Chapitre 5

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— Tout va bien? Tu es là dedans depuis des heures.

Sa voix raisonne dans le couloir me faisant sursauter. 

— Oui, oui, je .. j'arrive.

Je finis de nettoyer la salle de bain avant de sortir. Les yeux de Skyler s'arrondissent en me voyant. 

— Tu m'en veux?, je demande inquiète.

— Euh ... non, tu ... c'est mieux, conclut il en se raclant la gorge.

Mal à l'aise il s'éclipse en détournant le regard. J'ai eue beaucoup de mal à appliquer cette teinture qui se rapproche de ma couleur naturelle sans toucher à ma plaie mais j'ai réussi et me préfère largement en brune. 

Dans la cuisine, il découpe des légumes qu'il place dans un saladier. Chacun de ses gestes est effectué avec précision, alors pourquoi je suis toujours là? Pourquoi n'a t il pas finit le travail? Il m'a enlevé pour me tuer, je me vidais de mon sang et plutôt que de s'assurer que je meurs il m'a sauvé, ramené chez lui et même au commissariat où j'aurais pu dire au Shérif que c'est lui qui a fait tout ça... j'ai du mal à le comprendre et à me comprendre.  

— Tu as besoin de quelque chose?

— Euh .. non, merci. Je peux t'aider?

— Ouais, tu peux couper les tomates?

Je hoche la tête et m'exécute sous son regard scrutateur. Est ce ma couleur qui le perturbe ou le fait que j'ai un couteau dans les mains? 

— On pourrait appeler le Shérif après?, je lui demande innocemment.

— Oui, bien sûr. 

Il sort son téléphone qu'il pose sur le plan de travail.

— Tu n'auras qu'à le prendre quand tu voudras l'appeler, le numéro du Shérif est enregistré. Le code c'est 1401.

Il continue de couper ses concombres sans inquiétude. 

— S'il y a un problème, dis le, m'invite t il en surprenant mon regard sur lui.

— Euh, non pas du tout, je marmonne en me concentrant sur mes tomates. En faite, j'ai une question...

— Demande toujours..

— C'était à qui toutes ses affaires dans le carton?

— Joker, conclut il sans plus de cérémonie.

J'ouvre la bouche mais en un regard il me fait taire. Une fois notre salade terminée, je m'éloigne dans le salon pour appeler le Shérif. Son code est bon et je trouve effectivement le numéro du Shérif à l'intérieur. Pourquoi me laisse t il faire alors que je pourrais le dénoncer à tout moment? 

— Sky? comment ça se passe?

— Bonjour, Shérif, c'est... euh... je sais pas qui c'est en faite, je soupire.

— Oh bonjour Mademoiselle, comment allez vous?

— Hmm bien merci, est ce que vous avez du nouveau?

— Les recherches avancent bien mais pour l'instant je n'ai rien. Vous avez retrouvé certains souvenirs? Le moindre petit détail pourrait m'aider, même s'il vous semble insignifiant. 

— Je .. 

Du coin de l'œil, je vois Skyler qui m'observe depuis la table de la cuisine.

— .. non aucun souvenir Shérif.

—  Dommage, n'hésitez pas à me rappeler si vous vous souvenez de quoique ce soit, même si c'est lointain, flou ou incertain.

— D'accord, merci.  

Je raccroche et ramène le téléphone à Skyler qui m'observe toujours avec cette même intensité qui me perturbe. 

— Alors?

— Rien de nouveau.

— Ca va venir. Les avis de disparitions pour les personnes majeures ne sont lancés qu'après 48 heures d'absences effectives. Je t'ai trouvé il y a à peine 24 heures, tu étais surement partie dans la matinée, donc il n'y aura rien avant demain matin au plus tôt.

— Je dois être rassurée?, je raille.

— Je te dis juste ce qu'il en est. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas encore d'avis de recherche au dessus de ta tête que personne ne s'inquiète pour toi..

— Je crois que personne ne s'est jamais inquiété pour moi de toute façon.

Skyler fronce ses sourcils sans comprendre, je hausse les épaules ne sachant pas non plus comment je le sais, je le sais c'est tout. Des larmes affluent inondant mes yeux.

— Il aurait mieux fait de m'achever, je murmure plus pour moi même.

— De qui tu parles?! On t'a fait du mal?

— Parce que tu crois que je me suis faite cette entaille toute seule?, je raille amère.

— Il y a beaucoup de rochers sur ce versant, tu aurais pu tomber su l'un d'eux, souligne t il en plissant les yeux. Mais tu es persuadée qu'on t'a frappé, n'est ce pas?

— J'en sais rien..

— Dory, gronde t il. Si tu penses avoir été agressée tu dois en parler au Shérif.

— Pourquoi faire? Il ne sait même pas qui je suis, comment pourrait il savoir qui m'a fait ça, hein?, je m'énerve en sortant du chalet. 

 Tournant en rond sur la terrasse, je fouille dans ma mémoire, arpentant la moindre image qui me revienne. Mes échanges avec Skyler sont à l'opposé des souvenirs que j'ai de lui. Peut être que je me fourvoie et que mes souvenirs se superposent à la réalité et comme il est quasiment le seul être humain avec lequel j'ai eue une interaction ses dernières 24 heures, son image se calque sur celle de l'homme qui m'a enlevé. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il est gentil ou agréable mais il prend quand même soin de moi, a pris le temps d'acheter des vêtements à ma taille et ... attendez, quand a t il acheté ses vêtements? Mon cœur s'accélère alors que Raven vient se poser sur la chaise à mes côtés. Dans son bec je vois un morceau de ferraille. Il sautille pour s'approcher doucement de moi, ne voulant pas m'effrayer, scrutant mes réactions avec attention la tête penchée sur le côté. 

— C'est pour moi?, je demande incertaine.

Il croasse avant de poser ce qui ressemble à un clou devant lui, son bec le poussant un peu plus vers moi à chaque coup.  

Mes yeux balaient la pièce sombre dans laquelle je suis enfermée depuis un temps indéterminé. Les mains attachées à un vieux tuyau, je fais claquer mes chaînes faisant bouger toute la structure métallique. Un bruit sourd se fait entendre et je découvre un clou rouillé à mes pieds. Après une manœuvre des plus délicates, j'arrive à l'attraper et le coince dans la manche de mon pull, peut être pourra t il me servir plus tard..

 

 

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