Les jours qui suivirent la confrontation entre Hiram et son père furent marqués par une tension palpable. Hiram se sentait comme un étranger dans sa propre maison, incapable de se confier à qui que ce soit. Le choix imposé par son père le hantait jour et nuit, et il savait que le temps pressait. Il était pris dans un étau, incapable de trouver une issue qui lui permettrait de préserver à la fois son amour pour Sarah et ses liens familiaux. Surtout que son meilleur ami l'avait trahi.
Un soir, alors qu'il rentrait de l'école, il trouva son père assis dans le salon, l'air plus sombre que jamais. Sur la table devant lui, un billet d'avion et des documents de voyage étaient posés. Yanis sentit une vague de panique monter en lui avant même que son père ne prenne la parole.
— Tu pars demain, annonça son père d'un ton qui ne laissait place à aucune négociation. J'ai tout arrangé. Tu iras vivre chez ton oncle, à Marseille. Là-bas, tu seras loin de cette fille et de toutes ces influences néfastes.
Hiram resta figé, le cœur battant à tout rompre. Marseille ? Loin de d'Abidjan, loin de Sarah ? C'était comme si on l'arrachait à tout ce qu'il connaissait, à tout ce qu'il aimait.
— Papa, c'est... c'est trop soudain... commença-t-il, sa voix trahissant son désarroi.
— C'est nécessaire, coupa son père, son ton toujours aussi inflexible. Plus tôt tu partiras, mieux ce sera pour tout le monde. Ce n'est pas une décision que tu peux contester. Tu feras ce qui est attendu de toi.
Hiram savait qu'il n'avait aucun moyen de faire changer son père d'avis. Chaque mot de protestation serait inutile. Il se sentait comme pris au piège, impuissant face à l'autorité implacable de son père. Mais ce qui le terrifiait le plus, c'était de devoir affronter Sarah et lui annoncer son départ. Il savait à quel point cela la blesserait. L'idée de la voir souffrir à cause de lui lui était insupportable.
Cette nuit-là, Hiram prit une décision douloureuse, mais qu'il croyait être la seule solution pour épargner à Sarah une peine encore plus grande. Si elle devait le haïr pour tourner la page, il préférait qu'il en soit ainsi.
Le lendemain, il retrouva Sarah à leur endroit habituel, le petit parc où ils aimaient tant se retrouver. Dès qu'elle le vit arriver, elle sourit, mais son sourire s'effaça rapidement en remarquant l'expression fermée de Hiram.
— Hiram, qu'est-ce qui ne va pas ? demanda-t-elle, inquiète. Tu as l'air...
— Sarah, on doit arrêter, l'interrompit-il brusquement, évitant son regard.
Sarah écarquilla les yeux, totalement prise au dépourvu par ses paroles. Elle chercha ses yeux, espérant y trouver une explication, mais Hiram évitait obstinément son regard.
— Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? Pourquoi tu dis ça ?
— On doit arrêter de se voir, répéta-t-il d'une voix dure, presque froide. Cette histoire n'a aucun avenir. On est trop différents. C'était une erreur dès le début.
— Hiram, non... pourquoi tu dis ça maintenant ? Tu ne penses pas ça... je le sais.
Mais Hiram s'était préparé à ce moment, à la douleur qu'il verrait dans ses yeux. Il savait que pour rendre sa décision crédible, il devait se montrer aussi impitoyable que possible.
— Je ne veux plus de cette relation, dit-il, en plantant enfin son regard dans le sien, froid et distant. J'ai réfléchi et je me rends compte que ça ne vaut pas la peine. Il vaut mieux qu'on en reste là.
Sarah sentit son cœur se briser sous le poids de ces mots. C'était comme si le sol se dérobait sous ses pieds, la laissant tomber dans un abîme de douleur et d'incompréhension.
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La croisée des sentiments
RomansaSarah et Théo sont deux adolescents que tout semble opposer : leurs origines,style de vie , et surtout leur relation au passé. Alors que Sarah tente de se reconstruire après une relation difficile, Théo se heurte à sa propre indécision face à ses se...