Who I am?

Chapitre 8

Nous entamons notre 8ème journée de cohabitation. Le Shérif n'a toujours rien de concluant pour moi, mes souvenirs sont bloqués, je les sens, un peu comme si je pouvais les voir danser au travers d'un épais nuage blanc. Ils sont là, je les aperçois mais ils restent bien trop flous pour être distincts. 

Entre Skyler et moi, l'ambiance est différente. Il occupe ses journées à tailler du bois sur la terrasse, je l'observe tout en parlant, beaucoup, trop parfois mais il ne semble pas en être accommodé. En faite, sa présence m'apaise. Je suis  un peu moins perdue à ses côtés. 

En ce qui concerne Raven, lui et moi avons quelques différents.. Monsieur a décidé que l'espace entre mes deux oreillers était un nid parfaitement adapté à un volatile énorme et effrayant. J'ai beau lui faire remarquer que sa présence n'est pas souhaité, il finit toujours par réussir à virer les barrières que je mets pour se blottir près de moi. Je sais, c'est mignon, blabla, mais il fait vraiment peur avec ces billes toutes noires qui me fixent sans cesse. 

Je retourne mes pancakes quand Skyler me rejoint. 

— Je prends juste le sirop d'ér...

Son bras tendu devant moi, je tourne mon visage vers le sien bien plus près que je ne le pensais. Mes yeux dérivent vers ses lèvres, sa phrase s'étouffant avec son regard brûlant sur les miennes. Je déglutis avec difficulté alors qu'il recule brusquement.

— Je .. je vais me doucher, pendant que tu finis...

Je bats des paupières à plusieurs reprises pour reprendre contenance. Il vient de se passer quoi là? Raven se met à croasser rapidement.

— Tu es en train de te moquer de nous là?, je ronchonne. 

Quand Skyler sort de la salle de bain, il quitte le chalet en m'ignorant totalement. Je regarde Raven sans comprendre mais le volatile, inquiet pour son ami, s'envole pour le rejoindre me laissant seule avec mon incompréhension. Je déjeune en ressassant les derniers jours avant de me décider à aller lui parler. Je le trouve dans le petit atelier à l'arrière du chalet. Je sais qu'il y stock toutes ses sculptures de bois et jusqu'à présent je n'y avais jamais mis les pieds. Penché sur la table, il visse quelque chose sans me prêter attention. C'est Raven qui lui indique ma présence en croassant dans ma direction. Skyler relève la tête vers moi, ses yeux me sondant avec intensité, ses mâchoires crispées.

— Tout va bien?, je demande incertaine.

— Hmm..

— Sky.. Si j'ai fait quelque chose de..

— Tiens, me coupe t il brusquement en tendant un objet dans ma direction.

— Qu'est ce que c'est?, je demande en approchant.

Ma main récupère le petit objet en bois. Skyler a sculpté une petite Dory qu'il a accroché à un anneau pour en faire un porte clé. Mes yeux s'embuent et l'émotion m'étreint la gorge.

— Il est si moche que ça?, s'inquiète t il.

Je n'arrive même pas à lui répondre et viens m'asseoir sur ses genoux, mes bras derrière sa tête, je niche mon visage dans son cou. Il se crispe sous moi, ses mains hésitantes finissent par se poser dans mon dos. Son odeur rassurante emplit tout mon être me procurant une sensation de bien être total, un soupir d'aise m'échappe le tendant un peu plus. Il se racle la gorge en se reculant. 

— Pardon, je m'excuse en me relevant mal à l'aise. Merci beaucoup, c'est magnifique, je l'adore. 

Je passe l'anneau de métal autour de mon index, jouant avec le petit poisson en bois entre mes doigts. Je découvre alors son atelier, remplit de sculptures de toutes les tailles et formes. J'arpente la pièce de long en large, ma main effleurant le bois creusé d'un ours, puis d'un hibou ou encore d'un écureuil. 

— Tu devrais les exposer, je murmure subjuguée par la beauté de son art.

— Je le faisais avant, m'avoue t il.

Je me tourne vers lui surprise.

— Alors tu n'as pas toujours été un ermite, je rigole.

Son sourire se fane, ses yeux fixant le sol.

— Excuse moi, c'était maladroit.. 

— C'est rien. Je vis ici depuis 2 ans, avant je .. je les exposais, conclut il en se raclant la gorge, ses mains s'activant pour ranger son matériel. 

Je le regarde faire un moment.

— C'est moi qui te mets si mal à l'aise? Ou c'est parce que je suis dans ton atelier?, je finis par lui demander ne comprenant pas ses réactions.

Il se fige avant de me répondre.

— Les deux j'imagine, murmure t il.

— Je ne viendrai plus dans ce cas, je lui promets.

— Non, je .. je suis content que tu sois là.

Ses mâchoires se crispent et ses mains tremblent. Son corps m'envoie des signaux contradictoire et je ne sais qu'en penser. Je n'ai pas le temps d'approfondir mon analyse que son téléphone sonne, il fronce les sourcils avant de répondre en activant le haut parleur.

— Shérif? Du nouveau?

— Sky, non toujours pas d'information sur ton inconnue mais... j'ai reçu des vidéos du soir de l'accident..

Skyler coupe le haut parleur et s'éloigne de moi, m'empêchant d'entendre le reste de sa conversation.

— Comment ça des vidéos? On voit.. Oh.. Mais, c'est impossible, je n'étais même pas là et ... ok, je passerai tout à l'heure.  

Quand il raccroche, je tente de m'approcher de lui mais il recule en fronçant les sourcils. 

— De quel accident parlait il?

— De celui de ma femme, lâche t il froidement.

Je reste coite face à sa révélation. Il s'éloigne vers le chalet, me laissant en plan dans son atelier, mon cerveau imaginant des dizaines de scénarios différents. Quand je retourne à l'intérieur, je grimpe les escaliers menant à la mezzanine et découvre Skyler torse nu, il fouille son armoire à la recherche de quelque chose. Se sentant observé, il se redresse et mes souvenirs affluent à nouveau. 

Il s'approche de moi, tel un félin vers sa proie, son t-shirt passe au dessus de sa tête alors qu'un sourire carnassier étire ses lèvres. 

— Je vais en profiter un peu avant de te tuer, roucoule t il en détaillant mon corps. Ce serait du gâchis.. 

Je le supplie d'arrêter mais son corps se presse contre le mien, mes mains toujours attachées au vieux tuyau, je ne peux rien faire. Ses doigts s'impriment sur mes cuisses avec force alors qu'il essaie de les écarter, frottant son érection contre moi. La bile me monte à la gorge et je hurle de toutes mes forces en me débattant. Ses mâchoires carrées, ses yeux verts, ses cheveux chocolats en bataille. Je réussis tant bien que mal à récupérer le clou que je garde caché dans ma manche quand son téléphone sonne, interrompant sa perversité.