2. A l'orée du coeur

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Le week-end était passé comme un rêve pour Sarah. Elle n'arrêtait pas de penser à sa conversation avec Hiram. Elle se répétait sans cesse ses mots, revoyant mentalement son sourire. Pourtant, quelque chose en elle l'avertissait de ne pas se laisser trop emporter. Sa famille était stricte, et elle savait que toute relation avec un garçon en dehors de son cercle religieux serait mal vue. Mais chaque fois qu'elle essayait de se raisonner, le visage de Hiram lui revenait en mémoire, balayant ses doutes.

Le lundi matin, Sarah entra dans la cour du lycée, tentant de réprimer le mélange d'excitation et de nervosité qui l'envahissait. Elle repéra Nina, un café à la main, en train de discuter avec Léa, une autre amie du groupe. Nina l'accueillit avec un sourire éclatant.

— Alors, ma belle, tu es prête pour une nouvelle semaine ? demanda-t-elle en lui tendant un croissant qu'elle avait acheté en chemin.

Sarah prit le croissant en souriant faiblement.

— Oui, ça va, répondit-elle, même si son esprit était ailleurs.

Nina ne put s'empêcher de remarquer son air distrait.

— Tu penses encore à Hiram, n'est-ce pas ? dit-elle en arquant un sourcil.

Sarah rougit légèrement, mais avant qu'elle ne puisse répondre, Léa s'exclama :

— Hiram ? Le gars du fond de la classe ? Le beau gosse qui traîne toujours avec Ulrich?

Sarah baissa les yeux, mais Nina se fit un plaisir de répondre.

— Oui, lui-même. Il a parlé à Sarah vendredi. Ils ont même prévu de se revoir !

Léa regarda Sarah, impressionnée.

— Eh bien, tu vas peut-être pouvoir me le présenter, plaisanta-t-elle.

Sarah sourit timidement, mais au fond d'elle, une légère angoisse montait. Elle n'avait rien promis à Hiram, et elle savait que ses parents n'approuveraient jamais une relation avec un garçon qui ne partageait pas leur foi.

Les cours passèrent rapidement, et bientôt, ce fut l'heure du déjeuner. Sarah retrouva Nina, Léa et Grâce à leur table habituelle, dans un coin de la cantine. Hiram et Ulrich les rejoignit peu après, Hiram lui s'assit en face de Sarah, un sourire en coin.

— Salut tout le monde, dit-il en posant son plateau.

La conversation se déroulait normalement, chacun racontant son week-end ou discutant du dernier match de foot, mais Sarah se sentait de plus en plus nerveuse. Elle avait peur que quelqu'un ne remarque la tension entre elle et Hiram, mais en même temps, elle appréciait cette sensation nouvelle, cette étincelle qui rendait chaque instant plus intense.

— Alors, Sarah, tu lis quoi en ce moment ? demanda Hiram soudain, attirant l'attention du groupe sur elle.

Sarah releva la tête, surprise par la question directe.

— Euh... je viens de commencer "Les Misérables", dit-elle.

Hiram fit une moue impressionnée.

— Un grand classique. Ça ne doit pas être facile à lire.

— C'est difficile, mais j'aime bien. Il y a tellement de thèmes intéressants, répondit Sarah en se détendant un peu.

Ulrich, qui avait remarqué l'échange, intervint avec un sourire moqueur.

— Fais gaffe, Hiram, tu vas devoir lire des bouquins si tu veux suivre la conversation.

Tout le monde éclata de rire, mais Sarah sentit ses joues s'empourprer. Hiram la regarda avec un sourire rassurant.

— Pas de problème, j'ai toujours voulu lire plus, plaisanta-t-il.

Cependant, à la fin du repas, alors que le groupe se dispersait pour retourner en cours, Hiram s'approcha discrètement de Sarah.

— Sarah, j'aimerais bien qu'on se voie en dehors des cours. On pourrait aller prendre un café ou se promener, qu'en dis-tu ?

Sarah se figea, partagée entre l'envie de dire oui et la peur des conséquences. Elle savait qu'accepter de sortir avec Hiram serait risqué. Mais il y avait quelque chose en lui, une sincérité dans son regard, qui la poussait à vouloir en savoir plus.

— Je... je ne sais pas, Hiram. C'est compliqué, murmura-t-elle.

Hiram la regarda, décelant l'hésitation dans sa voix.

— Qu'est-ce qui est compliqué ? demanda-t-il doucement.

Sarah soupira, cherchant ses mots.

— Ma famille... ils sont très traditionnels. Ils ne comprendraient pas.

Hiram resta silencieux un moment, puis hocha la tête.

— Je comprends. Mais si tu changes d'avis, je serai là. Je ne veux pas te mettre mal à l'aise, Sarah. On peut juste être amis, si tu préfères.

Ces mots touchèrent Sarah plus qu'elle ne l'aurait cru. Elle hocha la tête en souriant faiblement.

— Merci, Hiram. C'est gentil de ta part.

Ils se séparèrent pour aller en cours, mais toute la journée, les paroles de Hiram résonnèrent dans l'esprit de Sarah. Pour la première fois, elle se demandait si ses parents avaient vraiment raison de lui imposer ces règles si strictes, si leur amour ne devait pas être plus fort que ces différences religieuses qui semblaient les séparer.

Pendant ce temps, de son côté, Hiram était également plongé dans ses pensées. En retournant en classe avec Ulrich , il se rendit compte que la situation était plus compliquée qu'il ne l'avait d'abord imaginée. Il ressentait un véritable intérêt pour Sarah, mais il savait que ses parents à lui aussi auraient des réticences. Leur famille n'était pas particulièrement religieuse, mais les traditions avaient quand même une place importante, et sortir avec une fille d'une autre confession serait vu d'un mauvais œil.

— Alors, c'est comment avec Sarah ? demanda Ulrich en tapant sur l'épaule de Hiram pour le sortir de ses pensées.

— C'est... compliqué, répondit Yanis en soupirant.

— Compliqué ? Tu plaisantes ? C'est juste une fille, Hiram. Si tu l'aimes bien, fonce, sinon, passe à autre chose, répliqua Ulrich avec désinvolture.

Hiram haussa les épaules.

— Ce n'est pas si simple. On est différents. Nos familles, nos croyances... je ne veux pas lui causer de problèmes.

Ulrich roula des yeux.

— Tu te prends trop la tête, mon pote. Fais ce qui te semble juste, mais n'attends pas trop longtemps, sinon tu vas la perdre.

Les mots de Ulrich laissèrent Hiram pensif. Était-il prêt à prendre un risque pour Sarah ? Et même s'il l'était, était-il sûr que cela en vaudrait la peine ? L'indécision le rongeait, et il savait que s'il ne se décidait pas rapidement, il pourrait perdre quelque chose de précieux, sans même s'en rendre compte.

La journée se termina dans une ambiance lourde pour les deux adolescents. Chacun d'eux, plongé dans ses propres réflexions, se demandait ce que l'avenir leur réservait.

La croisée des sentiments Où les histoires vivent. Découvrez maintenant