Les Gardiens de l'ombre

Départ pour le temple

Il se redressa, jetant un dernier regard froid sur les corps sans vie qui jonchaient la ruelle. Leurs yeux vitreux, figés dans l'agonie, étaient les témoins muets de sa furie. Le silence qui régnait maintenant autour de lui était lourd, imprégné de la mort qu'il avait semée. Mais pour lui, ce silence n'était que le prélude à ce qu'il ressentait réellement : une vague d'exaltation sourde et profonde.

Avec une indifférence glaciale, il marcha à travers les cadavres, ses bottes s'imprégnant du sang qui s'écoulait encore des corps. Chaque pas résonnait sur les pavés, créant une cadence morbide qui accompagnait son départ. Il ne prit même pas la peine de nettoyer les lames de ses dagues, les laissant dégouliner, traçant des lignes sombres le long de ses jambes.

L'excitation qui bouillonnait en lui était presque palpable, une énergie sombre et enivrante qui lui donnait l'impression de flotter. La sensation de puissance, de domination totale, le faisait frémir de plaisir. Il adorait ce moment, cet instant suspendu où il venait d'arracher des vies, où il avait décidé du sort de ses ennemis sans une once de pitié. Le pouvoir de tuer, de manipuler la vie et la mort à sa guise, était quelque chose qui lui plaisait énormément.

Son cœur battait encore rapidement, non pas de fatigue, mais de cette adrénaline pure qui l'inondait. Son esprit était clair, aiguisé par cette montée de violence, et pourtant, il restait parfaitement calme, maîtrisé. Le monde autour de lui, autrefois bruyant et agité, semblait s'effacer alors qu'il quittait la scène du massacre, se fondant dans l'obscurité comme une ombre insaisissable.

Sans un regard en arrière, il traversa la ville, se déplaçant avec une aisance presque surnaturelle, comme si rien de tout cela n'avait la moindre importance pour lui.

Lorsqu'il atteignit les portes de la ville, il sentit une nouvelle détermination s'emparer de lui. La carte volée, soigneusement dissimulée sous sa cape, était maintenant son guide, son fil d'Ariane. Ses yeux se posèrent brièvement sur le document, parcourant les indications tracées à la main avec une précision presque obsessionnelle. Les lignes et les symboles semblaient danser sous ses yeux, formant un chemin qu'il suivrait sans hésiter.

Il quitta la ville, laissant derrière lui les échos lointains des cris de la grande rue. Le monde au-delà des murs l'appelait, un territoire inconnu où la carte le mènerait peut-être à la source de tout ce pouvoir qu'il avait senti. Un sourire fugace étira ses lèvres alors qu'il se fondait dans la pénombre, prêt à affronter les dangers qui l'attendaient.

Pour Kaï, la route à venir n'était pas simplement un voyage. C'était une quête, une chasse, où la mort était sa compagne silencieuse et la violence sa plus fidèle alliée. Il poursuivit son chemin, suivant les indications de la carte volée, vers une destination qui lui promettait encore plus de défis.

Le mage progressait lentement sur un sentier qui serpentait à travers une vaste plaine. Les herbes hautes s'étendaient à perte de vue, ondulant sous les caresses d'un vent léger, créant un murmure constant qui accompagnait chacun de ses pas. Le paysage, bien que paisible, dégageait une monotonie oppressante. Chaque pas résonnait d'un son étouffé sur le sol dur, et la faible lumière de la lune, tamisée par un ciel couvert de nuages gris, ajoutait à l'atmosphère une lourdeur inhabituelle.

Il n'y avait rien autour de lui pour briser la ligne d'horizon : pas de montagnes lointaines, pas de forêts touffues, seulement cette mer infinie de verdure. Le temps semblait s'étirer, se distordre, comme si le sentier ne menait nulle part. Le garçon sentait l'impatience et le doute s'insinuer dans son esprit, se demandant s'il ne s'était pas trompé de chemin, ou pire, si la carte volée n'était qu'une supercherie.

À plusieurs reprises, il s'arrêta pour examiner la carte à la lumière diffuse de sa lampe à huile, cherchant un signe, un indice qui confirmerait qu'il était sur la bonne voie. Mais chaque fois, le parchemin restait muet, ses symboles ésotériques ne livrant aucun secret supplémentaire. Rien dans ce paysage ne suggérait qu'il s'approchait d'un lieu ancien et mystérieux. Il se sentait presque trahi par la simplicité du décor qui l'entourait.