Le week-end passa dans une ambiance plus détendue, loin de la tension qui avait marqué les jours précédents. Océane et Béatrice, fidèles à leur promesse de se laisser plus d'espace, passèrent du temps ensemble mais de manière plus calme, profitant des petits moments de complicité sans pression ni attentes. Cette tranquillité nouvelle permit à Béatrice de mieux observer Océane, de la voir sous un jour nouveau.Béatrice était allongée sur l'herbe douce du parc de l'internat, son livre préféré ouvert sur ses genoux. Océane, assise à côté d'elle, feuilletait un roman avec concentration, ses longs cheveux bruns tombant en cascade autour de son visage. Béatrice, incapable de se concentrer sur sa propre lecture, ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d'œil furtifs à son amie, observant ses expressions, ses gestes, la manière dont la lumière du soleil dansait sur ses traits délicats.
Cela faisait maintenant quelques semaines qu'elles partageaient la même chambre, et au fil du temps, Béatrice avait appris à connaître Océane d'une manière que peu de gens avaient pu faire. Derrière son apparence réservée se cachait une personne sensible, profondément intelligente, mais aussi vulnérable. Cette découverte avait suscité chez Béatrice un mélange de protection et d'admiration qu'elle n'avait jamais ressenti aussi intensément pour quelqu'un d'autre.
Les journées passaient, et avec elles, l'attachement de Béatrice pour Océane grandissait, prenant une dimension qu'elle ne parvenait pas tout à fait à définir. Elle se surprenait à vouloir être près d'Océane le plus souvent possible, à désirer entendre son avis sur tout et n'importe quoi, à guetter le moindre sourire de sa part. Pourtant, elle se refusait à mettre un nom sur ce qu'elle commençait à ressentir.
Ce matin-là, alors que les premières lueurs du jour filtraient à travers les rideaux de leur chambre, Béatrice se réveilla avec une pensée claire en tête : Océane occupait une place de plus en plus importante dans sa vie. Cette réalisation l'effraya autant qu'elle la réconforta, car elle se trouvait confrontée à des émotions qu'elle ne savait pas comment gérer.
Au fil de la journée, Béatrice essaya de chasser ces pensées de son esprit, se concentrant sur les cours, discutant avec les autres élèves, mais rien n'y faisait. Son regard revenait constamment vers Océane, qui semblait totalement absorbée par ses études, ignorant les tourments intérieurs de son amie.
Dans l'après-midi, alors qu'elles prenaient leur pause habituelle dans le parc, Béatrice décida de rompre le silence qui s'était installé entre elles.
"Tu sais, je me rends compte que je te trouve vraiment courageuse," dit-elle en posant son livre à côté d'elle.
Océane releva la tête, surprise par cette déclaration. "Courageuse ? Pourquoi tu dis ça ?"
Béatrice haussa les épaules, un sourire aux lèvres. "Tu es toujours prête à affronter les choses, même quand elles sont difficiles. Tu n'abandonnes jamais, et je trouve ça admirable."
Océane rougit légèrement, détournant le regard. "Je ne sais pas si c'est vraiment du courage... Je pense juste que je n'ai pas le choix."
"Mais c'est ça, justement. Beaucoup de gens choisissent la facilité, alors que toi, tu te bats. Même pour les petites choses."
Le cœur de Béatrice battait plus fort en prononçant ces mots, comme si elle essayait de se convaincre elle-même de ce qu'elle ressentait. Elle voyait Océane sous un jour si différent des autres, et cette admiration la poussait à s'interroger sur la nature de ses sentiments.
Le soir, dans leur chambre, alors qu'Océane était déjà plongée dans son sommeil, Béatrice restait éveillée, fixant le plafond. Les questions tournaient en boucle dans son esprit. Pourquoi pensait-elle autant à Océane ? Pourquoi son cœur s'emballait-il lorsqu'elle la voyait sourire ? Pourquoi ressentait-elle ce besoin presque constant d'être près d'elle ?
Pourtant, malgré ces questionnements, Béatrice refusait de se l'avouer. Elle se disait que c'était simplement de l'amitié, qu'elle s'attachait parce qu'elles passaient beaucoup de temps ensemble, qu'elle admirait simplement Océane pour sa force et son caractère. Rien de plus. Mais au fond d'elle, quelque chose résistait à cette explication simpliste, une petite voix qu'elle s'efforçait d'étouffer.
Les jours suivants furent marqués par une étrange dualité pour Béatrice. Plus elle passait de temps avec Océane, plus elle se sentait connectée à elle, mais en même temps, elle ressentait une peur croissante. La peur de comprendre ce qui se passait vraiment dans son cœur, de ce que cela pourrait signifier pour leur relation. Elle s'efforçait de rester naturelle, de ne pas laisser transparaître les émotions qui bouillonnaient en elle, mais elle savait que cela devenait de plus en plus difficile.
Un soir, alors qu'elles dînaient avec leur groupe habituel, une remarque anodine d'une autre élève déclencha une réaction inattendue en Béatrice.
"Vous êtes vraiment inséparables, toutes les deux ! On dirait presque un vieux couple !" avait plaisanté l'une des filles.
Béatrice sentit ses joues s'enflammer, un malaise s'emparant d'elle. Elle esquiva un sourire, essayant de faire passer cela pour une simple blague, mais son cœur battait la chamade. Océane, quant à elle, se contenta de sourire poliment, sans relever la remarque, mais Béatrice ne put s'empêcher de se demander si cela l'avait aussi troublée.
Ce soir-là, dans l'intimité de leur chambre, Béatrice s'assit sur son lit, les jambes croisées, regardant Océane qui écrivait dans son carnet. Elle ressentit un mélange de tendresse et de confusion qui menaçait de déborder. Elle avait besoin de parler, de mettre des mots sur ce qui la perturbait, mais la peur de tout gâcher la paralysait.
"Océane..." commença-t-elle doucement, hésitant à continuer. "Tu as déjà eu... des sentiments forts pour quelqu'un ?"
Océane leva les yeux de son carnet, surprise par la question. "Je suppose que oui, comme tout le monde. Pourquoi cette question ?"
Béatrice hésita, se mordant la lèvre inférieure. "Je me demandais juste... comment tu saurais que c'est plus que de l'amitié, par exemple."
Océane réfléchit un instant, semblant peser ses mots. "Je pense que c'est quelque chose que tu ressens, sans forcément pouvoir l'expliquer. Ça te prend par surprise, ça te fait te sentir différente, plus... vulnérable, peut-être."
Ces mots résonnèrent profondément en Béatrice, amplifiant le tumulte de ses émotions. Elle détourna le regard, cherchant à masquer le trouble qui la gagnait.
"Je crois que tu as raison..." murmura-t-elle, plus pour elle-même que pour Océane.
Les jours suivants, Béatrice tenta de refouler ces émotions naissantes, de les enterrer sous le poids de la routine et des distractions du quotidien. Elle multiplia les activités, les sorties, essayant de se convaincre qu'il ne s'agissait que d'une phase, d'une confusion passagère.
Mais malgré tous ses efforts, elle ne pouvait ignorer la réalité : elle tombait amoureuse d'Océane. Et cette prise de conscience la terrifiait.
Chaque moment passé avec Océane devenait à la fois un délice et une torture, un mélange de joie intense et de douleur silencieuse. Béatrice savait qu'elle devait comprendre ce qu'elle ressentait avant que cela ne devienne trop évident, avant que ces sentiments ne viennent compliquer leur amitié précieuse. Mais plus elle essayait de les ignorer, plus ils semblaient s'intensifier.
Dans les nuits calmes de l'internat, Béatrice se retrouvait souvent allongée dans l'obscurité, écoutant la respiration régulière d'Océane endormie, son esprit tourmenté par des pensées qu'elle ne parvenait pas à apaiser. Elle se demandait comment Océane réagirait si elle savait, si elle devinerait ce qu'elle essayait de cacher. Mais elle n'osait pas imaginer cette possibilité, par peur de briser l'équilibre fragile de leur relation.
Pour l'instant, Béatrice se contentait de savourer les moments qu'elles partageaient, tout en gardant précieusement son secret, espérant qu'avec le temps, elle parviendrait à trouver une réponse à ses propres sentiments.
VOUS LISEZ
Une aventure
RomansaC'est l'histoire de deux femmes qui se rencontrent à l'internat Saint-Vincent. Elles vont partager énormément de choses jusqu'à ce qu'elles se rendent compte que leur relation n'est pas ce qu'elles pensaient....