𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏

92 6 0
                                    

➺ 𝐂 𝐇 𝐀 𝐏 - 𝟏

❥📍𝐁𝐮𝐝𝐚𝐩𝐞𝐬𝐭, 𝟐𝟎𝟏𝟑.

-𝑨 𝑹 𝑰 𝑬 𝑳 𝑳 𝑬-

Mes bras tremblent sous le poids des cartons que je tente de porter. Ils semblent plus lourds que jamais, chaque pas m'épuise davantage, et j'ai presque l'impression qu'il y a des corps dissimulés à l'intérieur de chaque boîte. Mon souffle est saccadé lorsque je pousse finalement la porte d'une pièce exiguë.

En entrant, je me retrouve dans une petite chambre, bien plus étroite que ce à quoi je m'attendais. Les murs me paraissent si proches, comme s'ils cherchaient à m'étouffer, mais je ne m'en soucie pas. Je suis trop fatiguée pour réfléchir davantage, et tout ce que je veux, c'est poser ces cartons au sol.

Je m'agenouille légèrement et les dépose avec un bruit sourd. Le son résonne dans la pièce vide, comme un écho qui semble se répéter à l'infini. Alors que je me redresse, une sensation étrange me parcourt l'échine. Je sens une présence derrière moi, silencieuse, presque oppressante. Je me retourne doucement, déjà convaincue que quelqu'un est là, et mon regard croise celui de ma tante. Elle est debout dans l'embrasure de la porte, les bras croisés, me fixant avec ce regard sévère qu'elle arbore si souvent.

Son visage, à la fois fatigué et plein de reproches, n'a rien de surprenant. Elle semble toujours avoir quelque chose à dire, une remarque acerbe prête à fuser.

— Tu es consciente que c'est un placard à balais, pas une chambre ? me lance-t-elle avec cette voix autoritaire qui fait écho à ses pensées critiques. Son regard se fait plus perçant, comme si elle cherchait à comprendre pourquoi je choisirais un tel endroit.

Je détourne les yeux un instant, observant autour de moi. Bien sûr que je le savais. La taille ridicule de la pièce, l'absence de fenêtre... tout cela m'avait sauté aux yeux dès que j'avais franchi la porte. Ce n'était pas une chambre, mais, à cet instant, ça m'est égal.

Je me tourne vers elle, le visage calme, sans la moindre surprise.

— Oui, je le sais, je réponds d'une voix posée. Je vous laisse les chambres, je me sens bien ici.

Je tente un sourire léger, mais il ne semble pas adoucir l'atmosphère. Elle me regarde encore un moment, probablement en train d'essayer de comprendre pourquoi je m'entête à rester dans ce placard, puis elle tourne les talons. La porte claque derrière elle avec un bruit sec, me laissant seule face à ce choix un peu étrange.

Je regarde autour de moi. Les murs sont tellement rapprochés qu'il me semble presque pouvoir les toucher en tendant les bras. Les étagères fixées sur le mur sont étroites et couvertes de poussière. Mais malgré tout, cet endroit m'apaise. Il n'a rien d'accueillant à première vue, mais il me suffit. Un petit espace, rien qu'à moi.

Je me penche vers mes cartons et commence à les ouvrir, un à un. Le papier bruissant des emballages résonne dans la pièce, ajoutant une certaine lourdeur au silence ambiant. Je sors mes quelques affaires, des objets simples, des souvenirs qui me tiennent à cœur. Je les place précautionneusement sur les étagères, essayant de créer un semblant d'ordre dans ce chaos.

L'un des cartons contient une guirlande lumineuse, une simple décoration que j'accroche autour des étagères. Les petites ampoules diffusent une lumière douce, presque chaleureuse, transformant ce placard sombre en un lieu légèrement plus accueillant. La lumière danse doucement contre les murs, projetant des ombres qui rendent l'espace moins oppressant.

Je m'agenouille à nouveau pour sortir mon matelas gonflable. Il est usé, dégonflé par endroits, mais je l'installe quand même, l'étalant soigneusement sur le sol. Il occupe presque toute la surface, rendant la pièce encore plus exiguë, mais pour l'instant, c'est suffisant. J'appuie sur la pompe pour gonfler le matelas, le bruit monotone remplit l'espace, brisant le silence pendant un court instant.

SILENT STREETOù les histoires vivent. Découvrez maintenant