôle habituel. »

Je sentis un poids dans ma poitrine. Je n'avais pas envisagé que ce lien pourrait être aussi complexe.

« Mais pourquoi a-t-il ordonné tous ces massacres ? » murmurais-je, cherchant à percer l'obscurité des motivations de cet homme.

« Pourquoi, en effet ? » répondit la Bête, laissant la question en suspens. « Était-ce par désir de vengeance, pour apaiser une souffrance personnelle ? Ou bien était-ce une soif inextinguible de pouvoir et de domination ? Peut-être même que ses raisons étaient encore plus sombres... »

Un silence pesant s'installa. Le mystère demeurait insaisissable, comme un fantôme échappant à tout effort de compréhension.

« Quelles que soient les raisons, il possédait une force, une volonté assez puissante pour soumettre un être tel que moi. Une force qui ne provenait pas de ce monde. »

Mon coeur battait plus fort, chaque pulsation résonnant dans ma poitrine comme un tambour de guerre. L'idée que cet homme, mon ancêtre, ait pu être lié d'une telle manière à la Bête du Gévaudan m'effrayait autant qu'elle me fascinait. Une partie de moi se refusait à aller plus loin dans cette exploration, comme si l'abîme qui se présentait devant moi menaçait de m'engloutir toute entière.

« Quel qu'il ait été, » reprit la Bête, brisant le silence oppressant, « il n'était pas comme les autres. Et toi, Krista, tu portes en toi l'écho de cette volonté. Tu n'as encore qu'effleuré le pouvoir que tu pourrais un jour maîtriser. »

Les mots restèrent suspendus entre nous, comme une prophétie obscure, lourde de promesses et de dangers. Alors que le temps semblait s'étirer dans cet espace souterrain, je pris conscience que l'aube approchait. L'air devenait plus frais, signe que je devais quitter cet endroit avant que la base ne s'éveille.

De retour dans ma chambre, je refermai doucement la porte derrière moi et pris une longue inspiration, tentant de calmer l'agitation qui bouillonnait en moi. Mon esprit refusait de se reposer, toujours hanté par les mots de la Bête et les images qu'ils évoquaient. Je tentai de me concentrer sur les gestes du quotidien, me préparant pour une nouvelle journée, mais tout semblait flou, lointain. Les cours et les entraînements habituels ne réussirent pas à apaiser cette tempête intérieure.

Lorsque la pause arriva enfin, je ressentis un besoin pressant de m'échapper, de m'isoler pour comprendre ce qui se passait en moi. La salle d'entraînement me sembla être le refuge parfait. Silencieuse et vaste, elle m'offrait l'espace dont j'avais besoin pour explorer ces nouvelles forces qui s'agitaient sous la surface de ma conscience.

Je me plaçai au centre de la pièce, fermant les yeux pour mieux me concentrer. Le silence autour de moi n'était perturbé que par le léger bourdonnement de l'éclairage, presque inaudible, mais qui amplifiait le calme dans lequel je m'immergeais. À l'intérieur de moi, une tempête de souvenirs s'éveilla, ceux de mes précédentes manifestations de pouvoir. Chaque scène revenait à moi avec une intensité nouvelle, vibrant dans mon esprit comme une corde tendue prête à rompre. Ces souvenirs n'étaient plus de simples images ; ils étaient devenus des sensations vivantes, palpitantes, comme si mon corps se souvenait lui aussi de chaque frisson, de chaque décharge d'énergie.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 11 ⏰

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