Âmes soeurs

Chapitre 5: Impératrice et fils

Néa errait dans les couloirs sombres du palais, son esprit tourmenté par des pensées désespérées qui tourbillonnaient sans cesse dans son esprit. Le choc de la révélation d'Aros pesait lourdement sur elle, l'écrasant sous un poids qu'elle ne pouvait supporter. Elle se sentait démunie, abandonnée dans un océan de souffrance qu'elle n'avait jamais imaginé possible. La douleur dans son cœur était si intense qu'elle avait l'impression qu'elle allait la briser en mille morceaux.

Elle savait qu'elle devait faire quelque chose, qu'elle ne pouvait pas simplement accepter ce qui était en train de se produire. Mais quoi ? Que pouvait-elle faire face à cette vérité implacable que son mari avait enfin trouvé celle qu'il avait toujours cherchée, celle qui était destinée à être son âme sœur ? Une partie d'elle savait que rien de ce qu'elle pourrait faire ou dire ne changerait cela. Et pourtant, l'idée de se résigner sans combattre était insupportable.

Ses pas la menèrent presque inconsciemment vers les appartements de l'impératrice. Isa, la mère d'Aros, était la seule personne à laquelle elle pouvait encore se tourner. Peut-être que l'impératrice pourrait faire quelque chose, dire quelque chose à son fils, pour le faire revenir sur sa décision. Peut-être qu'elle pourrait lui montrer qu'il y avait encore de l'espoir, qu'elle n'était pas condamnée à vivre dans l'ombre de cette inconnue qui était soudainement entrée dans leur vie.

Les gardes devant les appartements de l'impératrice la laissèrent passer sans un mot, reconnaissant la princesse. Elle franchit la porte avec une détermination qui masquait à peine sa terreur. Isa, assise dans un fauteuil près de la fenêtre, lisait un vieux grimoire. En voyant Néa entrer, elle leva les yeux, ses traits affichant une surprise mêlée d'inquiétude.

"Néa," dit Isa en refermant le livre, se levant avec grâce pour s'approcher de la jeune femme. "Qu'est-ce qui t'amène ici à une heure si tardive ?"

Néa, incapable de retenir plus longtemps ses émotions, se précipita vers l'impératrice, les larmes coulant librement sur ses joues. "Votre Majesté," commença-t-elle, sa voix tremblante de désespoir. "Je ne sais plus quoi faire... Aros... Aros a trouvé son âme sœur... une autre femme. Il dit qu'il ne pourra jamais m'aimer." Les mots s'étranglaient dans sa gorge, chaque syllabe étant une épreuve. "S'il vous plaît, aidez-moi. Je vous en supplie."

Isa, profondément touchée par le désarroi de Néa, posa doucement ses mains sur les épaules de la jeune femme, l'attirant dans une étreinte maternelle. Elle ressentait la douleur de sa belle-fille comme si c'était la sienne. "Néa, calme-toi," murmura-t-elle avec une douceur réconfortante. "Dis-moi tout. Que s'est-il passé exactement ?"

Néa s'accrocha à l'impératrice comme à une bouée de sauvetage, ses mots se déversant dans un flot incontrôlable. Elle raconta tout, depuis son arrivée à la chambre d'Aros jusqu'à la confirmation froide et implacable de son mari. Isa écouta en silence, son visage se crispant de plus en plus à mesure que l'histoire se déroulait.

"Il ne m'aime pas," conclut Néa, la voix brisée. "Il m'a dit que je resterai à ses côtés, mais je sais qu'il ne pourra jamais me regarder de la même manière que cette... cette femme. Je vous en supplie, impératrice, parlez-lui. Faites-lui comprendre..."

Isa sentit une vague de tristesse l'envahir, mais aussi une pointe d'appréhension. Elle aimait son fils profondément, mais elle savait aussi que la situation était bien plus complexe qu'elle ne le paraissait. L'amour des elfes pour leur âme sœur était un lien sacré, indéfectible, et il était impensable pour un elfe de tourner le dos à ce lien une fois qu'il était découvert. Pourtant, l'idée de voir Néa souffrir ainsi la déchirait. Elle savait qu'elle devait parler à Aros, tenter de comprendre ce qui se passait réellement.