Chapitre 3: Renaissance

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Aros, toujours bouleversé par la découverte de la femme inconsciente, l'entoura soigneusement de sa cape noire. Le tissu épais et lourd, imprégné de la chaleur de son corps, enveloppa la jeune femme dans une étreinte protectrice. Son souffle était toujours aussi faible, et son cœur battait lentement, mais il sentait en elle une étincelle de vie, fragile mais présente. La tenir ainsi contre lui ravivait quelque chose de profondément enfoui dans son âme, une lumière qu'il croyait éteinte à jamais. Sans perdre un instant, il se redressa, la tenant fermement contre son torse, et se dirigea vers son cheval.

L'animal, sentant l'urgence dans les gestes de son maître, piaffa d'impatience. Aros monta en selle, ajustant la jeune femme pour qu'elle repose en sécurité contre lui, puis fit tourner bride sans un mot. Les rênes serrées entre ses doigts, il lança son cheval au galop, s'éloignant rapidement de la rivière qui avait failli le prendre. Le vent sifflait à ses oreilles, mais il ne ralentit pas. Il devait la ramener au palais, là où elle pourrait être soignée.

En atteignant les portes du palais, Aros ignora les gardes, leur adressant à peine un regard. Leur surprise était palpable, mais aucun d'eux n'osa l'interpeller. L'aura d'urgence et de détermination qui émanait du prince empêchait toute tentative d'intervention. Les soldats, eux aussi, se tenaient à l'écart, perplexes devant la scène, mais aucun ne fit un mouvement pour l'arrêter.

Aros entra dans le palais, traversant les couloirs silencieux, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Ses pensées étaient en proie à une tempête de questions, mais il les chassa, se concentrant uniquement sur l'objectif immédiat : sauver cette femme, son âme sœur. Il poussa enfin la porte de sa chambre, sombre et imposante, un sanctuaire qu'il avait évité ces dernières semaines. Mais maintenant, il s'y précipita, déposant délicatement la jeune femme sur son lit.

Le lit, immense et recouvert de draps de velours noir, parut l'avaler, son corps frêle s'enfonçant dans la matière moelleuse. Aros, d'un geste rapide, tira la cloche d'argent à côté de la porte, sonnant un appel impératif. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit avec précaution, laissant entrer Lius, le médecin impérial. Son visage habituellement calme trahissait une légère inquiétude en voyant l'urgence dans le regard du prince.

"Votre Altesse," commença-t-il avec respect, "souffrez-vous d'un mal quelconque ?"

Aros, d'un geste vif, désigna la jeune femme allongée sur son lit. "Ce n'est pas moi," dit-il froidement, sa voix trahissant l'intensité de ses émotions. "C'est elle. Sauve-la."

Lius s'approcha du lit, ses yeux s'attardant sur la figure évanouie qui semblait si fragile sous les couvertures. Il tendit la main pour prendre son pouls, remarquant immédiatement la température anormalement basse de sa peau. Son esprit de médecin s'alarma, mais ce qui le frappa encore plus fut l'aura de vitalité qui émanait du prince. Aros, qui n'était que l'ombre de lui-même ces dernières semaines, semblait soudainement revitalisé, son teint pâle ayant retrouvé des couleurs, ses yeux brillaient d'une énergie nouvelle. Lius comprit aussitôt ce que cela signifiait : cette femme était l'âme sœur du prince, celle dont l'absence avait failli le détruire.

"Votre Altesse," murmura-t-il en inclinant la tête, conscient du moment sacré qu'il venait de réaliser. "Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour la sauver."

Lius se mit immédiatement au travail, posant une série de questions à Aros tout en examinant la jeune femme avec une minutie professionnelle. Il nota son pouls irrégulier, la froideur surnaturelle de sa peau, et l'étrange teinte grisée de son épiderme, presque scintillante sous la lumière des bougies. Ce n'était pas la première fois qu'il traitait un patient avec une condition inconnue, mais quelque chose en elle le troublait profondément.

"Elle n'est pas une elfe," murmura-t-il plus pour lui-même que pour Aros, son ton révélant une certaine perplexité.

Aros, qui avait observé chaque mouvement du médecin avec une intensité presque fébrile, se tourna brusquement vers lui. "Que veux-tu dire, Lius ?"

Le médecin hésita un instant, pesant soigneusement ses mots. "Je n'ai jamais rencontré une créature comme elle, mais... son pouls, sa respiration... elle est différente. Presque... comme un vampire."

Le mot, à peine prononcé, fit blanchir le visage du médecin. C'était une espèce dont il avait entendu parler dans des récits, mais jamais il n'aurait pensé en rencontrer un. Le mythe de ces créatures, légendaires pour leur longévité et leur soif de sang, était ancré dans les légendes elfiques, mais les détails sur leur existence étaient rares.

Aros, pour sa part, sentit une vague de confusion le submerger. Un vampire ? Cela semblait impossible, et pourtant, il savait avec une certitude inébranlable qu'elle était son âme sœur, quel que soit le nom que portait son espèce. Peu importait ce qu'elle était, il ne pouvait la laisser mourir.

"Lius," ordonna-t-il d'une voix calme mais autoritaire, "je ne me soucie pas de ce qu'elle est. Fais ce qu'il faut pour la sauver."

Le médecin hocha la tête, son expression redevenant celle d'un professionnel concentré sur sa tâche. Il s'agenouilla à côté du lit, tirant de sa besace des fioles et des herbes rares, prêt à tout essayer pour ramener cette femme à la vie. La pièce était silencieuse, seulement troublée par le bruissement des vêtements et le cliquetis des instruments médicaux, tandis qu'Aros se tenait immobile à quelques pas, le cœur battant, priant intérieurement pour qu'elle survive.

Lius savait qu'il n'avait pas droit à l'erreur. Cette femme, cet être mystérieux, était bien plus qu'une patiente pour le prince. Elle représentait l'espoir d'un avenir qui ne soit pas marqué par la douleur et la solitude. Et il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour préserver cet espoir.

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