La croisée des sentiments

3. Des tourments à la réalité

Les jours qui suivirent furent marqués par une tension palpable entre Sarah et Hiram. Leurs échanges étaient plus rares, plus discrets, comme si chacun craignait de franchir une ligne invisible. Pourtant, l'attirance mutuelle était indéniable, et malgré les doutes et les peurs, ils ne pouvaient s'empêcher de se chercher du regard dans les couloirs.

Un mercredi après-midi, alors que Sarah se dirigeait vers la bibliothèque, elle fut rejointe par Nina. Cette dernière l'avait observée de loin et avait remarqué son comportement étrange ces derniers jours.

— Sarah, ça va ? demanda Nina en la rejoignant, ses yeux emplis d'inquiétude.

Sarah tenta de sourire, mais elle n'avait pas la force de feindre. Elle haussa les épaules.

— Je ne sais pas, Nina. J'ai l'impression que tout est devenu plus compliqué.

Nina soupira et posa une main réconfortante sur l'épaule de son amie.

— C'est à cause de Hiram, n'est-ce pas ? Tu sais, tu n'as pas à te sentir obligée de faire quoi que ce soit. Si tu as des doutes, si tu penses que ça ne vaut pas la peine de te compliquer la vie, alors il faut que tu te protèges.

Sarah hocha la tête, touchée par la prévenance de son amie.

— Je sais, Nina. C'est juste que... je l'aime bien, tu vois ? Et c'est la première fois que je me sens comme ça pour quelqu'un. Mais je suis tellement effrayée par ce que ça pourrait causer, à moi et à ma famille.

Nina prit une grande inspiration avant de répondre.

— Écoute, Sarah, je ne peux pas décider à ta place, mais ce que je sais, c'est que tu ne dois pas te forcer à faire quelque chose qui va à l'encontre de ce que tu veux vraiment. Si tu penses que cette relation peut te rendre heureuse, alors pourquoi pas ? Mais si ça te cause plus de mal que de bien, il vaut peut-être mieux mettre fin à tout ça avant que ça ne devienne trop compliqué.

Les paroles de Nina résonnèrent profondément en Sarah. Elle savait que son amie avait raison, mais cela n'allégeait en rien le poids qu'elle sentait peser sur ses épaules. Elle soupira et entra dans la bibliothèque, espérant que la lecture la distrairait de ses pensées tourmentées.

Pendant ce temps, Hiram se trouvait dans la cour du lycée, assis sur un banc avec son ami Ulrich et quelques autres amis. Mais contrairement à son habitude, il ne participait pas aux discussions animées autour de lui. Ses pensées étaient entièrement absorbées par Sarah.

Il regardait distraitement les élèves passer devant lui, mais son esprit était ailleurs. Ulrich , qui avait remarqué son silence inhabituel, le poussa légèrement du coude.

— Hé, t'es sûr que ça va, mon pote ? T'es complètement ailleurs.

Hiram secoua la tête, sortant de ses pensées.

— Ouais, désolé. C'est juste... Sarah. Je ne peux pas m'empêcher de penser à elle.

Ulrich soupira, fatigué de voir son ami se torturer ainsi.

— Mec, tu te prends trop la tête pour rien. Si t'as envie d'être avec elle, dis-lui. Si ça doit marcher, ça marchera. Mais tu ne vas pas rester indécis toute ta vie.

Hiram hocha la tête, sachant que Ulrich avait raison, mais cela ne rendait pas les choses plus faciles pour autant. L'idée de faire un choix définitif l'effrayait. Il craignait de faire du mal à Sarah ou de briser quelque chose de précieux. Mais en même temps, il savait que s'il n'agissait pas, il risquait de tout perdre.

Le week-end suivant, Sarah fut confrontée à une situation qu'elle avait longtemps redoutée. Ce dimanche-là, alors qu'elle aidait sa mère à préparer le déjeuner, son père, un homme au regard sévère mais aimant, l'appela dans le salon.