Who I am?

Chapitre 7

Quand je descends enfin, Skyler est dans la cuisine en train de tourner en rond. Son visage se tourne brusquement vers moi en m'entendant.

— Salut, je dis timidement avec un signe de la main.

— Prépare tes affaires, je te ramène en ville, lâche t il froidement.

Je me fige au milieu des escaliers sans comprendre. J'avais enfin décidé de lui faire confiance et voilà qu'il change de comportement sans raison apparente. 

— Qu..quoi? Mais, je comprends pas?

— Tu comprends pas? Tu comprends pas?, s'énerve t il en me rejoignant. 

Une fois face à moi, je me ratatine sur place alors qu'il me surplombe d'une bonne tête malgré la marche qui nous sépare. 

— Je ne suis ni schizophrène, ni bipolaire et ne souffre pas de trouble dissociatif de la personnalité, Dory. Alors prends tes affaires, je te ramène auprès du Shérif, lui saura comment se comporter avec toi sans passer pour un cinglé. 

Oups... j'aurais peut être dû effacer l'historique de navigation..

— Je ... je suis désolée, ce n'est pas ce que tu crois, je ...

— Ah oui? Et c'est quoi alors? Hein? Bah vas y explique toi? Pourquoi tu veux rester ici alors que je te terrorise? Pourquoi?

— Parce que je me sens bien..

J'ai dit ça sans réfléchir, c'est sorti tout seul, comme si mon cœur avait décidé d'outrepassé ma tête pour laisser libre cours à ses délires. Ma poitrine se soulève à chaque inspiration avec force alors qu'il me fixe de son regard intense, ses yeux descendant sur mes lèvres, faisant frémir ses narines avant de replonger dans les miens. 

— Tu m'emmerdes la chieuse, crache t il avant de descendre. 

Une fois seule j'arrive un peu mieux à contrôler ma respiration. Mon corps et ma tête se contredisent ce qui ne me rend pas la tâche facile mais de toute évidence ma tête n'est plus fiable pour le moment alors je dois me fier à ce que mon corps me dit, non? 

A table, face à face, Skyler ne me décroche pas un regard, pas un mot. Je prends le temps de détailler son visage. Ses mâchoires carrées sont rasées de près, ses sourcils broussailleux accentuent l'intensité de son regard, ses cheveux chocolat sont en bataille sur sa tête et ses lèvres, pleines et roses, je me surprends à me mordre la lèvre en les fixant un peu trop..

— Arrête de faire ça, tu vas me rendre dingue, gronde t il. 

Je lâche ma lèvre et me décide à tout lui dire.

— Quand tu as mis la table le premier soir, je me suis souvenue d'un homme dont je ne voyais pas le visage qui me donnait une gamelle pour chien, il m'a demandé de manger tant que j'étais vivante. Ensuite, je t'ai vu tailler cette bûche de bois, la lame m'a rappelé qu'un homme aux yeux verts m'a menacé avec une lame sur la gorge. Et puis, le clou que Raven m'a rapporté, je me suis souvenu l'avoir trouvé dans la cave dans laquelle j'étais enfermée.

— Tu as cru que c'était moi qui t'avais fait tout ça?!

— Non, pas du tout, je ... bon d'accord, peut être un peu, j'en sais rien, c'est trop bizarre. Je suis désolée, tu es adorable... enfin n'exagérons rien, disons que tu es ... passablement gentil avec moi depuis que tu m'as trouvé et c'est d'autant plus perturbant d'avoir des souvenirs d'un homme qui me fait du mal avec des yeux semblables aux tiens, tu comprends? 

— Passablement gentil? J'ai passé une heure dans le rayon fringue à choisir des tenues en devant calculer ta taille et ton poids pour trouver la bonne taille mais je suis juste "passablement gentil"?, grimace t il. Tu as déjà fait les magasins? Non, bien sur tu ne t'en souviens pas, et bien laisse moi te rappeler une chose, c'est emmerdant à mourir, ok? Alors non je ne comprends pas ton "passablement gentil", conclut il en croisant ses bras sur son torse. 

Je ne peux retenir plus longtemps mon éclat de rire faisant apparaître un sourire sur son visage ce qui me surprend presque autant que cette discussion. 

— Bon d'accord, tu es ... gentil, je grimace. 

— Mouais.. Tu as de la chance de te souvenir de ta recette de pancakes! On va retourner voir le Shérif, il faut que tu lui dises tout ça.

— Tu crois? Je ne suis même pas sûre que ce soit de vrais souvenirs, ça se trouve c'est ma tête qui déraille complétement.

— Oh ça c'est certain, se moque t il alors que je lui tire la langue. Mais il faut quand même le lui dire et puis j'ai besoin d'aller acheter quelque chose..

— Ok, j'abdique. 

— Merci de m'avoir.. raconter tout ça, marmonne t il en fixant la table.

— Merci de m'avoir sauvé la vie et de m'héberger. 

Il hoche la tête et reste silencieux par la suite. Raven sautille sur la table, bequetant les miettes que nous laissons tomber.

— T'es une poule ou un corbeau, faudrait se décider, je pouffe.

Raven ouvre grand ses ailes avant de croasser bruyamment me faisant sursauter. Il s'envole pour aller se percher un peu plus haut, me fixant de son regard perçant.

— Il a sourit quand j'ai sursauté.

— Hmm hmm, il fait la vaisselle et le linge aussi, c'est super pratique, ricane Skyler.

— Mais non, je te jure qu'il a ... oh laisse tomber, vous êtes de mèche tous les deux de toute façon.

— Boude pas Dory, il aime bien te taquiner c'est tout, me lance t il avec un clin d'œil. 

 — Oui bah s'il pouvait me taquiner avec une distance de 20 mètres minimum ça m'arrangerait.

— Ca va être compliqué puisqu'il dort avec toi toutes les nuits.

— Quoi?!!

Skyler s'éclipse en rigolant alors que je le poursuis dans le chalet pour le faire avouer son mensonge ou sa confidence. Quelle horreur, je n'arriverai jamais plus à fermer l'œil si je sais que ce poulet noirci se glisse sous mes draps, j'en frissonne rien que d'y penser.