— Eh oh!
Mes yeux papillonnent, ma tête est douloureuse. Mes paupières sont si lourdes que je dois user d'un effort surhumain pour les entrouvrir. Un frisson me parcourt quand j'aperçois ses yeux aussi vert que la mousse qui m'entoure. Qu'est ce que je fais là?
— Vous êtes vivante, c'est déjà ça, râle l'inconnu. Vous pouvez vous asseoir?
Sa main apparaît dans mon champ de vision mais je ne la prends pas. Un ricanement lui échappe alors que je me redresse seule avec difficulté. A peine assise que mon cœur s'emballe faisant pulser l'arrière de mon crâne. Par réflexe, je porte ma main à la zone douloureuse mais la retire aussitôt en sentant le liquide chaud qui coule encore.
— Merde, souffle l'homme.
Ses mains attrapent les mailles de son pull qu'il fait passer au dessus de sa tête avant de l'appuyer avec force contre mon cuir chevelu. Un gémissement de douleur s'échappe de mes lèvres à son contact.
— Désolé, mais il faut appuyer pour arrêter le saignement. Comment vous vous appelez?
J'ouvre la bouche pour lui répondre avant de me rendre compte que je n'en sais rien. Ma respiration s'accélère et mon rythme cardiaque s'emballe à mesure que je tente de me rappeler quelque chose. Tous mes muscles se mettent à trembler sous la panique. Rien, je ne me souviens de rien.
— Vous êtes muette?, se moque t il.
— Je .. je n'en sais rien, je lâche dans un souffle.
— Comment ça vous n'en savez rien?
— Je ne m'en souviens pas.
Ses yeux s'arrondissent sous la surprise de ma révélation.
— Mais c'est quoi votre dernier souvenir? Vous savez pourquoi vous êtes là?
Je cherche, en vain.
— Je sais que je n'aime pas le café mais que j'aime le chocolat, je sais que je préfère marcher que courir, je sais que j'aime les animaux à poils mais suis terrorisée par tout ce qui a des plumes ou plus de 4 pattes mais je suis incapable de me souvenir pourquoi je suis ici, comment je suis venue, ni même comment je m'appelle.
— Eh bien avec ça on est avancé, ronchonne t il.
Je me débarrasse de son pull que je lui fourre dans les mains.
— Merci, je vais me débrouiller, je râle en m'écartant de lui.
Je n'ai pas fait deux pas que je m'effondre. Bizarrement, je ne rencontre pas le sol. La main de l'inconnu ceinturant ma taille, je me trouve bien trop proche de lui, son parfum venant chatouiller mes narines. Jusqu'à présent, sa présence m'inspirait une méfiance viscérale, comme si tout mon être me hurlait de courir le plus loin possible de cet individu, mais à cet instant, je me sens bien et en sécurité. Il m'aide à me stabiliser sur mes jambes tout en gardant un bras autour de moi.
— Je m'appelle Skyler, je n'habite pas très loin, on va soigné votre tête et ensuite je vous amènerai en ville.
— Pourquoi?
— Pour que la police puisse vous identifier.
— Non, pourquoi vous voulez me soigner?
— Parce qu'en plus de mon pull vous êtes en train dans foutre partout sur mon t-shirt et ça me gonfle.
— Vous êtes toujours aussi grincheux?
— Vous êtes toujours aussi emmerdante avec vos questions?
— Vous pouvez parler... c'est vous qui n'arrêtez pas de me bombarder de questions, vous êtes pire que le FBI!
Il soupire avant de commencer à avancer. Ses jambes, bien plus grandes que les miennes, ne me laissent pas de répit. J'ai de plus en plus de mal à tenir la cadence et suis obligée de m'accrocher à son bras pour ne pas tomber. Brusquement, il passe un bras sous mes genoux et l'autre dans mon dos avant de continuer à avancer comme si de rien était. Agrippée à ses épaules, je ne peux m'empêcher de respirer cette odeur qui m'apaise alors que toute sa personne me terrorise sans que je sache pourquoi.
On marche depuis ce qui me paraît des heures alors qu'il ne semble même pas fatigué des centaines de mètres que ses jambes ont avalé, malgré mon poids en plus dans ses bras. A croire qu'il a l'habitude de parcourir cette forêt montagneuse en large et en travers à longueur de journée. On arrive rapidement devant un petit chalet où une terrasse avec des meubles fait mains tout en bois trônent fièrement près de la porte d'entrée. Sur la table, un oiseau noir nous scrute avec intérêt me faisant frissonner d'horreur. Skyler me pose sans ménagement sur le sol avant de lancer une noix à l'oiseau qui l'attrape prestement dans son bec crochu et gigantesque. Je grimace en l'observant prendre son envol pour jeter la noix au sol faisant éclater la coquille en morceaux éparse. Le corbeau atterrit juste à côté pour profiter de son contenu.
— Quel horreur, je murmure.
— C'est un corbeau pas un loup garou, détend toi, se moque Skyler.
— Et pourquoi tu nourris ces trucs?
— Je ne nourris que lui, corrige t il. Il s'appelle Raven.
— Evidemment, je ricane.
— Lui au moins il a un nom, me fait il remarquer en haussant un sourcil.
Sans vraiment comprendre pourquoi, cette phrase me blesse. Est ce qu'on me l'a déjà dit avant? Est ce que cela rappelle en moi des souvenirs douloureux? Je ne trouve aucune réponse à ces questions.
— Allez, l'étrangère, entre. La salle de bain est au fond à gauche, je vais te chercher des vêtements propres.
— Toujours aussi original pour trouver un prénom, je souligne en avançant tête haute devant lui.
— La chieuse, ça te convient mieux?
Je lève mon majeur en continuant d'avancer vers sa salle de bain. Son ricanement raisonne dans mon dos ce qui me fait à nouveau trembler de la tête aux pieds.
La salle de bain, très peu spacieuse, comprend une baignoire et une vasque. Je n'ai pas le temps d'allumer l'eau qu'il vient déjà frapper à la porte. Je lui ouvre alors qu'il me tend des vêtements à lui.
— Il y a des serviettes propres sous le lavabo.
Je le remercie avant de refermer la porte à clé. Devant le miroir, je découvre une inconnue. Même mon propre visage ne me dit rien. Mes yeux couleurs chocolats sont en amande et je découvre mes mèches blondes avec dégoût. Mes racines noires apparaissent sur un demi centimètre, pourquoi je me suis teinte en blonde? Je n'aime pas cette couleur et trouve que cela ne me va pas, j'ai le teint halé, des yeux foncés et ce blond ne fait que rajouter un côté enfantin que je déteste.
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Who I am?
RomanceQuand je me réveille, j'ai tout oublié de ma vie, de moi. Un inconnu me tend la main. A ses côtés, je pars en quête de vérité et de réponses. Mais si celui qui me fait ressentir un sentiment de sécurité n'était finalement pas celui que je crois et p...